Le foncier toujours en baisse en Nouvelle-Aquitaine
Les marchés fonciers ruraux en Nouvelle-Aquitaine continuent de chuter en 2024. Une chute précipitée par les difficultés dans les secteurs viticoles et forestiers.
Les marchés fonciers ruraux en Nouvelle-Aquitaine continuent de chuter en 2024. Une chute précipitée par les difficultés dans les secteurs viticoles et forestiers.

Les marchés de la vigne et la forêt en net recul
Les marchés fonciers néoaquitains reculent encore en 2024 tout comme l’an passé (-6 % de ventes et -11 % en valeur). Un recul à nuancer toutefois car on est aujourd’hui revenu au niveau de 2019 avant l’envolée causée par la Covid19. Lors de son assemblée générale du 19 juin, la SAFER Nouvelle-Aquitaine a fait le point sur les différents segments de ces marchés. Au niveau des marchés agricoles, c’est le marché des vignes qui tire l’ensemble à la baisse alors que le marché des terres et prés se maintient, spécialement dans le nord de la région. Le prix moyen des terres est quant à lui en légère hausse. En 2024, le marché des vignes subit un recul de 3 % en nombre de ventes, de 14 % des surfaces mises sur le marché et de 39 % en valeur. « Des terres qui valaient 25 000 € l’hectare il y a quelques années sont aujourd’hui autour de 8 000 € », indique le directeur de la SAFERNA. Une situation liée à la crise viticole qui déborde du Bordelais pour atteindre aujourd’hui le cognac et génère un fort attentisme. Le marché forestier, atone, chute également avec peu de biens à vendre : -4 % en nombre et -10 % en surface. Le marché des maisons à la campagne se stabiliser après deux années de forte baisse et revient à son niveau d’avant COVID19. Conséquence des politiques mises en place ces dernières années, le marché destiné à l’urbanisation chute d’environ 30 % que ce soit en nombre de ventes, surface ou valeur. Concernant le marché sociétaire pour lequel les opérations doivent désormais être déclarées (Loi Sempastous), le nombre de déclarations reçues recule de -8 %, contrairement au marché national. Les principales opérations sont réalisées en Charente, Charente-Maritime, Gironde et Deux-Sèvres et portent fréquemment sur des surfaces viticoles. 112 déclarations ont été soumises au contrôle administratif en 2024 et des mesures compensatoires ont été demandées dans sept dossiers, principalement pour des exploitations de plus de 500 ha.
Un nouveau président du Comité Technique Départemental de la Safer Creuse.
Régulation du marché foncier et installation
En 2024, 3 371 candidatures ont été examinées par la SAFERNA et 2 207 attributions ont été réalisées, majoritairement pour les lots inférieurs à 10 ha. 341 nouveaux installés se sont vus attribuer 5 676 hectares et 125 jeunes agriculteurs ont pu bénéficier du portage foncier proposé pour une surface de 2 998 ha. 79 jeunes agriculteurs ont également été accompagnés par FASCINA, le fonds d’aide de la SAFERNA. 10 069 hectares ont été attribués à la consolidation et/ou restructuration d'exploitations et 2 498 ha pour des projets agroécologiques. Au niveau forestier, ce sont 1 248 hectares qui ont été attribués. La SAFERNA stocke également des surfaces pour des projets d'aménagement (770 ha) et a attribué 3 671 ha à des porteurs de projet à caractère environnemental. 626 ha sont par ailleurs stockés pour la protection de sites à fort enjeu et 528 ha pour la qualité de l’eau.
Concilier des usages parfois concurrents
La table ronde qui a suivi l’assemblée générale posait une question simple : comment concilier les usages multiples et parfois concurrents du foncier ? Avant d’y répondre, un état des lieux* a permis de faire un point de situation. À l’heure actuelle, 50,4 % des sols sont des sols agricoles contre 54,8 % en 1982. Dans le même temps les sols artificialisés sont passés de 5,7 % du total à 9,5 %. L’artificialisation, bien que décroissante depuis 2021, se poursuit en lien avec l’augmentation de la population, des résidences secondaires et la dispersion de l’habitat. En 40 ans, elle a ainsi progressé de 66 %. Non observée jusqu’à aujourd’hui, la consommation masquée vient s’ajouter à l’artificialisation. Par consommation masquée, on entend l’achat de terres agricoles sans usage agricole pour anticiper par exemple de futures constructions dans le voisinage. Celle-ci, croissante, atteindrait plus de 27 000 ha en France en 2023 et la Nouvelle-Aquitaine est la première région concernée. L’enjeu est important et les participants à la table ronde s’accordent sur la nécessité pour la SAFERNA d’intervenir plus souvent sur des ventes avec bâtis et de renforcer ses prérogatives en permettant la préemption partielle (proposition de loi de Peio Dufau).
L'artificialisation des terres en France
* enquête Teruti – ministère de l’agriculture