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Le pourtour méditerranéen fait son marché dans le Massif central

Première dans l’histoire des relations franco-méditerranéennes : une délégation d’éleveurs, importateurs et administratifs du Maghreb et du Mashreq en visite dans le Cantal.

Des salers étonnées de l’affluence du jour avec des visiteurs du Maroc, de Turquie, Tunisie...
Des salers étonnées de l’affluence du jour avec des visiteurs du Maroc, de Turquie, Tunisie...
© P.O.
Dix heures du matin ce 4 octobre, ciel bleu limpide sur la Planèze et une température que bien des mois de juillet cantaliens envieraient. Un bus immatriculé dans le 63 s’arrête à La Mallevieille, un petit hameau à quelques kilomètres de Valuéjols. La soixantaine de passagers qui en descend est accueillie par le dindon curieux de la famille Aurières, le gallinacé ne se doute pas que ces touristes un peu particuliers ont parcouru quelques milliers de kilomètres pour rendre visite à une autre espèce de la ferme voisine, en l’occurrence des salers. À la veille de l’ouverture de la 20e édition du Sommet de l’élevage, Interbev, avec France Agrimer, France génétique élevage et les organisateurs du Sommet ont en effet convié des délégations du Maghreb et du Mashreq(1) à des visites d’élevages allaitants cantaliens (salers, aubracs, charolais et croisés(2)) et du centre d’allotement Charrade à Neussargues. Objectif de cette première dans les annales dont la logistique a donné quelques sueurs froides à ses initiateurs : donner à voir les atouts et le potentiel de la génétique des races à viande de l’Hexagone aux représentants professionnels, acheteurs et institutionnels de pays du pourtour méditerranéen dont la consommation en viande rouge est amenée à exploser.

Essais en salers

 

“Les Marocains consommaient il y a dix ans 9 kg de viande bovine par an et par habitant, nous en sommes aujourd’hui à 13 kg et d’ici 2020, il est prévu qu’on atteigne 20 kg”, confirme M’hamed Karimine (photo A), président de l’Association marocaine des producteurs de viandes rouges, lui-même éleveur de 200 prim’holstein entre Rabat et Casablanca. Lui cherche à améliorer la rentabilité de son cheptel avec des veaux plus lourds, pour l’instant en mettant essentiellement du charolais et du bleu-blanc-belge sur ses laitières ainsi qu’un peu de gasconne, de blonde d’Aquitaine et de salers. Au sein d’une coopérative qui compte un millier d’éleveurs, il oeuvre à un projet d’intégration de la filière de l’amont à l’abattage. “On complète par de l’importation de broutards, on a besoin de maigre de qualité, c’est pourquoi on a milité auprès de notre gouvernement pour une politique d’importation plus ouverte”, explique le responsable marocain. Ainsi, si jusqu’alors seules les génisses destinées à renouveler les cheptels pouvaient entrer dans le pays qui compte un million d’éleveur pour 1,4 million de vaches reproductrices, depuis deux ans, les choses évoluent et l’activité s’organise. Sachant que le second axe de développement exploré est celui d’un croisement des races laitières locales avec de la génétique française (charolaise, limousine, blonde, gasconne et “un peu de salers”). “On va faire l’essai, annonce M. Karimine. Maintenant il faut produire plus et maîtriser le prix.”

 

Satanés visas...

 

Un prix “convenable”, c’est ce que cherche aussi Ibrahim Soudan qui entend profiter du Sommet de l’élevage pour prendre de premiers contacts. Patron de la Soudanco, une entreprise égyptienne importatrice de matières alimentaires qui dispose également d’une unité de production de fromages pour le marché local, il envisage de développer l’importation de bétail vivant. “On manque d’à peu près 400 000 tonnes de viande rouge en Égypte et il nous faut aussi accroître la quantité de lait sachant qu’aujourd’hui, on importe des animaux d’Éthiopie, du Soudan mais aussi d’Australie”, explique l’homme d’affaires, précisant que l’Europe n’est ouverte que depuis trois mois. “Nous sommes là pour essayer de comprendre pourquoi les échanges entre nos deux pays ne se font pas aussi rapidement que nous le souhaiterions” : pour Ahmed Boudjenah, directeur général de l’institut technique de l’élevage algérien, les blocages actuels ne relèvent plus de questions de certificats sanitaires mais de taxes douanières encore un peu élevées et d’une obtention de visas qui s’apparente à un véritable parcours du combattant pour les éleveurs algériens “qui veulent voir de visu les animaux mais qui n’arrivent pas à faire le déplacement”, sauf à demander, comme certains, un visa italien ou espagnol avant de pouvoir entrer en France. Dommage pour l’élevage français qui se prive ainsi de débouchés en plein essor, d’autant que du côté d’Alger se met en place une stratégie nationale pour accroître l’autosuffisance alimentaire du pays en s’appuyant sur le partenaire naturel français. À la France donc d’achever sa révolution économique et stratégique...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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