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Le loup a-t-il sévi à Joursac ?

Deux attaques en cinq jours sur un troupeau ovin à Joursac font planer de sérieux doutes sur la présence du loup.

Jérôme Planchot, un producteur d'agneau label rouge et ses quelque 400 brebis, symbole d'un pastoralisme à défendre.
Jérôme Planchot, un producteur d'agneau label rouge et ses quelque 400 brebis, symbole d'un pastoralisme à défendre.
© C.Fournier

Les troupeaux ovins ont été attaqués ces derniers temps dans l'Est Cantal. Après Oradour et Espinasse, deux attaques ont eu lieu samedi puis jeudi à Joursac. La signature du loup ?Jérôme Panchot, éleveur de brebis à Chastel-sur-Murat : "Même s'il faut être prudent avant d'attribuer définitivement ces attaques au loup, il y a aujourd'hui une très forte probabilité qu'à Joursac ce soit l'oeuvre d'un loup adulte, solitaire, qui tue pour se nourrir. Le "mode opératoire", avec deux brebis attaquées à la gorge et dont l'épaule et les côtes ont été mangées, est caractéristique du loup. C'est pourquoi nous allons demander très rapidement une rencontre avec le préfet.Ce qui est sûr, c'est que, si rien n'est fait et de la façon dont il progresse, le loup s'installera dans le Cantal et la constitution de meutes n'est une question que de deux à trois ans. On sait qu'en Lozère, il est arrivé depuis trois à quatre ans. Il y a des meutes, des attaques chaque année et des éleveurs en ont même arrêté leur production ovine... En Haute Loire, une attaque a été certifiée. L'intensification des attaques, ça nous pend au nez avec un loup qui va continuer de coloniser car la population des loups s'accroît de 20 % par an... Le loup est en tout cas incompatible avec l'élevage pastoral or, il est protégé et il s'adapte..."


Comment ?


J. P. : "Dans la Meuse, les loups se sont mis sur deux à trois troupeaux qu'ils utilisent comme des consommateurs, une sorte de garde-manger qu'ils visitent régulièrement, toutes les semaines. Je suis aussi allé à la manifestation à Paris et j'ai discuté avec des éleveurs : l'un m'a dit qu'il avait installé son 4x4 au milieu de son troupeau  et  qu'au  matin,  il y avait malgré tout plusieurs brebis saignées. Certains éleveurs se sont même trouvés nez à nez avec le loup qui tuait les agneaux. Il est donc faux de dire que le loup n'approche pas l'homme. Il attaque la nuit, mais aussi le jour et en présence de l'homme."


Avez-vous obtenu des avancées à l'issue de cette manifestation ?


J. P. : "Nous avons obtenu de Stéphane Le Foll qu'il organise une réunion avec ses homologues de l'Écologie et de l'Intérieur et qu'il réunisse l'ensemble des préfets concernés par le Plan loup. Le but est de pouvoir l'appliquer avec efficacité, battues à l'appui, et de trouver le nombre autorisés d'animaux prédateurs. C'est mieux que rien mais ce n'est pas suffisant. Nous avons manifesté pour obtenir au moins la légitimité morale de pouvoir nous défendre. C'est aussi une question vitale économiquement. La production ovine est déjà très menacée et si certaines mesures ont aidé à son maintien, elle reste très fragile."


Le Plan loup est donc insuffisant ?


J. P. : "Ce plan passe d'abord par l'effarouchement et permet ensuite de tuer une vingtaine de loups. Mais c'est de la théorie car, sur telle commune d'un même département c'est autorisé et non sur telle autre. Sachant que le loup se moque bien des barrières administratives, cela devient un casse-tête."


Que faut-il faire selon vous ?


J. P. : "Annuler la convention de Berne qui protège cet animal. Ou alors, qu'au moins nous ayons le droit de nous défendre et de tuer les prédateurs en cas d'attaque du troupeau. Il faut qu'il ait peur de l'homme mais tant que  l'animal ne  se  sent  pasmenacé... Quand cette convention a été établie, il n'y avait pas de loup en France. Il n'en restait qu'en Italie. Aujourd'hui le loup n'est aucunement menacé sur la Planète ! Or il n'est même pas certain que là où il est installé, on puisse le faire partir. Car là où il avait dans le  temps 30 à 40 personnes sur un territoire comme ici, il n'y a que deux ou trois maisons... Qui ira chercher le loup dans les ravins inaccessibles où même les chasseurs ne vont pas ?"


Vous avez l'impression d'être compris du grand public ?


J. P. : "Je trouve que c'est assez curieux de défendre le loup... On devrait au contraire nous défendre. Nous devrions plaire aux défenseurs du loup avec notre agriculture extensive. Mais veut-on encore des agriculteurs ? Une grosse partie de la population ne se rend pas compte de cela et il faut arriver à leur faire comprendre que nous sommes les vrais écologistes et que, si on dit que l'on ne peut pas fonctionner avec le loup, qui n'est pas, je le répète, une espèce menacée, c'est vrai !"


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