Le ministre de l’Agriculture suscite l’espoir à Cournon
Michel Barnier a donné des signaux forts aux éleveurs quant à la volonté de la France de revisiter la Pac. Il a également confirmé la préparation d’un plan d’urgence.
La même dignité, les mêmes espoirs et les mêmes attentes aussi. Quinze jours après le rassemblement de Clermont-Ferrand, les éleveurs ont accueilli leur ministre vendredi au Sommet de l’élevage sans le moindre dérapage, en dépits des coups durs qui s’accumulent. Plus que jamais attendu sur des mesures concrètes, Michel Barnier a semble-t-il su trouver les mots et le ton pour rassurer un amphithéâtre bondé de responsables professionnels et d’éleveurs, malgré l’absence d’un plan de sauvetage immédiat et le maintien en l’état du dispositif encadrant les mouvements d’animaux en zone réglementée FCO. “J’aurais pu être avec vous à Clermont-Ferrand”, a lancé en introduction le ministre savoyard, reconnaissant par là même les difficultés de l’élevage qui ont conduit 20 000 paysans du grand Massif central à descendre dans la rue. Privilégiant un discours de vérité, Michel Barnier a souhaité aborder de front, “les yeux dans les yeux et franchement”, les trois dossiers centraux sur lesquels les représentants FRSEA et JA du Massif central l’ont interpellé lors des rencontres qui ont suivi la manifestation du 16 septembre.
Un engagement fort
À commencer par le plus brûlant sans doute : la fièvre catarrhale ovine. Avec une première annonce : le déblocage de 30 millions d’euros pour les éleveurs touchés par l’épizootie, qui viendront s’ajouter aux 168 millions déjà engagés depuis l’apparition de la maladie. Des crédits salués par la profession mais qui ne résolvent pas selon elle la situation des producteurs de maigre dans l’impossibilité de maintenir leurs broutards sur les exploitations (voir ci-dessous). Deuxième priorité du ministre : “Rendre de la trésorerie aux éleveurs qui ne pourront attendre la réforme de la Pac.” Avec une échéance : la conférence des revenus prévue début novembre. Le délai nécessaire pour finaliser avec les banques et la MSA des mesures d’allègement ou de report des charges financières et sociales. Quant au plus long terme, le ministre a pour la première fois clairement affiché le cap de la France dans la “toute dernière ligne droite”, celle du bilan de santé de la Pac : “Soutenir les systèmes de production à l’herbe dans le premier pilier de la Pac, sans entrer dans des mesures agro-environnementales, conserver la production ovine via un soutien spécifique, mettre en place un fonds d’indemnisation sanitaire et ancrer davantage les bassins de production aux territoires”, via les signes de qualité notamment. “Le débat sera difficile, a présagé Michel Barnier, mais j’assumerai prestement cette réorientation”. Et d’ajouter : “J’aurais besoin de vous”. L’appel du 16 septembre a, à l’évidence, lui aussi été entendu, celui du ministre n’a pas échappé aux éleveurs du Massif central.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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