L’ambroisie et le datura progressent en Limousin
Depuis quelques années, l'ambroisie et le datura progressent en Limousin. Face à la prolifération de ces deux plantes invasives qui causent des problèmes de santé publique, des leviers techniques existent, recensés notamment dans le Contrat de solutions.
Depuis quelques années, l'ambroisie et le datura progressent en Limousin. Face à la prolifération de ces deux plantes invasives qui causent des problèmes de santé publique, des leviers techniques existent, recensés notamment dans le Contrat de solutions.



En 2024, la concentration en pollen d'ambroisie, mesurée par l'Observatoire régional de l'air de Nouvelle-Aquitaine sur le site de Limoges a été multipliée par 3. Une très forte progression qui a des conséquences marquées comme le rappelle le réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) : « L'année 2024 confirme les tendances d'allongement et d'intensification des saisons polliniques exacerbées par le changement climatique avec des impacts marqués sur les personnes allergiques à travers toute la France ». Les conséquences peuvent être également très importantes au niveau agricole. « Nous sommes confrontés à l'ambroisie à feuille d'armoise depuis une petite dizaine d'années, explique Philippe Ducourthial, chef du pôle Agronomie et Environnement à la Chambre d’agriculture de la Creuse. La plante s'installe avec les semis de printemps comme le tournesol, le maïs, le sarrasin. Une fois implantée, s'il n'y a pas de rotation de culture, elle se développe et se ressème et elle peut anéantir jusqu'à 80 % d'une culture ». Pour se débarrasser de l'indésirable, la rotation des cultures est un levier efficace, avec l'introduction de cultures d'hiver dans lesquelles l'ambroisie ne trouvera pas sa place. La fiche du Contrat de solutions consacré à l'ambroisie préconise également le travail du sol. Au printemps, voire à l'automne, le faux semis et le décalage de la date de semis permettent de favoriser la levée des adventices puis leur destruction par herbicide ou un désherbage mécanique avant l'installation des cultures.
Lorsqu'une parcelle est touchée, il faut arracher les plants. « Elle est très difficile à éradiquer, reprend Philippe Ducourthial. Il faut absolument éviter la montée en graine, par le déchaumage ou le traitement chimique. Il est aussi très utile de récolter les parcelles infestées en dernier et de nettoyer soigneusement les outils car les graines sont extrêmement fines ».
Pour en savoir plus sur l'ambroisie : site de l'observatoire des ambroisies
Ambroisie et Datura : même combat
Ces leviers techniques sont également adaptés pour le datura, plante toxique du fait de l'atropine et de la scopolamine qu'elle contient. Actuellement, la limite maximale réglementaire pour ces deux molécules est fixée à 1 microgramme par kilo pour l'alimentation humaine. « Chaque année nous observons quelques pieds, dans les parcelles de sarrasin mais aussi dans le maïs ensilage, poursuit Philippe Ducourthial. Il faut être très vigilant car c'est une plante très toxique. La présence d'un seul pied de datura sur 25 m² dans une culture est fatale à un bovin. Il est impératif de se débarrasser de la plante. Certaines coopératives de culture de sarrasin ont rendu obligatoire le survol par drone des parcelles cultivées. Si un plant de datura est repéré, il doit être arraché manuellement et un nouveau survol viendra contrôler la parcelle ». Avec le déploiement du Contrat de solutions initié par la FNSEA en 2019, l'ensemble des acteurs du monde agricole s'engage pour communiquer sur les bonnes pratiques liées au développement du datura et de l'ambroisie. Selon les partenaires du Contrat de solutions, la mise en œuvre de ces mesures prophylactiques permet une réduction de l'IFT jusqu'à 0,5 point par hectare. Pour cela, il faut toutefois accepter le décalage de la date de semis et procéder à un nettoyage minutieux du matériel de récolte même si une opération de nettoyage est parfois difficile à insérer entre les chantiers.