Colloque
Le coût du travail : un handicap pour l’agriculture
Avec une part représentant 80 % du coût de certaines productions, la main d’œuvre a été au centre des débats du colloque organisé pour la deuxième année consécutive par la FNSEA.
Droit du travail « assommant», réglementation sur les 35 heures, majoration des heures supplémentaires et augmentations déraisonnées du SMIC ces trois dernières années : ces mesures visant à protéger les salariés ou à améliorer leur statut produisent des effets pervers selon Stéphanie Jamet, économiste à l’OCDE.
Pour preuve, les 35 heures avec les coûts générés et supportés par les employeurs n’ont pas eu l’effet escompté sur le nombre de créations d’emplois. Il en va de même avec l’augmentation du SMIC de ces trois dernières années qui, bien qu’accompagnée par différents allègements de charges, freine les embauches.
Philippe Bois, producteur de pêches et d’abricots, confirme cette analyse. « La complexité de la réglementation et le coût du travail pèsent sur nos exploitations. Notre ressenti est amplifié par les différences de réglementations entre les pays qui, par ailleurs, vendent sur le même marché que nous».
Et c’est bien là que le bât blesse: le marché se mondialise et les distorsions de concurrence sont énormes.
Le rapport du député breton, Jacques Le Guen, avait déjà mis en évidence des écarts importants au sein même de la communauté européenne.
«Des écarts portent sur les salaires mais aussi sur les durées de travail et l’encadrement de la relation de travail. Pour autant, nous ne sommes pas prêts à tout harmoniser. Les partenaires sociaux français seraient-ils ainsi d’accord pour échanger les 400 pages du code du travail contre la quarantaine que compte la réglementation allemande ? » pose François Gaudu, professeur à la Sorbonne.
En quand bien même nous serions prêts, la tâche serait ardue: dans certains pays comme l’Angleterre, il n’existe pas de salaire minima, dans d’autres, si la durée légale du travail est définie, des accords correctifs par branches peuvent apporter une souplesse importante.
Ces constats et témoignages doivent ouvrir sur des perspectives. Des solutions, il faut en trouver avec les partenaires sociaux. Pour exemple, le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, le montant des majorations doit être renégocié entre les représentants d’employeurs et de salariés. C’est d’ores et déjà une réflexion entamée par la FNSEA.
Il faut aller plus loin. Claude Cochonneau, président de la Commission emploi de la FNSEA, demande que les majorations pour heures supplémentaires soient exclues des assiettes de cotisations patronales et salariales. Une mesure «gagnant-gagnant » qui permettrait aux employeurs d’augmenter le nombre d’heures de travail et aux salariés de gagner du pouvoir d’achat.
L’emploi : un outil au service des futures générations
Gérard Groisne, président du Pôle Emploi 63
Cette prise de conscience est également essentielle pour le rôle social que joue l’agriculture en milieu rural. Le développement d’emplois pérennes est le gage d’installations de familles dans nos campagnes et de revitalisation locale. Et d’ailleurs à ce titre nous pourrions bénéficier du soutien des collectivités territoriales…
Sur le département, la création du Pôle Emploi et le travail en synergie entre les différents partenaires, participent au changement des mentalités sur l’emploi d’un salarié. C’est un autre état d’esprit qui apparaît notamment chez les jeunes qui, peu à peu, pensent plus à investir dans le salariat que dans l’achat de matériel par exemple. Je crois que l’emploi sur les exploitations est un outil indispensable pour les générations à venir.»
L’agriculture au cœur de l’emploi
Optimiser les relations salarié / employeur
Suite au recrutement d’un salarié, des repères sont nécessaires pour organiser au mieux la relation avec le salarié. Nous nous attachons à vous présenter quelques clés pour optimiser cette relation.
Six repères pour optimiser les relations de travail avec votre salarié
-Bien définir la répartition des tâches, les conditions de travail et la souplesse dans l’emploi du temps. Les missions confiées au salarié doivent être variées et en correspondance avec ses compétences.
-Prendre le temps de communiquer. L’objectif est de partager un maximum d’informations pour que chacun agisse en connaissance de cause. Une période fixe de la journée ou de la semaine est préférable pour prendre de bonnes habitudes. En cas de problèmes ou d’incompréhension, expliquez-vous sans attendre
- Apprendre à déléguer et responsabiliser. C’est un moyen de reconnaissance pour le salarié
- Donner des consignes claires et s’assurer de la bonne compréhension du message. Pour gagner en efficacité, mieux vaut toujours justifier sa façon de travailler et donner un maximum d’explications, cela aide le salarié à comprendre la finalité du travail à réaliser
- Réaliser des évaluations constructives. C’est faire le point, à la fin d’un chantier ou à la fin d’une campagne. Cela permet des échanges de point de vue et de tirer des pistes d’amélioration pour l’avenir si nécessaire. C’est aussi l’occasion de montrer sa reconnaissance si le travail est bien fait pour entretenir la motivation du salarié.
- Favoriser l’accueil du salarié. C’est un moment clef dans la relation employeur salarié. Dans les premiers jours ne pas hésiter à consacrer du temps à la nouvelle recrue, faire le tour de l’exploitation et présenter toutes les personnes qu’elle sera amenée à rencontrer.