«L’agriculture du Puy-de-Dôme a du ressort»
Armand Sanséau a pris ses fonctions de Directeur départemental des territoires (DDT) du Puy-de-Dôme il y a tout juste un mois, le 1er septembre.

Non issu du milieu agricole, Armand Sanséau a découvert l’agriculture en 2001 alors qu’il était chef de service de l’économie agricole à la Direction départementale de l’agriculture et de la forêt de la Corrèze. Il est ensuite nommé DDA en Haute-Garonne, puis dans l’Allier en septembre 2008 où il y restera pendant 6 ans.
Passer de l’Allier au Puy-de-Dôme, c’est un changement ?
Pas vraiment car c’est la même région. Et je connais déjà un certain nombre d’interlocuteurs. En revanche, je constate que l’agriculture du Puy de Dôme est différente de celle de l’Allier- département plutôt allaitant et où ¾ des surfaces sont en herbe-. Dans le Puy de Dôme, il y a deux agricultures différentes entre plaine et montagne mais réellement complémentaires.
L’agriculture est chahutée en ce moment, la profession clame son ras le bol. Que pensez-vous de la situation ?
Dans le passé, l’agriculture a connu beaucoup de crises : sanitaire, sécheresse, ESB…mais elle a toujours rebondi. Je crois qu’il ne faut pas être aussi négatif vis-à-vis de l’agriculture. Le système des zones vulnérables par exemple, n’est certes pas facile à avaler pour les agriculteurs. Mais on peut le voir comme une opportunité de modernisation des exploitations plutôt que comme une contrainte. Une exploitation agricole est une entreprise qui doit évoluer constamment, elle ne doit pas rester figée.
Comment voyez- vous l’avenir de l’agriculture dans le Puy de Dôme ?
Je suis très optimiste car l’agriculture de ce département a des atouts. Dans le domaine des céréales, la présence de Limagrain est un avantage indéniable. La coopérative donne une lisibilité importante à l’agriculture locale. Côté élevage, la présence de cinq Aop fromagères est une grande force. Mais les producteurs ne doivent pas se reposer sur leurs lauriers car il y a de la concurrence en la matière, et je pense particulièrement à la Savoie. La filière doit donc continuer à travailler et à s’organiser. Et c’est un enjeu d’autant plus important avec la fin des quotas.
Le Puy de Dôme et plus largement l’Auvergne ont également une carte à jouer avec l’agriculture biologique. Car contrairement à d’autres départements et régions, la marche n’est pas très haute à franchir pour être labellisé Bio. Les opportunités existent, la demande est là, la seule difficulté est l’organisation de la filière. Enfin il y a les vins Aoc Côtes d’Auvergne qui constituent aussi une opportunité pour le département. C’est une production accrochée au territoire. Les surfaces sont petites mais c’est un marché de niche qui permet d’obtenir une valeur ajoutée.
Pensez-vous que les projets relatifs au développement des énergies renouvelables peuvent intéresser les agriculteurs ?
La méthanisation est une voie intéressante. Elle permet le stockage d’effluents et leur transformation en énergie. Dans ce domaine il faut encourager les projets collectifs qui favorisent la modernisation des exploitations par, notamment, le regroupement des capacités de stockage.
L’installation de panneaux photovoltaïques sur les toitures des bâtiments est une bonne initiative. En revanche, je suis peu favorable aux installations au sol car c’est la porte ouverte à la consommation d’espaces agricoles.
Ce sujet (ndlr : la consommation d’espaces agricoles) me préoccupe beaucoup. Les terres agricoles doivent être protégées. Il semble qu’il y ait une prise de conscience publique sur cette question, mais il faut rester attentif …car une surface agricole urbanisée ou détournée de son objet ne redeviendra jamais à vocation agricole.