Début d’après-midi, ce vendredi dans une salle de classe du lycée Cortat, plus qu’une poignée d’heures de cours avant la sonnerie libératrice des vacances de Pâques. Allongé sur son coussin dans l’allée de la pièce, Urda a déjà sombré dans un profond sommeil, totalement indifférent aux consignes de Mme Douarre tout comme à sa mise en avant sur les flyers que les élèves sont en train de concevoir sur leur ordinateur. Exercice du jour pour ces lycéens en 2nde MRC(1) : réaliser un visuel promotionnel qu’ils distribueront prochainement dans les rues d’Aurillac pour faire connaître l’association Handi’chiens et inciter aux dons en sa faveur. Urda, un golden de 2 ans, est la mascotte toute désignée pour cette opération de “street marketing”, une mise en situation pédagogique pour ces élèves qui se destinent aux métiers de la vente et du commerce. 

Chien aux 35 heures

Mais au lycée Raymond-Cortat d’Aurillac, Urda n’est pas là pour faire de la figuration : ce chien d’assistance à la vie scolaire a son propre emploi du temps réparti sur 35 heures et une mission que sa référente et famille, Hélène Douarre, développe : avant tout apaiser la classe, les élèves potentiellement stressés ou angoissés de venir en cours. Son regard doux, les câlins qu’il reçoit avec bienveillance... apportent un réconfort immédiat. “La semaine dernière, j’ai fait passer des oraux de bac, les élèves ont été rassurés de savoir qu’Urda serait là”, confie l’enseignante. Ce camarade à quatre pattes a un autre don, incomparable : “Ça nous motive à venir en cours, surtout quand on a de longues après-midis, témoignent Adrien et Mathys. Quand il n’est pas là, ça nous fait bizarre.”

Apaisement

Du vague à l’âme, une fatigue physique ou morale, “ça fait du bien qu’Urda soit là, il est doux, amical, super calme, adorable... et il dort beaucoup !”, sourit Zeynav, qui, comme ses camarades, n’imagine plus une scolarité sans ce chien, même s’il n’est présent dans sa classe qu’à raison de quatre heures hebdomadaires. 
Celui qui a fait sa rentrée en novembre dernier, contribue également à créer des liens entre élèves, explique Hélène Douarre, “il aide des élèves un peu en retrait à sortir de leur réserve et à être davantage intégrés”. Véritable éponge émotionnelle, et à l’image d’un doudou, Urda fait office de confident pour ces adolescents parfois enfermés dans leur mal-être. “Il favorise la libération de la parole et la verbalisation de difficultés, par exemple pour des élèves qui subissent du harcèlement ou qui en ont été victimes et qui gardent une fragilité, c’est un vrai réconfort”, poursuit sa référente. Il peut ainsi être amené à rejoindre un élève dans le sas de décompression que constitue la salle de bien-être.

À l’internat aussi

Et deux soirs par semaine, Urda est confié à Thomas, son référent internat. Un autre pan de la fiche de poste du chien : apaiser les soirées et les nuits des internes. “Ça permet de régler quelques crises d’angoisse beaucoup plus rapidement qu’on ne le ferait autrement”, assure le proviseur François Defrance. Enzo, interne, confirme, lui qui apprécie qu’Urda passe une partie de la soirée dans sa chambre avant l’extinction des feux.
Le golden s’avère par ailleurs un précieux atout pour l’apprentissage d’élèves de classes Ulis présentant des troubles autistiques. 
Et bientôt, il pourrait participer à donner une coloration au bac pro SSP, soins et services à la personne, proposé par l’établissement, en ajoutant cette fibre “médiation animale” au diplôme. Sans attendre, il est déjà prévu que des élèves de Bac pro animation animent un atelier de médiation animale auprès des résidents de l’Éhpad Saint-Joseph, accompagnés d’Urda. Décidément, un sacré toutou !

(1) Métiers relation clients.