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«La révolution sociale agricole réside au-delà de l’aspect financier»
Depuis le 1er janvier, les agriculteurs sont indemnisés suite à une maladie ou un accident d’ordre privé. Une victoire pour la profession qui néanmoins n’oublie pas les autres combats dans le domaine social.

Petit à petit la profession agricole rattrape les au-tres corps de métier en termes de prestations sociales. Depuis le 1er janvier 2014 un agriculteur, non salarié, en arrêt de travail suite à une maladie ou un accident de la vie privée, touche des indemnités journalières. A partir du 8ème jour non travaillé (3 en cas d’hospitalisation), 20,91€/jour d’arrêt lui seront versés. Au-delà de 28 jours d’incapacité de travail, l’indemnité sera de 27,88€/jour.
Ce nouveau dispositif est financé par une cotisation forfaitaire de 200 € que devront s’acquitter les chefs d’exploitations.
Cette mesure était sollicitée par la MSA et la profession depuis près de 15 ans.
Aujourd’hui pour Philippe Panel, administrateur à la MSA Auvergne, elle a des airs de révolution sociale agricole.
En quoi l’obtention de ces indemnités journalières est-elle un réel changement pour la profession ?
Elles apportent, en partie, des réponses à des agriculteurs en situation délicate. La MSA a souvent des cas où le chef d’exploitation tombe gravement malade, l’obligeant à se faire remplacer durant plusieurs semaines. Sans assurance et sans aide financière, il est parfois difficile pour cet agriculteur de régler la facture. Certes, le montant des indemnités est quelque peu dérisoire mais il participe tout de même à régler une partie des frais.
L’importance de ces indemnités journalières n’est pas seulement financière
Je pense effectivement que le changement pour la profession va au-delà. Ces indemnités journalières sont un signal fort envoyé à l’agriculture. Elles ont la volonté de faire de l’agriculteur, un chef d’entreprise comme tous les autres. Il a lui aussi le droit de se reposer pour récupérer d’une maladie, d’un accident de ski ou de voiture. Pendant trop longtemps, la vie privée des agriculteurs a été négligée alors qu’elle est un enjeu important dans la vie professionnelle. Se donner les moyens de préserver sa santé permet aussi de préserver son entreprise.
Pourquoi un tel droit est-il appliqué si tardivement au regard des autres professions?
Une loi sociale de cette envergure ne se modifie malheureusement pas en une poignée d’années. Il y a eu de nombreux débats entre les différents acteurs concernés, un cheminement administratif et législatif à suivre… Malgré tout, cela est inadmissible qu’il ait fallu tout ce temps. J’espère qu’à l’avenir l’évolution des prestations sociales agricoles se fera plus rapidement notamment celles liées à la retraite.
Aujourd’hui, nous sommes dans un système qui n’est pas à la hauteur des chefs d’entreprises que nous sommes. Plus de 70% des agriculteurs partent à la retraite avec une pension de 800 à 850€/mois alors qu’ils ont travaillé pendant plus de 40 ans.