« Le piégeage du frelon asiatique est important »
Gilles Lanio, référent frelon asiatique auprès de l'Unaf (Union nationale de l'apiculture française) est intervenu récemment en Lozère.
Sans ambages, Gilles Lanio l'affirme : « oui, contrairement à ce que l'on peut entendre ici ou là, le piégeage des frelons asiatiques est important ». Ancien président du syndicat apicole du Morbihan et de l'Unaf, apiculteur professionnel, Gilles Lanio a développé une vraie expertise sur ce prédateur des colonies européennes, notamment en utilisant la méthode empirique la plus basique : observations et suivis. Et ses conclusions sont sans appel : sans piégeage, point de salu
Recherché mort plutôt que vif : frelon asiatique
Lui qui annonce réussir à piéger, « bon an, mal an un bon millier de reines de frelons asiatiques » sur sa propriété, « avec des pièges peu sélectifs mais placés au bon moment, au bon endroit. Je vous garantis que lorsque les autres insectes voient les frelons tourner dans les pièges, ils n'ont pas vraiment envie de s'y inviter », a-t-il lancé à la cantonade pour rassurer ceux qui auraient encore des doutes sur la méthode.
Cette « espèce exotique, envahissante et nuisible » a fait son apparition en 2005 en France et dans le Sud-ouest. En quelques années, elle s'est implantée sur tout le territoire national, et s'est répandue en Europe par la même occasion.
« En Lozère, il est présent depuis plusieurs années dans les Cévennes et les vallées du Lot et du Tarn où il engendre de gros dommages dans les ruches de la fin de l'été à la fin de l'automne. Et depuis l'an dernier, il est également présent en Aubrac et en Margeride », a averti le syndicat apicole lozérien en introduction de la conférence, soulignant aussi le fait que le piégeage est l'un des seuls moyens de lutte efficace contre cette espèce exotique. « Quand on sait ce que consomme un seul nid durant toute une saison, les dégâts occasionnés aux colonies qui, attaquées, n'osent plus sortir et donc ne se nourrissent plus ni ne produisent de miel. De plus, les frelons asiatiques s'attaquent également aux fruits dans les vergers où ils percent la peau pour consommer la pulpe », a détaillé le syndicat apicole lozérien, en rappelant les griefs accumulés contre cette petite bête. Sans oublier que lorsque vers la fin de l'été, le cycle de reproduction commence, pour nourrir les larves, les frelons ont besoin de protéines. Pour cela, ils s'attaquent aux abeilles et aux autres insectes.
Faire du piégeage ciblé au printemps
« Si on reste les bras ballants, on va avoir des désagréments, ça va être terrible », avertit, pour sa part, Gilles Lanio, qui a quelques recommandations à donner aux apiculteurs désireux d'installer des pièges : « attendre la période optimale, quand il commence à faire assez chaud ». En cas de temps maussade, froid ou pluvieux, le frelon asiatique a tendance à rester caché. « Ce n'est pas parce que vous attrapez un frelon asiatique au 15 mars que la saison est entamée », avertit le référent national. 2022 a été une année particulièrement propice aux frelons, il y a eu énormément de dégâts en France et Europe. En 2021, au contraire, le temps était resté frais et humide, maussade souvent, ce qui avait entraîné un mauvais développement du frelon. Beaucoup de nids primaires avaient avorté. « En 2021, la prédation a été plus faible, donc certains ont cru que le frelon allait disparaître. Non, c'est simplement lié à la météo », détaille Gilles Lanio, qui situe la période optimale de piégeage à partir du 15 avril. Mais il ne sert à rien de la poursuivre tout au long de l'été : la reine, lorsque installée dans un nid, est « piégeable pendant un bon mois. Après, elle ne sort plus ». « Un nid peut contenir jusqu'à 20 000 individus, qui libéreront des centaines de reines à la fin de l'été », a rappelé le référent national, en guise d'avertissement. « Donc si vous piégez mille individus dans la saison, ce n'est qu'une infime partie de ce que contient un nid. Et je ne vois pas mieux que le piégeage pour limiter la progression du frelon. On ne va pas l'éradiquer, mais on peut limiter la pression », a conclu Gilles Lanio.