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CONFÉRENCE
L’agriculture est un métier exigeant, mais on a de bonnes raisons d’y croire

300 personnes ont répondu à l’invitation du Crédit Agricole Loire Haute-Loire, jeudi 24 avril à Blavozy, pour assister à la conférence de l’économiste Vincent Chatellier.

Vincent Chatellier, Économiste et Ingénieur de recherche à l’INRA.
Vincent Chatellier, Économiste et Ingénieur de recherche à l’INRA.
© HLP

D’entrée de jeu, Vincent Chatellier Économiste et Ingénieur de recherche à l’INRA, invité par le Crédit Agricole Loire Haute-Loire jeudi 24 avril dernier à Blavozy, orientait sa conférence intitulée «Bilan, perspectives et défis de l’agriculture française», sur la voie de l’optimiste et du réalisme. Une note fort appréciée par le public venu en nombre notamment une trentaine de jeunes étudiants de l’ISVT au Puy et du Lycée agricole de Brioude Bonnefont, des agriculteurs, des responsables professionnels et administratifs des OPA départementales, et des conseillers Crédit Agricole qui dans cette période morose a pu entrevoir une porte ouverte vers un bout de ciel bleu.
L’économiste part du défi qui se profile à l’horizon 2050 avec 9 milliards d’êtres humains sur terre au lieu de 7 milliards aujourd’hui. À cette perspective, il ajoute quelques données qui viennent conforter l’idée selon laquelle il faudra produire plus : aujourd’hui 1 personne sur 7 souffre de la faim, la croissance démographique journalière mondiale est de plus de 220 000 habitants soit la population de la Haute-Loire, les habitudes alimentaires dans le monde changent... Néanmoins, Vincent Chatellier est optimiste : «on peut arriver à nourrir la planète» et pour cela, il énumére quelques efforts que nous serons amenés à produire. Il commence par les gaspillages qu’il faudra limiter : «30 des produits agricoles ne finissent pas dans un estomac !». Puis avec un brin d’ironie, il lance : «il faut encourager les végétariens à le rester» mettant en relief l’impossibilité que nous aurions à fournir la planète en viande si tout le monde en consommait. Il prône également la sauvegarde des terres agricoles incitant à densifier les villes. Il invite chacun à «croire au progrès» et à «utiliser les nouvelles technologies» tâclant au passage la France et son «obscurantisme» en la matière ! Il met en avant l’importance des pays en voie de développement précisant qu’il faut qu’ils arrivent à se nourrir eux-même. Et enfin, il insiste sur les flux d’échanges qu’il faut favoriser en diversifiant les approches. il faut jouer sur tous les échiquiers : l’internationalisation des marchés agricoles mais aussi les marchés de proximité.



La France a des atouts

Ayant tracé l’autoroute sur laquelle s’engager, Vincent Chatellier revient alors sur quelques notions d’importance pour l’agriculture française. Ainsi il s’arrête un moment sur la volatilité des prix, donnée qui nuit à la lisibilité mais sur laquelle il convient désormais de compter. «Nous vivons dans un monde risqué» souligne-t-il, invitant les agriculteurs chefs d’entreprises, à se professionnaliser à raisonner stratégies en terme de technique, de patrimoine, d’entreprise... Et pour lui, cela se résume en 3 orientations clés : autonomie du système, spécialisation ou diversification, et productivité du travail. Sur la PAC et les soutiens publics à l’agriculture, l’économiste souligne la «constance des technocrates de Bruxelles qui restent figés sur la même ligne de conduite». Il insiste aussi sur ces soutiens et selon lui la PAC est une «politique agricole, alimentaire, territoriale et environnementale». En terme de compétitivité, Vincent Chatellier a rappelé que la France est le 1er pays agricole d’Europe mais qu’elle n’augmente plus sa production agricole depuis 2000. Il souligne aussi que l’agriculture et l’agro-alimentaire ont «mieux supporté la crise que les autres secteurs» avec 3 domaines qui tirent les exportations : les vins et spiritueux, les céréales et... le lait. Il pointe par ailleurs des secteurs déficitaires comme la volaille, le porc ou la viande bovine. Si la concurrence intracommunautaire est sérieuse, le conférencier précise que la France doit «garder ses avantages comparatifs» en matière de coût de production et dans les secteurs où les autres ne sont pas présents : «il faut faire ce que les autres ne peuvent pas faire».


Zoom sur la viande et le lait

Après un zoom sur les secteurs de la viande bovine et du lait, Vincent Chatellier a mis en exergue atouts et faiblesses des 2 productions. En viande la consommation est à la baisse, les exploitations sont dépendantes des aides, la rentabilité est faible. Par contre, la viande séduit encore le consommateur, on a des filières de tradition, des surfaces fourragères et la maîtrise technique. Mais «faut qu’on bouge...».

En lait, on arrive à la fin des quotas, une réelle «rupture» en France. Du côté des points faibles, on est face à une concurrence à ne pas sous-estimer, nos exportations sont trop orientées vers l’Est, les gains de productivités sont limités, et se profile la question difficile de la transmission des outils. Néanmoins, on a des atouts climatiques et agronomiques, on a gardé une bonne densité de collecte, et nos industries comptent sur la scène internationale, et enfin on a plusieurs modèles productifs. Vincent Chatellier a conclu son intervention par des propos optimistes allant tout d’abord vers les jeunes qu’il invite à «faire leur place au soleil» même si «c’est dur», puis vers les séniors à qui il dit qu’ils «n’ont pas bossé pour rien». Enfin il adresse un message fort avec les 3 qualités indispensables (au moins 2 sur 3 dira- t-il) pour réussir : il faut être «courageux dans un monde de fainéants», être un «chef d’entreprise et aimer investir pour espérer réussir» et enfin être «malin, sentir les coups venir». Il ouvre ensuite sur les défis à venir, insistant sur une meilleure communication autour de l’agriculture et de l’agro-alimentaire, sur la nécessité d’investir et d’adapter les modes de financement, sur l’harmonisation entre productivité et environnement... Et l’on retiendra que l’on a aujourd’hui de «bonnes raisons de croire» en l’avenir de l’agriculture française.

SUZANNE MARION

 

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