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Bovin viande
Le ministre n'a pas convaincu

Les délégués de la Fédération nationale bovine réunis en assemblée générale attendaient du ministre de l'Agriculture des réponses précises sur un certain nombre de dossiers : vaccination contre la FCO, transparence des relations commerciales, le photovoltaïque... Ils sont restés sur leur faim.

« Nous sommes à moitié rassurés. Le ministre n'a apporté que des réponses insuffisantes et incomplètes », a résumé Pascal Lerousseau, président de la section bovine de la FDSEA de la Creuse à l'issue de l'Assemblée générale de la Fédération nationale bovine (FNB) qui s'est déroulée à Angers, les 3 et 4 février. Une réelle morosité a plané durant la majeure partie de ce congrès national. Et la délégation creusoise conduite par son président Pascal Lerousseau accompagné de Pascal Josse et Bernard Moreau aura été quelque peu déçue de ce rendez-vous important pour les éleveurs. Le moins que l'on puisse dire est que le ministre Bruno Le Maire n'a pas convaincu une salle qui attendait des réponses précises sur un certain nombre de dossiers.

Certes, le ministre a annoncé que le versement du solde de la prime à la vache allaitante sera accéléré. Prévu pour la fin mars, les règlements devraient arriver sur le compte des éleveurs, un mois plus tôt, à partir de la mi-février. Autre demande sur laquelle il a tenu à dissiper les inquiétudes des délégués : le sort de la PHAE. « Les contrats PHAE 2010 et 2011 seront renouvelés dans les prochaines semaines ». Le ministre a également donné son feu vert au prolongement de la campagne de vaccination jusqu'au 30 juin (contre le 31 mars programmé initialement). Mais à la question précise de savoir si les éleveurs pourront vacciner à l'avenir, comme ils le demandaient, la réponse a été beaucoup plus ambiguë. « Je souhaite que les éleveurs soient associés à la vaccination et que leur rôle d'infirmier soit reconnu », a-t-il déclaré.

Et sous la bronca de la salle, il a refusé de procéder à toute évolution de la réglementation en matière de tests ESB, sur laquelle le président de la FNB Pierre Chevalier avait insisté. « Il est trop tôt pour alléger les tests de dépistage. Ce serait une erreur », a-t-il indiqué, par rapport au ressenti des consommateurs.

Consensus sur les intentions

Pour le reste, il n'en demeure pas moins que les perspectives de la réforme de la PAC et des négociations de l’OMC risquent bien d'entamer un peu plus encore ce secteur d'activité en difficulté depuis plusieurs années. Sur ces sujets, le ministre s'est voulu rassurant, s'engageant à prôner un modèle européen, plus coûteux peut-être, mais qui garantisse l'indépendance alimentaire, sanitaire et la sécurité environnementale. Si Bruno Le Maire est apparu en phase avec les principales revendications des éleveurs, il a défendu la nécessité de réguler les marchés avec la signature de l'Appel de Paris, qui refuse toutes nouvelles concessions à l'OMC : « On est allé à l'extrême limite des concessions acceptables », a-t-il souligné. D'où la nécessité de ne pas en rajouter en matière de contraintes environnementales et de bien-être animal pour ne pas aggraver les distorsions de concurrence.

De même il s'est prononcé en faveur de la mise en place de contrats type filière, comme le propose la FNB. « Je vous accompagnerai dans votre démarche de contractualisation », a-t-il déclaré. Avec mention des prix et des volumes pour sécuriser le revenu des éleveurs et mise en place de contrats écrits « sous le contrôle de la puissance publique ». Selon la FNB, « nous avons un projet structurant pour que l'ensemble des partenaires de la filière bovine retrouve des prix rémunérateurs. Un projet qui donne à tous des perspectives économiques durables et qui répond aux grands enjeux écologiques et sociétaux. C'est le seul moyen dans cette situation dramatique que connaît la viande bovine ». Pour autant, le président de la FNB n'a pas manqué de rappeler la nécessaire transparence des marges. Ce que le ministre de l'Agriculture a également reconnu en annonçant un renforcement de l'observatoire des prix et des marges dont les travaux ont démarré sur la viande bovine et qui « bénéficiera d'un cadre législatif » dans le cadre de la prochaine loi de modernisation agricole.

Un observatoire qui ne fonctionne pas

Un observatoire de la formation des prix et des marges qui vient tout juste de démarrer en viande bovine et qui pourtant rencontre déjà des freins. En effet, il « manque à celui-ci des données sur les prix Sortie industrie », a expliqué Philippe Boyer, directeur adjoint des « Marchés, études et prospective » à France AgriMer et pilote technique de l'Observatoire. « Je mentirais si je disais que ça va se faire facilement, ça va être dur. Ce qu'on ne sait pas, c'est ce qui se passe par produits. » Face à ce constat d'impuissance, les éleveurs ne comprennent pas où se situe le blocage. « Nous avons besoin de savoir comment se répartissent les marges. Nous sommes les oubliés de l'Observatoire. La transparence est un sujet tabou », déplore Dominique Daul, responsable élevage de la FDSEA du Bas-Rhin. Face à ces remarques, Philippe Boyer a tenté d'expliquer : « L'arsenal législatif actuel est insuffisant. On n'est pas en URSS, l'Etat ne peut pas mettre son nez comme ça dans les comptabilités des entreprises. La LMAP devrait instaurer des enquêtes obligatoires soumises au secret statistique, mais il faut aussi une volonté professionnelle en plus de la coercition. Il faut que les entreprises consentent à communiquer leurs données. » Une explication qui ne satisfaisait quasiment personne. « France AgriMer ne peut pas faire son travail, regrette Jean-Pierre Fleury, vice-président de la FNB. Le pouvoir politique se retranche derrière l'Observatoire pour qu'on ait un os à ronger mais l'administration est dans l'incapacité d'avancer. » Garantie aussi d'une Loi de modernisation qui renforce le rôle des interprofessions afin qu'elles puissent dégager des indicateurs de marché, sans encourir pour cela les foudres de Bruxelles dont la réglementation en matière de concurrence doit évoluer - le ministre s'est engagé dans cette voie auprès de Dacian Ciolos, le commissaire européen.

Mais au-delà des déclarations d'intention, les délégués sont restés sur leur faim quand ils attendaient des engagements précis sur un certain nombre de dossiers. Ainsi le ministre a semblé se dérober en renvoyant à des groupes de travail, à des nouvelles réunions… les réponses à un certain nombre de questions. Comme la remise en cause de l'engagement de l'Etat sur les tarifs du photovoltaïque, la révision des critères d'accès aux indemnités compensatrices de handicaps qui sera certainement lourde de conséquence ou la révision des cotations. Pierre Chevalier avait lourdement insisté sur ce dossier et la transparence des relations commerciales (pesée, classement, machine à classer) en demandant au ministre de « siffler la fin de la partie ».

La FNB dresse le bilan de l’année 2009

« L'élevage bovin-viande continue de traverser l'une de ses périodes économiques les plus critiques », tel est le bilan de l'année 2009 dressé par la FNB (Fédération nationale bovine). Le syndicat rappelle tout d'abord la « crise du revenu » qui touche les éleveurs depuis déjà trois ans. Il conteste d'ailleurs les évaluations des Comptes de l'agriculture annonçant que le revenu des éleveurs bovins-viande a augmenté de 17 % en 2009. Une véritable « provocation » estime la FNB. Principale cause des difficultés de revenus, selon la FNB : la hausse des charges. Après deux années de forte augmentation, l'Ipampa (indice des prix d'achat des moyens de production agricole) baisse de 4,5 % en 2009 par rapport à 2008, selon les chiffres de l'Institut de l'élevage (1).

Néanmoins cette baisse ne parvient pas à revenir au niveau des prix de 2006. A cela, la FNB ajoute la baisse des cours en 2009 : le PMP (Prix moyen pondéré) serait en réduction de 5 % par rapport à 2008. Le syndicat dénonce à ce propos la pression à la baisse entretenue par l'aval de la filière sur le prix producteur. Enfin, la FNB rappelle les impacts économiques négatifs de la FCO (Fièvre catarrhale ovine) sur la production, entraînant au premier semestre 2009, une baisse de naissances de veaux de 10,5 %. Selon l'économiste Jean-Claude Guesdon, il n'y aura pas d'effondrement de la production de viande bovine en 2010 mais la poursuite d'un lent déclin assorti d'une hausse du déficit français et européen.

(1) Vient de paraître : 2009, L'année économique viande bovine. Perspectives 2010. Institut de l'élevage.

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