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Le PNR Aubrac souhaite lancer un second collectif de lutte contre le campagnol

Grâce aux soutiens du fonds vert de l’État et de l’agence de l’eau Adour-Garonne, le PNR Aubrac ouvre un appel à manifestation d’intérêt pour accompagner un second collectif d’agriculteurs et tester l’efficacité technique et économique d’une solution de lutte par piégeage. Les collectifs intéressés ont jusqu’au 28 avril pour déposer leur dossier de candidature.

Un campagnol tenu à bout de doigts par une main gantée.
Un campagnol dans une parcelle
© Christian Gloria

Depuis 2022, la région Occitanie finance une expérimentation de lutte coordonnée contre le campagnol terrestre. Animé par le parc de l’Aubrac et porté par la Cuma de Sainte-Geneviève-Cantoin en Aveyron, ce test suit un protocole d’action basé sur l’observation des populations de campagnols et le salariat d’un piégeur à temps plein. Au vu du succès de cette première expérimentation, le PNR Aubrac souhaite étendre ce dispositif à un second collectif. Explications avec Ugolin Bourbon-Denis, chargé de mission agro-environnement au PNR Aubrac.

Pourquoi accompagner ces expérimentations collectives ?
On sait qu’à l’échelle de la majorité des communes de l’Aubrac, le campagnol est une vraie problématique pour les exploitants. Ça met à mal à la fois la flore et la diversité des prairies et l’autonomie fourragère des fermes de moyenne montagne, qui du coup, se retrouvent les années de pullulation, avec peu de fourrage, ou de la terre dans les foins, des vaches qui ensuite consomment de la terre et peuvent tomber malades, etc. 
Le rôle du parc, de manière générale est de tester, expérimenter, innover. Avec l’accompagnement à la Cuma de Sainte-Geneviève, on était exactement dans ce dispositif, une expérimentation pour tester l’organisation collective d’agriculteurs et voir si c’était efficace à moyen terme dans la limitation de taupes et campagnols, mais aussi si c’était soutenable économiquement pour les éleveurs de s’organiser et d’avoir un salarié piégeur qui soit partagé sur plusieurs exploitations. 
Avec un an et demi de recul, le bilan est très positif. Les éleveurs sont assez unanimes et vraiment satisfaits du piégeur. Au départ, ils étaient 14 exploitants, ils ont recruté un salarié à temps plein dépendant de la Cuma, et le salarié intervient suivant les besoins et les périodes. Aujourd’hui, ils sont 19 exploitants, ils ont ajouté cinq exploitants supplémentaires puisque ça pouvait rentrer dans leur plan de charge.
Ils notent déjà une différence dans la qualité du fourrage récolté. La différence se voit particulièrement sur les taupes, puisque là, le salarié arrive bien à les piéger. Par contre sur les campagnols, on reste encore vraiment très humbles et on attend de voir parce que la pullulation des campagnols s’est terminée fin 2022-début 2023, donc on n’a pas encore suffisamment de recul pour savoir si son action de piégeage sera suffisante pour limiter les pullulations. 
Le second avantage mis en avant par les exploitants, c’est qu’aujourd’hui sur les fermes, la main-d’œuvre est une vraie problématique et la majorité des exploitants n’a pas le temps de piéger par eux-mêmes.

Comment va se dérouler la seconde expérimentation ?
Pour choisir ce second collectif, on a diffusé un appel à manifestation d’intérêt, ouvert à tous les agriculteurs qui pourraient s’organiser ou le sont déjà en collectif, pour accueillir un salarié qui fasse du piégeage, mais pas uniquement sous format Cuma. Ça peut être un groupement d’employeurs, une coopérative, etc. toutes les formes sont possibles mais il faut une structure collective qui soit en capacité d’accueillir le piégeur puis de facturer à chacun des exploitants le temps passé au piégeage.
Il faut que les exploitants viennent nous voir en tant que groupe, c’est-à-dire vraiment des exploitants qui se sont déjà rencontrés plusieurs fois, qui sont prêts à travailler dans la même direction et le même sens. C’est l’idéal si la structure collective existe déjà mais ce n’est pas un impératif.
L’accompagnement se fait sur deux volets (technique et financier), c’est la manière dont on fonctionnait avec la Cuma de Sainte-Geneviève et on fera très probablement la même chose avec le second collectif.
Cette création partait aussi, à l’origine, du constat de se dire « les produits chimiques aujourd’hui à disposition des exploitants ne sont pas forcément très efficaces et leur emploi en grande quantité n’est pas forcément souhaitable non plus », donc l’alternative de piégeage mécanique est positive mais elle a un coût assez élevé en main-d’œuvre. Donc, nous, au niveau du parc, on s’est dit qu’il fallait aller chercher des financements publics pour donner un coup de pouce au lancement de ces expérimentations.
Lutter contre le campagnol est collectif. On croit beaucoup à ce fonctionnement, parce que ça permet de lisser les coûts fixes d’un salarié, de son matériel, peut-être d’un véhicule, entre plusieurs agriculteurs. Et la lutte contre les campagnols se fait de manière collective, il faut lutter sur de grands ensembles de parcelles sinon c’est un peu un coup d’épée dans l’eau, malheureusement.

À quoi correspond le financement ?
Le financement que l’on propose, pour faire simple, court sur trois ans et l’idée c’est qu’au fur et à mesure, le collectif s’autonomise. L’enveloppe qui est proposée pour les douze premiers mois de l’expérimentation, c’est de soutenir le salaire du piégeur à hauteur de quasiment 100 %, à 2 000 euros par mois ; la deuxième année, on est à 50 % du salaire du piégeur, à peu près 1 000 euros par mois, et la troisième année, on est à 25 % du salaire du piégeur, soit aux alentours de 500 euros par mois. Et le parc ne veut pas non plus prendre la place des acteurs qui sont déjà là, avec par exemple les contrats de lutte fournis par la Fredon Occitanie ou Fredon Auvergne-Rhône-Alpes.
Si jamais plusieurs collectifs se manifestent auprès du parc, on a défini un certain nombre de critères qui nous permettront d’en choisir un.

Quelle lutte mener contre le campagnol ?
En 2022, en plein pic de pullulation, il y avait énormément de campagnols dans la majorité des endroits et peu à peu, au cours de l’année 2023, la pullulation s’est vraiment calmée et ça s’est arrêté d’ailleurs assez brusquement. Aujourd’hui, on se retrouve dans une période qu’on appelle plutôt la période de basse densité, le creux entre deux pullulations. Il y a très peu de campagnols à l’hectare. Le piégeur qui travaille actuellement pour la Cuma de Sainte-Geneviève ne piège que des taupes en ce moment, sauf ponctuellement quand il y a quelques tumuli de campagnols ; il estime qu’il y a entre zéro et cinq campagnols par hectare suivant les endroits. Mais du coup, c’est aussi important de surveiller les parcelles pour détecter au plus vite les foyers de campagnols qui redémarrent leur travail, qui recommencent à se reproduire pour pouvoir intervenir tant qu’on est en période de faible densité où l’intervention par piégeage est encore possible, parce qu’après, quand on arrive dans des densités trop importantes, au-delà de 250 campagnols par hectare, le piégeage mécanique avec une personne, on considère que c’est peine perdue. Ce n’est pas suffisamment efficace.
La lutte se fait principalement en basse densité. C’est ce que l’on avait défini en commençant à travailler avec la Cuma : au-dessus de 250 campagnols par hectare, on n’enverra pas le piégeur, ça ne sert à rien. Cette surveillance, notamment en début 2022, nous avait permis d’observer les endroits où c’était plus ou moins calme et les endroits où le piégeur pouvait intervenir.

Quelle zone de travail pour un piégeage efficace ?
Nous, ce que l’on propose, c’est un collectif entre dix et vingt exploitants. Suivant les exploitants intéressés, il faudra voir le parcellaire qui correspond le mieux pour que ce soit homogène et en évitant de laisser des trous. Il vaut mieux commencer petit et se donner l’option d’agrandir peu à peu le collectif dans une certaine limite plutôt que de commencer trop gros et que ça soit un boulet que l’on traîne pendant trop longtemps. Commencer petit, ce serait au moins une dizaine d’exploitants et quelques centaines d’hectares à un millier d’hectares, s’il y a de grandes exploitations.
Surtout, dès le départ, il faut se donner des priorités. Sinon, l’intervention du piégeage sera trop diffuse. Il faut prioriser un secteur ou des parcelles, par exemple de fauche. Il faut se donner cette souplesse. C’est aussi tout l’intérêt d’avoir un piégeur dont le travail est partagé sur différentes exploitations. C’est ce qui fait aussi, du moins en partie, la réussite du premier collectif, au moins sur les taupes.
On sait que s’il y a des parcelles ou des groupes de parcelles qui seraient isolés d’un grand site de piégeage, l’intervention sera beaucoup plus faible. Donc, ce n’est pas rédhibitoire, on sait que les exploitants ont des parcellaires morcelés mais l’idéal serait d’avoir entre cinq, dix ou quinze voisins qui puissent avoir une majorité de leur parcellaire au même endroit, et là que ce soit très dense, et ponctuellement quelques parcelles un peu plus éloignées. Mais il faut être très clair, l’intervention de piégeage sera beaucoup moins efficace sur des zones éloignées. D’ailleurs, ce ne seront pas des parcelles qui seront priorisées au lancement de l’expérimentation.

 

En pratique :

Pour en savoir plus, contacter Ugolin Bourbon-Denis au 07 57 68 48 68, ou par mail, ugolin.bourbon-denis@parc-naturel-aubrac.fr. Plus d’informations sur l’appel à manifestations sur le site du PNR Aubrac : www.parc-naturel-aubrac.fr/en-action/lutte-campagnol-terrestre.
 

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