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Culture
L'attrait pour les légumineuses relance les essais

Cette année encore les conditions climatiques n'ont pas favorisé le développement des légumineuses à graines dont le rendement est deux à trois fois inférieur aux trois dernières années, à l'échelle nationale.

 

Faucheuse dans un champ
La technique du fauchage andainage sur lentille consiste à couper les plantes avant de les laisser sécher plusieurs jours avant le battage.
© ETA Alexandre

Cette année encore le bilan de campagne des légumineuses à graines est peu réjouissant. Après une campagne atypique marquée par les pluies et les températures froides durant l'été, les rendements moyens à l'échelle nationale (35 520 hectares) affichent des résultats deux à trois fois inférieurs aux trois dernières années.  Dans tous les secteurs, le nombre de parcelles non récoltées et broyées est en hausse. Les forts cumuls de pluie ont occasionné un enherbement important, des verses dans les cultures, des reprises de floraisons notamment en fin de cycle et surtout des retards de 15 jours à un mois dans les dates de récolte. Un triste bilan auquel n'échappe pas la plaine de la Limagne.

Des variétés trop anciennes ?

Onze parcelles, du nord au sud de la Limagne, ont été suivies durant cette campagne par la Chambre d'agriculture 63. Concernant les lentilles, le rendement moyen de l'observatoire, comprenant des parcelles en agriculture conventionnelle et biologique, en lentille pure ou associée, est de 3 qtx/ha (le rendement moyen national est estimé à 5,5 qtx/ha).
Selon les conseillers qui ont suivi ces parcelles, la complexité de la maîtrise de l'enherbement et le développement de maladies fongiques sont pour beaucoup dans ces résultats. "Le botrytice, la rouille et l'ascochytose ont été observés en fin de cycle. Ces maladies se sont développées après les orages. Le botrytice a, d'ordinaire, peu d'impact sur les lentilles mais cette année, autour du 14 juillet, beaucoup de gousses  étaient atteintes en raison de l'humidité persistante" explique Alban Mialon, conseiller agronomie.
Ce phénomène relance le débat sur l'adaptation des variétés. En lentille, la variété "Anicia est utilisée à 80% en France" précise Sabrina Bourrel, conseillère agriculture biologique. Un usage extrêmement large pour une culture et qui prédispose à "homogénéiser les résultats de la campagne à l'échelle nationale, les bonnes comme les mauvaises années". À cela s'ajoute l'âge de cette variété qui fait office de dinosaure dans l'agriculture d'aujourd'hui puisque sa première inscription date des années 1960. "Clairement, elle est peu adaptée au changement climatique et donc peu résistante face à ses conséquences (développement des pucerons, sécheresse...)" ajoute la conseillère.

Essais et expérimentations redémarrent

Pourtant la demande en graines de légumineuses pour l'alimentation humaine et animale n'a jamais été aussi importante. L'espèce offre autant de bénéfices d'un point de vue nutritionnelle, qu'elle en offre agronomiquement, en permettant la diversification et le rallongement des rotations, la réduction des fertilisants azotés... Les légumineuses répondent à bien des enjeux actuels et c'est pourquoi certaines filières et entreprises s'y intéressent, à l'image de Limagrain.
Depuis trois ans, la coopérative installe ses jalons sur ce marché mais a besoin de volumes pour construire une filière régionale durable. Elle a conduit, durant cette campagne, des essais variétaux autour de la lentille. Huit ont été testées et malgré son âge et son apparente inadaptabilité au changement climatique, la variété Anicia est en haut du tableau avec 5,7 qtx/ha (PMG 25,5) juste avant Flora qui la suit de près avec 5,65 qtx/ha (PMG 22,1) et Blovita avec 4,38 qtx/ha (PMG 39,6).
Parallèlement, la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme conduit ses propres essais notamment sur la récolte. Le fauchage, andainage et battage ont été testés. La méthode, utilisée dans le Gers, consiste à faucher les lentilles (ou une autre légumineuse) pour accélérer et homogénéiser la maturité des graines. Elle permet aussi de récolter sans difficulté les plantes couchées au sol. Celles-ci sont battues quelques jours plus tard. Éric Alexandre, entrepreneur de travaux agricoles, a testé la technique chez plusieurs agriculteurs. Selon son expérience, la réussite de la manœuvre réside dans la date d'intervention. "Il y a un stade précis pour la fauche pour homogénéiser la qualité de la récolte. Si l'on intervient trop tard, comme ça été le cas cette année, c'est inutile car on perd trop de grains." L'essai doit être réitéré pour affiner les conclusions.

 

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