Aller au contenu principal

La sécurité alimentaire mondiale menacée par le déficit d’insectes pollinisateurs

En novembre, Mende accueillait un colloque intitulé « agriculteurs, apiculteurs, acteurs d’un même territoire ». Bernard Vaissière, chargé de recherche à l’Inra d’Avignon, a notamment évoqué le lien entre pollinisation et agriculture (et plus largement les incidences sur l’alimentation). Voici une présentation de son travail.

Bourdon des champs sur ombelle d’oignon.
Bourdon des champs sur ombelle d’oignon.
© Inra

Les cultures pollinisées par les insectes assurent plus du tiers de l’alimentation humaine à l’échelle mondiale. D’après l’Inra, en augmentant le nombre et la diversité des insectes pollinisateurs, on accroît de plus de 20 % le rendement des cultures (toujours à l’échelle de la planète).
Beaucoup de travaux portent sur le déclin des insectes pollinisateurs, au premier rang desquels figurent les abeilles sauvages et l’abeille mellifère, tant en abondance qu’en diversité. Mais rares sont les études examinant les conséquences du déficit potentiel de pollinisation qu’il engendre sur les productions agricoles et sur la sécurité alimentaire. Mis à part la modélisation, quelques études se sont intéressées à l’effet du niveau de pollinisation sur les cultures, mais la plupart étudient des fleurs individuelles, des rameaux ou des plantes isolées en pot. Il est donc difficile d’extrapoler ces résultats en matière de rendement pour l’agriculture.
Un protocole de terrain a été mis en place par une équipe de chercheurs internationale (impliquant l’Inra) : 344 parcelles représentant 33 types de cultures dans douze pays à travers le monde (principalement Afrique, Asie et Amérique du sud) sur cinq ans. Elle a réussi à quantifier, à une échelle globale, les relations entre rendements agricoles d’une part (en kilos par hectare) et abondance et diversité de la faune pollinisatrice d’autre part. Les chercheurs ont pris en compte les petites exploitations agricoles dans les pays en développement, celles-là mêmes qui ont été ignorées dans la plupart des études antérieures alors qu’elles jouent un rôle clé dans la sécurité alimentaire de la population mondiale.
La richesse de la faune pollinisatrice…
Les scientifiques ont montré que les déficits d’insectes pollinisateurs sont responsables d’une proportion importante du déficit de rendement dans ces cultures et ce, même après avoir pris en compte les principales autres variables environnementales et agronomiques (niveau d’intensification ou de dépendance de la culture à la pollinisation par exemple). L’abondance des insectes pollinisateurs contribue à elle seule à expliquer 31 % du déficit de rendement dans les parcelles de moins de deux hectares. Dans les parcelles plus grandes où la diversité de la faune pollinisatrice est souvent plus faible avec une large prédominance de l’abeille mellifère, les chercheurs ont trouvé un gain de productivité similaire, lorsque la faune pollinisatrice est diversifiée. Lorsque cette diversité est faible, le gain de productivité est nul de sorte que, globalement, si l’on augmente le nombre mais également la diversité des insectes pollinisateurs, on accroît le rendement des cultures de plus de 20 % à l’échelle mondiale. Ces résultats mettent donc en évidence l’impact du déficit des populations d’insectes pollinisateurs à une échelle mondiale.

La suite dans le Réveil Lozère, page 5, édition du 5 janvier 2017, numéro 1391.

Les plus lus

DNC - Face aux mensonges, FDSEA ET JA du Cantal demandent ouvertement des têtes

À la demande la FDSEA et des JA du Cantal, une réunion s’est tenue lundi 11 août à la préfecture du Cantal, et en présence de…

Intempéries : après l’orage, les agriculteurs toujours dans l’incertitude

Un mois après les violents orages de grêle du 25 juin, la Corrèze panse encore ses plaies. Des campagnes abîmées, des…

deux hommes, la famille Lemmet, avec du fromage saint-nectaire
AOP saint-nectaire, une tradition chez les Lemmet

Julien Lemmet incarne la quatrième génération de producteurs fermiers au Gaec de l’Estival de Marcenat. Une tradition…

Le burger fermier de Benoît Lafon

Saveur d'Ayvals - À bord de son food-truck, Benoît Lafon, éleveur salers à Jussac, sillonne tout l’été les marchés de pays et…

Nicolas Cussac sur son exploitation.
Photovoltaïque : pour une maîtrise des coûts de l’électricité sur l'exploitation

Pour maîtriser sa facture d’électricité, le Gaec Cussac La Chaumette s’est converti au photovoltaïque et au chauffe-eau…

Face à la DNC, les éleveurs du Puy-de-Dôme sont appelés à fermer les portes de leur exploitation

La Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC) continue de se propager en Savoie et Haute-Savoie. DDPP, GDS et les vétérinaires…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière