Le congrès JA orienté "valeur ajoutée" et "éléments de différenciation"
Les Jeunes Agriculteurs, réunis en Congrès à Perpignan la semaine dernière, ont proposé deux stratégies pour affronter l'après 2013. Ils ont également élu un nouveau bureau ; Jean-Michel Schaeffer, un alsacien installé en Gaec en polyculture élevage, remplace William Villeneuve à la présidence.
Confrontés aux dures réalités de la crise économique, les JA ont proposé, lors de la présentation de leur rapport d’orientation 2010 pendant le 44e congrès tenu à Perpignan, d’explorer deux stratégies afin de retrouver de la « valeur ajoutée pour les produits ». D’abord, un agriculteur est un « élaborateur de produit, acteur de filière ». C’est en agissant sur l’organisation économique des filières de production que le travail sera mieux valorisé. L’idée est de peser plus lourd dans le système agroalimentaire. D’où le fait que les exploitants doivent se réapproprier certaines compétences. Il est aussi nécessaire « d’investir l’aval et la distribution, notamment à travers le développement d’un réseau de grande distribution coopératif et équitable ». Les éléments de différenciation (agriculture biologique, circuits courts, démarches sous signe officiel de qualité et d’origine) doivent être mieux pris en compte. L’autre axe est celui de « l’agriculteur dans son territoire, paysan dans son pays ». La France propose « des agricultures nombreuses, diverses, riches en savoir-faire hérités d’une longue histoire agricole et disposant d’une organisation humaine dense et complexe ». JA appelle de ses vœux un grand débat national pour clarifier les attentes des citoyens vis-à-vis de leur agriculture. Ce débat doit se décliner dans les cantons, départements et régions, dans une démarche de « reterritorialisation » de l’agriculture.
Nouveau bureau
Par ailleurs, Jean Michel Schaeffer, 32 ans, a été élu pour la période 2010-2012 comme président des JA. Il est originaire de Geipolsheim dans le Bas-Rhin, et est installé en GAEC polyculture élevage depuis 2005. Dans ses précédentes activités au sein de JA, il s’est particulièrement intéressé aux questions de « renouvellement des générations en agriculture » et à l’installation. Le bureau a aussi été renouvelé : Christophe Chambon (Bourgogne Franche-Comté) est secrétaire général. Les vice-présidents sont Fabien Berthezène (Méditerranée), Joël Clergue (Midi-Pyrénées), Carole Doré (Nord) et Nicolas Fischer (Centre). Le trésorier est Arnaud Tachon (Sud Ouest).
Les JA avaient aussi choisi d’ouvrir leur congrès à la société civile non agricole en invitant Sylvie Brunel. La géographe, ancienne présidente d’Action contre la faim et professeur des universités à Paris-Sorbonne (directrice du master professionnel mondialisation et développement durable) a échangé avec les congressistes. Auteure d’une tribune récente dans le quotidien Le Monde, intitulée « Pour sauver la planète, sauvons les paysans » (« le monde agricole est le garant d’un véritable développement durable » y écrivait-elle), elle a longuement écouté les interrogations des jeunes agriculteurs avant de fournir des éléments de réponses sur les questions de géopolitique et les rapports entre agricultures du Nord et agricultures du Sud.
Deux questions à Jean Michel Schaeffer, président des JA
Quelles idées majeures se dégagent de ce 44e congrès ?
Par rapport au jeu de l’offre et de la demande, nous voulons être acteur de l’avenir en nous organisant au niveau de l’offre. On appartient tous à un territoire et nous voulons organiser notre profession par rapport aux spécificités de ces territoires.
Il s’agit d’une démarche globale, qui veut aussi aboutir à la stabilisation du revenu des exploitants. Les principaux éléments en sont la contractualisation avec l’interprofession, qui doit être le pivot, et les indicateurs concernant prix et volumes. Ceci donne un cadre juridique, qui n’est pas une fin en soi. Il faut que nous soyons plus acteurs, par exemple lors des appels d’offres en restauration hors domicile des collectivités. Le moins cher ne doit pas être forcément le seul critère dominant.
Des notions comme celles de productions locales ou de bio ou de démarches de qualité y compris dans le conventionnel, portées par la société, doivent pouvoir être mieux prises en compte. Ce que nous voulons aussi, c’est donner une suite à Nature Capitale afin de favoriser la cohérence entre les attentes du citoyen et l’achat du consommateur. Au final, c’est le consommateur qui a les clés en main, notamment dans le contexte d’ouverture grandissante des marchés mondiaux. Il faut que nous dialoguions plus avec ce consommateur pour arriver à une prise de conscience sur la cohérence entre ses attentes citoyennes et ses actes d’achats.
Quelles priorités pour la période 2010-2012 ?
Bien évidemment, poursuivre les travaux concernant la politique d’installation. Consolider, mettre en place techniquement ce qui a été décidé. Ceci nous permettra aussi de rebondir sur les autres dossiers. Ensuite, affiner le travail sur la LMAP - statut social harmonisé, accompagnement en société des jeunes, ce qui permettra de faciliter reprise et transmission. Et bien sûr, l’après PAC 2013. Travailler sur le dossier de l’installation mais au niveau UE (accompagnement, financement, projet, investissement).
Il faut mettre l’accent sur l’homme dans son territoire. Nous accorderons une attention particulière aux énergies
renouvelables (photovoltaïque, méthanisation…), qui, si les dossiers sont gérés de façon intelligente, peuvent jouer un rôle important dans la politique de financement de projet d’installation. La combinaison de toutes ces actions, de toutes ces réflexions donnent des perspectives positives pour les jeunes agriculteurs.
Propos recueillis par Thierry Michel