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« Le foncier est un moyen de production de l’exploitation » : le sécuriser, un atout

Le Gaec des Yeux bleus, nouvellement constitué avec l’arrivée de Paul Bessière, le petit frère, sur l’exploitation familiale au Gibertès, a été l’occasion pour les deux frères, Rémi et Paul, de réfléchir à leur organisation de travail et aux outils à utiliser pour sécuriser et pérenniser leur exploitation.

Paul et Rémi Bessières, ainsi que leurs jeunes frères
Paul et Rémi Bessières, ainsi que leurs jeunes frères
© Marion Ghibaudo

Des statuts juridiques importants

Pour Rémi Bessière, à sa reprise de la ferme en 2020, à la suite de son papa, une chose était claire : il voulait passer sa ferme d’une exploitation allaitante à une laitière. Avec un objectif dès le départ : travailler pour la coopérative Jeune montagne, et ses valeurs qu’il partage. Il a d’ailleurs décidé de s’investir autant que possible au sein de la coopérative et est depuis devenu administrateur. Tout en étant aussi le président du syndicat lozérien des Simmental.
En 2025, autre changement, qui concerne l’exploitation, cette fois : l’arrivée de Paul Bessières, son jeune frère, sur la ferme. Une arrivée qui a rebattu les cartes et permis aux deux associés de réfléchir aux statuts juridiques à adopter. Ils se sont, pour cela, entourés de leur notaire, de leur comptable et du chargé d’affaires agriculture du Crédit agricole, Robin Chazaly. 
2025 est donc aussi l’année de la création du Gaec des yeux bleus, et d’investissement dans de nouveaux bâtiments. Tout en augmentant progressivement le troupeau laitier à 45 têtes. Aujourd’hui, ils gèrent 32 Simmental. « On est en train de rénover une première partie du bâtiment, qui s’est faite dès mon installation. Et là, on est dans la seconde partie de rénovation, plus la construction d’un hangar de stockage avec du photovoltaïque sur le toit », détaille Rémi Bessière. 
Chaque partie ayant sa société dédiée : une SAS pour le photovoltaïque, un GFA pour le foncier et le Gaec pour la partie purement agricole. « C’est un vrai mille-feuille administratif », s’amuse Rémi Bessière, mais un mille-feuille qui permet de sécuriser et pérenniser l’exploitation. Tout en équilibrant les sociétés : « Le Gaec va payer un loyer au GFA pour le foncier et une partie du bâtiment existant, Le Gaec va payer un loyer à la SAS pour le bâtiment. Et la SAS va payer un loyer au GFA pour la location de la toiture des bâtiments existants ». Cette organisation vise tout autant à sécuriser le foncier pour les générations futures, à éviter les conflits potentiels entre frères, et à garantir que le foncier reste un moyen de production pour l’exploitation et non un moyen de rémunération pour les retraités. « Pour moi, note Rémi, le foncier doit être disponible pour les exploitants ».

Stabiliser l’exploitation

Sur l’exploitation, Rémi Bessière s’occupe principalement de la gestion des animaux et de l’administration, tandis que son frère gère la mécanique et la programmation des chantiers. « Mais, on sait aussi se partager les tâches quotidiennes, et se remplacer mutuellement au besoin », soulignent les deux frères. « On sait tous les deux traire, par exemple ».
Les frères expliquent qu’ils travaillent à améliorer leurs terres, et notamment la fertilité des sols. Ils réalisent des analyses de terre détaillées et adaptent la fertilisation en fonction des résultats. Leur objectif est d’optimiser le potentiel productif de leurs sols plutôt que d’acquérir toujours plus de surface. Ils cultivent principalement du fourrage pour assurer l’autonomie alimentaire de leur troupeau. En hiver, ces dernières reçoivent du foin, complété par de la farine de blé et de maïs. En été, les vaches sont au pâturage à 100 %, avec une complémentation si nécessaire. Elles sortent début avril et rentrent mi-octobre. Ils préfèrent ne pas faire pâturer en automne et préserver les sols.
Travaillant sur 150 hectares, dont 46 appartiennent au GFA, ils espèrent peu à peu sécuriser les hectares pour ne pas devoir changer leurs manières de travailler, dans le futur, à la moindre secousse. Après plusieurs années de sacrifices financiers pour développer l’exploitation, la priorité actuelle de Rémi et Paul est désormais de pouvoir se verser un salaire et trouver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Pour les deux jeunes éleveurs, passionnés par le lait pour la rigueur et la technicité quotidienne que cela demande, l’objectif est désormais de récupérer les premiers retours sur investissements de leur travail acharné, au côté de leur famille, ces dernières années.
 

 

Juridique


L’accompagnement du Crédit agricole pour soutenir les projets agricoles


Robin Chazaly, chargé d’affaires agricultures au Crédit agricole de Lozère suit, depuis le début, l’installation de Rémi Bessières, puis désormais de son frère Paul au sein du Gaec des yeux bleus au Gibertès.
« On a d’abord installé Rémi Bessières en tant qu’agriculteur individuel en 2020. Il a repris l’exploitation sous statut d’agriculteur individuel. Avec l’installation de Paul en 2025, la structure a donc dû évoluer en Gaec. En parallèle, ont été créé un GFA (groupement foncier agricole) pour gérer le foncier familial et une SAS pour l’activité photovoltaïque. Cette structure permet d’optimiser la gestion de l’exploitation et la transmission future. Le GFA donne un cadre juridique à la propriété foncière familiale, tandis que la SAS permet de gérer séparément l’activité photovoltaïque avec ses spécificités fiscales », détaille le chargé d’affaires.
Des outils sur lesquels se sont penchés Rémi, son frère Paul, leur conseiller bancaire, leur notaire, leur comptable depuis plus d’un an pour s’assurer que tout soit clairement délimité. « C’est une nécessité de bien préparer sa transmission agricole en impliquant notaire, comptable et banquier dès le début du processus », souligne Robin Chazaly. « Il est très important de préparer sa transmission agricole en amont, en impliquant trois interlocuteurs clés : le notaire pour le foncier, le comptable pour la structure des sociétés et la fiscalité, et le banquier pour le financement. Les agriculteurs ont souvent un capital important mais ne préparent pas suffisamment leur transmission, ce qui peut entraîner des droits de succession très élevés ».
Des outils pour optimiser sa transmission
« Le GFA est un beau moyen de transmission au sens où il permet d’organiser la gestion du patrimoine foncier sans partage des biens. Ceci peut être intéressant quand on a des parents qui souhaitent transmettre des terres, mais qui ne connaissent pas encore les termes d’un arrangement à venir. Les associés détiennent alors des parts d’une société mais le foncier conserve une certaine unité, parfois recherchée par nos clients. 
Il peut être complété par un bail à long terme, qui en plus de sécuriser le preneur permet au bailleur de bénéficier d’un cadre fiscal avantageux. En effet si un bien est loué par bail rural à long terme lors de la transmission, un abattement important peut être pratiqué sur la valeur du bien. Cette exonération s’appliquant si le bail a été consenti depuis plus de deux ans, c’est donc un premier pas intéressant pour commencer à anticiper un arrangement de famille futur. Sur le volet des liquidités, l’assurance vie reste aussi une solution incontournable.
Mais pour pouvoir profiter de ces outils dans de bonnes conditions, rappelle Robin Chazaly, il ne faut pas hésiter à prendre rendez-vous les interlocuteurs usuels pour poser toutes les questions possibles :
« L’installation et la transmission sont des moments où il faut faire le point avec les acteurs clés qui connaissent bien nos structures agricoles, que ce soit comptable, chargé d’affaires, notaire. C’est important de prendre du temps pour se consacrer au sujet de la transmission malgré la charge administrative induite par une installation ou un départ à la retraite. On voit bien que certains outils comme le bail à long terme et l’assurance vie permettent de préparer celle-ci dans un cadre fiscal avantageux et ce sans se déposséder de ses biens. »

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