La Région en mode agroécologique
Changement climatique, gestion de la ressource aquatique, restauration hors domicile, emploi et formation… Lors de sa rentrée, ce mardi 27 août, la FNSEA Nouvelle-Aquitaine a dressé l’inventaire des dossiers qui nécessitent l’appui du Conseil Régional, dont l’exécutif souhaite que 80 % des exploitations soient certifiées bio ou HVE ou équivalent d’ici 2030. Les syndicats agricoles demandent du temps et de la progressivité dans l’application de certaines mesures.
Pour leur réunion de rentrée, les responsables des douze FDSEA de Nouvelle-Aquitaine s’étaient donné rendez-vous ce mardi 27 août en Pyrénées-Atlantiques, chez Patricia et Hervé Dagorret, éleveur d’ovins lait et bovins viande à Bardos. Fidèle à son habitude, la fédération régionale avait convié le président de Région, Alain Rousset, à cette rencontre destinée à faire un point détaillé des dossiers qui animent l’actualité professionnelle.
Une nouvelle fois, canicule et sécheresse auront caractérisé la période estivale. Certes, Béarn et Pays basque ont été épargnés, indiquait dans son mot d’accueil le président de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques, Bernard Layre, mais de graves déficits hydriques ont en revanche affecté les cultures et les élevages ailleurs dans la région, notamment en Poitou-Charente et Limousin. D’où la nécessaire mise en place de mesures conjoncturelles (aides au transport notamment) pour aider les éleveurs à subvenir aux besoins des troupeaux.
Ces étés secs à répétition sont sûrement des signes, parmi d’autres, d’un changement climatique qui affecte, à des degrés divers, l’agriculture. La Région s’est saisie du dossier en lançant son projet Néo Terra dont le but est « d’accompagner et accélérer la transition agroécologique. » Présenté lors de la plénière du 9 juillet dernier, ce plan affiche onze grandes ambitions, et se décline en 86 fiches actions concernant tous les domaines de la production régionale.
Défi climatique
Sans remettre en cause le bien-fondé de cette démarche, la FNSEA Nouvelle-Aquitaine « s’interroge » sur certaines orientations. Son président, Philippe Moinard, citait par exemple l’incohérence entre la réduction du travail mécanique (donc de désherbage) prônée pour lutter contre le réchauffement et la sortie des pesticides de synthèse en 2030. C’est pourquoi, les agriculteurs réclament du temps et de la progressivité dans la mise en application de certaines mesures. « Les agriculteurs revendiquent de pouvoir continuer à vivre et à travailler ! » insiste le président régional, qui s’interroge aussi sur la faisabilité des critères de la HVE (haute valeur environnementale) dans des exploitations de polyculture-élevage. Réponse du vice-président de la Région, Jean-Pierre Raynaud : ce dispositif, effectivement conçu pour la viticulture, fait actuellement l’objet d’une étude et devra être adapté aux autres productions.
Autre enjeu majeur : le stockage de l’eau. Les témoignages de responsables départementaux touchés par la sécheresse estivale confirmaient une nouvelle fois « la nécessaire mise en place d’un plan de création de réserves en eau d’ici la fin de l’année », insistait Bernard Layre. La fédération régionale, qui dénonce « une réglementation trop lourde » et des études environnementales « disproportionnées », demande que les différents projets déjà programmés voient enfin le jour. En tout état de cause, la FNSEA Nouvelle-Aquitaine veut être « partie prenante », aux côtés de la Région et des autres partenaires, pour élaborer la politique régionale de l’eau.
Parmi les autres dossiers d’actualité, le président Moinard exprimait son « regret » de ne pas avoir été associé à la gestion de la restauration collective. Pour la FNSEA Nouvelle-Aquitaine, il importe que la Région « montre l’exemple ». Collectivités territoriales et pouvoirs publics doivent accorder des moyens financiers suffisants pour que les gestionnaires des cantines scolaires puissent composer leur menu uniquement à base de produits français : à la fois pour satisfaire aux demandes de la société et assurer une rémunération équitable du producteur.
Enfin, concernant la formation et l’emploi, « la FNSEA, seul syndicat représentatif des employeurs de main-d’œuvre agricole, demande le respect de cette représentativité patronale », ce qui selon Philippe Moinard, n’est pas véritablement le cas dans la gestion de l’emploi.
Transition agroécologique : « Nous n’avons pas le choix »
Répondant sur chacun des sujets soulevés par le syndicat agricole, Alain Rousset assurait en premier lieu que la FNSEA Nouvelle-Aquitaine figure bel et bien dans la liste des instances en charge de la gestion de l’emploi et de la formation au sein de la commission paritaire régionale (CPREF). Sur l’environnement et la transition agroécologique, « nous n’avons pas le choix », estime le président de la Région, qui justifie les mesures contenues dans le projet Néo Terra à la fois par l’urgence climatique démontrée par les scientifiques, par les attentes exprimées par les consommateurs et par la nécessaire protection de la santé des agriculteurs eux-mêmes.
Selon lui, « le temps est compté ». Donc pas question d’attendre 2050 : les différents objectifs majeurs contenus dans ce programme devront être atteints en 2030. Ceci va effectivement nécessiter de la recherche et de l’accompagnement, concède-t-il. Et le président Rousset de citer à cet égard diverses initiatives, dont notamment Agro smart campus. Initié par le conseil régional et co-construit avec la mission Agrobioscience de l’INRA, Bordeaux Sciences Agro et la Draaf, ce campus innovant vise à rapprocher l’enseignement secondaire, l’enseignement supérieur et la recherche pour relever les défis de l’agriculture de demain.