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Climat
Le climat change, notre agriculture s'adapte

Le changement climatique est à l'œuvre. En Haute-Loire, ses effets sont nettement perceptibles sur notre agriculture
et notre élevage. Le point avec Jean Bost, ancien technicien Chambre d'agriculture.

Le maïs ensilage monte en altitude, ici à Saugues.
Le maïs ensilage monte en altitude, ici à Saugues.
© © DR

La Haute-Loire, dont les spécificités du climat sont bien connues, fait l'objet d'une évolution climatique mesurable et dont les conséquences sont d'ores et déjà visibles sur l'agriculture et l'activité d'élevage. C'est en tant qu'ancien membre du comité départemental météorologique (dissous il y a 3 ans faute d'aides financières) et ancien salarié Chambre d'agriculture, que Jean Bost a fait une intervention sur le sujet le 18 mars à l'occasion de l'assemblée générale de l'AMOMA Haute-Loire, Association des Médaillés dans l’Ordre du Mérite Agricole (voir dans cette page).

Un micro-climat plus sec et plus chaud
Le climat de Haute-Loire est le résultat d'une conjonction d'influences de masses d'air océaniques et méditerranéennes et de massifs montagneux qui entourent ou traversent notre territoire. D'Ouest en Est, notre département se trouve entouré des Monts Aubracs, du Cantal, Dores, de la Margeride, du Livradois, du Forez, du Mézenc et du Mont Lozère. Des écrans physiques qui génèrent un effet de fœhn, c'est à dire des précipitations à l'amont des reliefs et un réchauffement de l'air à l'aval. "C'est ainsi que la Haute-Loire bénéficie d'un micro-climat (plus sec et plus chaud à altitude égale que ses départements voisins du Massif-Central). Ce qui explique qu'en hiver, le sommet de Pierre-sur-Haute, point culminant des monts du Forez, se trouve souvent enneigé alors que le Mézenc, dont l'altitude est plus élevée, ne l'est plus" explique Jean Bost. Le relief ainsi que les remontées de masses d'air venues du Sud contribuent à expliquer le faible impact des épisodes pluvieux (y compris Cévenols) sur notre territoire. "Les épisodes Cévenols se trouvent généralement concentrés au sud-est du département, de Pradelles au Mézenc et au début de la chaîne des Boutières".
Sur nos terres, le changement climatique n'est pas récent ; selon Jean Bost il serait à l'œuvre depuis l'ère industrielle. "Nous avons gagné 1°C par jour en moyenne des années 1950 à 2000. Sur la station Météo France de Chadrac, la température moyenne journalière est passée de 9,6°C pour la période de 1970 à 2000 à 11°C de 2000 à 2022. Et tout récemment (ce 20 mars), le GIEC* a estimé la hausse des températures mondiales à + 1,1°C entre 2011 et 2020 (par rapport à la période de référence 1850-1900), estimant que le réchauffement de la planète serait de l'ordre de +1,5°C dès les années 2030". Un réchauffement climatique dont tout le monde s'est rendu compte et en particulier les agriculteurs de Haute-Loire.

Les cultures et le pâturage changent
Les évolutions du climat changent le visage de notre agriculture ; le maïs ensilage est monté en altitude. "En 1972, les essais et les données météo démontraient que le maïs ensilage (avec les variétés les plus précoces) ne pouvait être cultivé à plus de 800 m d'altitude alors qu'aujourd’hui, il atteint les 1200 m avec des variétés plus tardives ; on le retrouve de nos jours à Landos ou à St Haon...". Toujours en matière de cultures, l'orge d'hiver est désormais cultivé en altitude alors que par le passé, on ne cultivait que de l'orge de printemps (brassicole) en Haute-Loire ! Autre évolution : à partir de la fin des années 60, le blé a peu à peu remplacé le seigle sur les plateaux du Velay au dessus de 1000 m et notre Lentille Verte du Puy est désormais récoltée au cœur de l'été sur le secteur du Bouchet St Nicolas (au lieu d'octobre en 1920).
Le pâturage se trouve également impacté. "De nos jours, les génisses laitières peuvent passer tout l'hiver à l'extérieur et ce à des altitudes élevées. Chose impossible par le passé où les hivers étaient froids et neigeux. Les animaux rentrent bien plus tard dans les bâtiments autour de fin novembre au lieu de la Toussaint".
L'agriculture n'est pas la seule à être impactée par l'évolution du climat, la forêt française se trouve dans la même situation et va progressivement changer de visage avec l'extension du chêne vert, du pin maritime et autres résineux en altitude et le repli du hêtre et du charme.

* GIEC : Groupe Intergouvernemental d'experts sur l'évaluation du Climat.

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