Elevage
Lait : alerte à la pénurie
Depuis fin avril, la collecte laitière s’est soudainement mise à baisser : - 3,1 % la première semaine de mai par rapport à la même semaine de 2006 ; depuis cette baisse ne cesse de s’amplifier.






Deuxième phénomène, les abandons de production sont restés soutenus. Ils ont concerné, sur la dernière campagne, 2 800 producteurs qui ont pu bénéficier des aides à la cessation laitière (sur 3 700 demandes), ces producteurs ayant sans doute abandonné effectivement la production en fin de campagne, soit au mois de mars.
En Bretagne, le problème de rejet des nitrates a incité certains éleveurs, dans le Finistère surtout, à passer la main et à produire, par exemple, des pommes de terre. La réduction des cheptels y aurait également été facilitée par les bons prix du marché des bovins.
Les quotas en question
En attendant, le rattrapage de la production ne sera pas si facile : pour retrouver la référence française, la filière compte déployer tous les efforts possibles. Une réunion à l’Office de l’élevage, mi-juin, devait lancer des orientations. Au menu : l’utilisation de 1 % (0,5 % sur 2006, 0,5 % sur 2007) de marge supplémentaire de production autorisée par Bruxelles ; l’attribution la plus souple possible des allocations supplémentaires de production que peuvent distribuer les entreprises ; avec, à l’étude, un taux minimum de 4 % pour chaque éleveur ; enfin, la prochaine décision interprofessionnelle sur les prix pourrait aboutir, en juillet, à une hausse à deux chiffres exprimée en euros par millier de litres.
D’après Agra Presse
Paie de lait d’avril : vigilance !
Conformément aux accords, le prix de base pour le lait livré en mai 2007 à votre entreprise qui applique les recommandations de la grille de l’interprofession laitière Auvergne Limousin (CRIELAL) doit être de 235,54 e/1000 litres, en hausse de 1,3 e par rapport à mai 2006. Quelques entreprises ont l’autorisation d’appliquer une flexibilité supplémentaire. Les groupes Bongrain (CFVA et Fromagerie du Velay) et Lactalis (Valmont), une flexibilité de 1,87 e/1000 litres et le groupe SODIAAL (Riches Monts et ORLAC) une flexibilité de 4,68 e/1000 litres. D’autre part, votre entreprise s’est engagée à indiquer séparément sur la feuille de paie de lait le prix de base du CRIEL (235,54) et le prix de base qu’elle pratique réellement si celui-ci est différent. Si votre entreprise ne respecte pas ces accords, contactez votre section laitière.
3 questions à …. Pascal Servier Président de la FDPL
“La dynamique de production passe par une hausse du prix du lait”
Comment interprétez-vous les estimations de baisse de la collecte laitière ?
Conséquence de cinq années de la PAC réformée - avec la mise en place de l’ADL, des DPU, et la baisse des prix du lait - le moral des producteurs n’y est plus. La démobilisation est forte et la capacité de production des exploitations s’est dégradée. Associée à des éléments climatiques conjoncturels, cette situation se traduit par un important recul de la collecte de lait ces dernières semaines. Il est clair que nous ne repartirons pas dans une dynamique de production sans une évolution positive du prix du lait se traduisant, dans les faits, par une amélioration significative du revenu des producteurs.
Bien sur, les évolutions annoncées sont source d’espoir mais il ne faut pas faire de triomphalisme avant l’heure. N’oublions pas qu’en raison des difficultés de trésorerie, les producteurs de lait ont repoussé un certain nombre d’investissements. Il faudra donc reprendre le cours normal de financement de la modernisation des exploitations ou prendre le risque de voir s’alourdir les factures d’entretien de matériels ou des bâtiments. J’ajoute que l’augmentation des charges d’aliments et de carburant pèsent sur les comptes d’exploitation. Et pourtant, je le répète, il n’y aura pas de remobilisation des producteurs sans au préalable une hausse des prix et une augmentation des revenus.
Avant toute chose, le prix du lait spot nous montre que le prix du lait est porteur. C’est pour cela que les producteurs ne devront faire aucune concession sur l’amélioration de leur revenu. Ensuite, je vous rappelle que les accords interprofessionnels qui fixent le prix du lait permettent un certain lissage par rapport au marché. Ils permettent d’éviter des à-coups qui sont préjudiciables à tous les opérateurs économiques. Toutefois, il faut continuer les discussions sur la fixation du prix du lait. Je me demande par exemple, comment justifier l’application de la flexibilité additionnelle au vu du cours des produits laitiers industriels ?
Propos recueillis par Jocelyn Kerleaux