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Céréales
Le maïs au cœur des enjeux géopolitiques

Lors de l'assemblée générale de l'AGPM à Clermont-Ferrand, les producteurs de maïs ont témoigné leurs craintes quant à l'avenir de la compétitivité de la production française. 

Le maïs décarbonera l’agriculture française et même la France ! Les producteurs de l’Assemblée générale des producteurs de maïs (AGPM) en sont persuadés. Mais encore faut-il leur donner les moyens « on veut nous mettre dans le corner alors que nous devrions être face au but » a ainsi imagé le président Franck Laborde, en faisant référence notamment aux interdictions en cascade de produits phyto (lire page 15). Des produits suspendus selon son secrétaire général Jean-Marc Schwartz, « sans rechercher de solutions alternatives au préalable, alors que l'inverse serait bien plus productif et éviterait les impasses ». À l'heure où la souveraineté alimentaire est hissée comme une grande cause nationale, les maïsiculteurs ne savent plus à quel saint se vouer. D'un côté, les exigences franco-françaises s'additionnent aux européennes conditionnant la production dans un carcan de normes. Tandis qu'en parallèle, l'Europe envisage d'ouvrir ses frontières aux céréales argentines et brésiliennes. Le maïs français aurait pourtant tout intérêt à maintenir sa production. « Cette céréale est à l'épicentre de la géopolitique » assure Sébastien Abis, directeur du club Demeter et chercheur associé à l'IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) venu éclairer la situation.


L’alimentation : l’avenir sécuritaire du monde 

« Notre société était jusqu’alors bercée dans le confort. Nous sortons de cette ère, sous l’effet du changement climatique, des conflits, des pandémies... C’est un achèvement brutal. De ce fait, les gens redécouvrent les sujets agricoles parce qu’ils s’inquiètent.» Sébastien Abis décortique devant des producteurs attentifs, la pensée collective actuelle, du moins celle de l’occident. Dans ce 21ème siècle trois piliers régissent les besoins de la population mondiale : la sécurité, la soutenabilité et la santé. Sur le plan sécuritaire, si une partie de la population mondiale n’a jamais pu goûter de ce pain-là, une autre s’en repait depuis la fin de la seconde guerre mondiale. « Cette partie du monde va sortir petit à petit de son confort. » Entre pic démographique et changement climatique: « l’épreuve alimentaire est devant nous » prédit le chercheur avant d’ajouter « rien ne garantit que nous produirons demain autant qu’aujourd’hui en raison du climat ». Par son propos, il rassure les maïsiculteurs. « Nous allons devoir hyper-intensifier l’agriculture pour à la fois nourrir la population mondiale et, dans le même temps, réparer la planète ». Un vaste programme en perspective avec son lot de haut et de bas. Toutefois, rien d’impossible, si l’on en croit Sébastien Abis, à condition que l’Europe se pose les bonnes questions dès maintenant. D’ici 2050, le continent comptera 500 millions d’habitants « peut-être un milliard, qui sait, si certaines parties du monde deviennent invivables ». Le chercheur questionne : « doit-on préparer une Europe sécuritaire ? ou grisonnante, à la retraite, muséifiée jusque dans ses campagnes ? »

Et le maïs dans tout ça ? Le maïs est encore aujourd’hui la première céréale échangée dans le monde, avec le soja. Elle a son top 4 de pays producteurs avec en tête le Brésil qui « se destine à devenir la ferme du monde en déforestant l’Amazonie » et la Chine malgré « ce qu’elle dit et ne dit pas de ses volumes de productions et ses stocks ». Le maïs promet également demain de devenir la céréale de l’Ukraine, en raison de la géographie de production. « Le maïs est au centre des enjeux géopolitiques et cela dépasse le sujet agricole. » Sébastien Abis appelle les producteurs à avoir confiance. « L’inflation alimentaire est une très bonne chose parce qu’elle redonne du sens et de la valeur. »

Lire aussi : Irrigation : « Sans eau, on ne produit rien »

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