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Expérimentation
Le miscanthus en cours d'expérimentation à la Ferme de Chabannes

Au Monastier sur Gazeille, la Ferme de Chabannes expérimente la culture du miscanthus. Une graminée rhizomateuse pérenne au fort potentiel de développement qui pourrait compléter l'activité et le revenu des exploitations agricoles de Haute-Loire.

Fabrice Pradier dans l'une de ses parcelles de miscanthus.
Fabrice Pradier dans l'une de ses parcelles de miscanthus.
© © HLP

Si la culture du miscanthus n'est pas nouvelle en France, elle l'est davantage en Haute-Loire où une poignée d'agriculteurs lui ont fait une place pour observer son comportement sur nos terres d'altitude ; c'est le cas de la Ferme de Chabannes située dans le petit hameau de Chabannes Basses sur la commune du Monastier sur Gazeille.
Sur cette exploitation familiale de 50 ha, qui dispose d'un cheptel de 32 bovins limousins et 2 équins (race frison), l'aventure "miscanthus" a débuté avec l'installation de Fabrice Pradier au côté de sa mère Anne-Marie. Le papa René, alors fraîchement retraité de l'agriculture et à la tête d'une activité d'exploitation forestière, avait entendu parler du miscanthus, ce qui les a conduits à visiter plusieurs plantations dans la Beauce. "Les céréaliers l'avaient installé sur des espaces en friche et du fait de ses qualités comme combustible et de son renouvellement important de biomasse annuel, il était utilisé pour le fonctionnement de chaufferies municipales. Cette culture paraissait plutôt intéressante pour nous dans le cadre de la mutation de notre exploitation puisqu'elle permettait de générer des revenus avec un investissement limité en termes de travail" explique Fabrice Pradier. Et outre les vertus agronomiques couramment observées (besoins réduits en désherbage et en produits phytosanitaires, aucune fertilisation récurrente nécessaire (voir ci-dessous), les Pradier ont bien noté les nombreux débouchés possibles et en devenir pour cette culture. Récolté en sec, le miscanthus offre des usages très diversifiés : biocombustibles, paillage horticole, litières, biomatériaux (isolation, construction, industrie, emballages, etc.), bioplastiques mais également éthanol de 2e génération et chimie du végétal.


Culture aux nombreux atouts


Mais revenons sur les nombreux atouts de cette culture. Réputée pour son renouvellement annuel exceptionnel en termes de biomasse, dans la Beauce le rendement atteint entre 15 et 20 tonnes/ha/an, au Monastier, ces chiffres seraient plutôt compris entre 8 et 10 T/ha à ce jour avec un objectif de 12 T/ha pour la Ferme de Chabannes.
Le miscanthus se montre peu sensible aux adventices du fait de sa densité ; "la formation d’un mulch au sol (chute des feuilles à l’automne) empêche la prolifération des mauvaises herbes et permet donc d’éviter tout désherbage chimique ou mécanique. De plus, aucune maladie n’a été identifiée à l’exception du taupin" indique l'agriculteur.
Il ne nécessite pas de fertilisation récurrente dans les sols bien pourvus et qui ont un potentiel élevé de minéralisation. "La décomposition des feuilles du miscanthus permet un apport d'engrais naturel et ceci sans aucun travail de la part de l'agriculteur".
Il dispose par ailleurs de qualités toutes particulières dans le filtrage de l'eau, ce qui conduit la municipalité du Monastier à  porter un projet d’implantation du miscanthus dans ses zones de captage. Il présente également des vertus environnementales indiscutables grâce à la couverture permanente du sol, la réduction du ruissellement en favorisant l’infiltration de l’eau dans le sol et permet la préservation de la biodiversité.


En place pour 25 ans


Si à l'achat, le coût des plants de miscanthus reste élevé (environ 3000€/ha) en lien avec le coût du déterrage des plants très gourmand en main d'oeuvre, par la suite l'agriculteur déterre et replante une partie des rhizomes sur de nouvelles surfaces. Une fois implantée, une parcelle peut rester en place et produire jusqu'à 25 ans. Fabrice Pradier a quant à lui réalisé deux achats successifs en plantant moins d'1 ha en 2016 et 4,2 ha en 2017.
Au Monastier, la récolte se fait une fois que les sols portent, fin mars - début avril ; à cette période, les plants atteignent 2,50 m de hauteur. La récolte s'effectue au moyen d'une ensileuse qui coupe et broie les tiges sèches du miscanthus.
 

Du combustible au paillage


La filière miscanthus étant inexistante en Haute-Loire, la Ferme de Chabannes travaille depuis plusieurs années sur les débouchés pour sa production de miscanthus. L'issue première est le combustible. "Le miscanthus broyé dispose d'un très bon pouvoir calorifique (4,2 MWh/tonne contre 3,8 pour les plaquettes forestières) mais toutes les chaudières collectives ne sont pas conçues pour recevoir ce type de broyat, qui ne se comporte d'ailleurs pas comme les plaquettes". Les Pradier, père et fils, poursuivent donc la recherche-expérimentation en la matière. Ces derniers travaillent également à l'élaboration de bûches compactées de miscanthus comme combustibles pour poêle et chaudières à bois... "Il s'agit là de compacter fortement le broyat pour que le lignite contenu dans cette plante s'agglomère. D'ici deux ans, nous devrions être en mesure de produire ces bûches de miscanthus, une production à forte valeur ajoutée, dont le pouvoir calorifique est nettement supérieur aux bûches de sciure" dévoilent René et Fabrice Pradier visiblement passionnés par leurs recherches. 
Le second débouché est le paillage pour élevage bovins. "Nous avons vendu 7 semi-remorques de 90 m3 de miscanthus à une exploitation en bovins lait située dans le Brivadois ; ils s'en servent comme litière à raison d'une couche de 30 à 40 cm dans leur stabulation. Cette litière est mélangée une fois par semaine au moyen du cultivateur" explique l'agriculteur qui vend aussi de petites quantités à des maraîchers et horticulteurs comme paillage. 


Bonne adaptation du miscanthus


Après 7 années d'expérience, ces agriculteurs ont pu constater la bonne adaptation du miscanthus en altitude (l'exploitation se situe à 860 m) et à nos hivers neigeux (les feuilles tombent à l'automne) et rigoureux. "le miscanthus se montre toutefois plus sensible à la sécheresse, c'est pourquoi, il est préférable de l'installer dans des sols profonds et exposés au soleil".
Sur cette exploitation, le miscanthus permet de diversifier les activités et de compléter le revenu. "C'est aussi un bon moyen de valoriser les parcelles éloignées, puisque la culture ne nécessite pas d'intervention de matériel à l'exception de l'ensileuse lors de la récolte. Enfin, le miscanthus est une culture "écologique" pour sa captation de carbone (15 tonnes/ha)" note l’éleveur.

 

Ferme de Chabannes
SAU de 50 ha dont 9 ha de miscanthus, 2 ha de triticale d'hiver, 37 ha de prairies permanentes, 3 ha de prairies temporaires.
Parallèlement au miscanthus, les Pradier expérimentent la culture du Paulownia, un arbre doté d'une croissance extrêmement rapide (jusqu'à 2 centimètres par jour) et qui absorbe dix fois plus de dioxyde de carbone qu'un arbre classique. A suivre...

 

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