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La préfète sur le terrain des éleveurs

Visite d’exploitation À l’initiative de la FDSEA, son président Christian Arvis organisait une visite d’exploitation avec Madame la préfète Virginie Darpheuille, ce mercredi 16 décembre, afin d’aborder de nombreux sujets et en particulier celui de la situation des éleveurs de bovins allaitants à l’heure où la crise de la filière bovine atteint son paroxysme.

© AM

Convenue depuis plusieurs semaines, la visite s’est déroulée au Gaec Ravel, une exploitation située en zone de montagne sur la commune de Les Mars. Une cinquantaine d’agriculteurs très inquiets de la situation participait également à cette rencontre pour interpeller directement la représentante de l’État, accompagné de Madame Gilli Dunoyer, directrice adjointe de la DDT.
Une exploitation, qui comme beaucoup d’autres, rencontre toutes les difficultés de cette filière et subit toutes les conséquences de la crise bovine.
Denis et Angélique Ravel exploitent 145 ha pour 95 vaches allaitantes. Ils disposent d’un atelier d’engraissement dont 85 % de la production est engraissé alors qu’auparavant 100 % la production l’était. Avec 120 ha d’herbe et 25 ha de cultures, la situation du Gaec Ravel reste semblable à beaucoup d’autres, avec un revenu agricole qui ne cesse de se détériorer au fil du temps. Et parallèlement de nombreuses questions restent sans réponses, avec une réforme de la PAC où toutes les incertitudes subsistent, un avenir incertain pour les ICHN, le couplage des aides animales remis en cause, ou encore des MAEC de plus en plus restrictives. À ces inquiétudes, s’ajoutent les sécheresses à répétition, qui occasionnent des frais supplémentaires par des achats extérieurs de plus en plus importants, mais aussi des pertes de rendement tant sur les prairies que sur les maïs. Pour l’exercice 2020, Denis et Angélique Ravel constatent une augmentation de plus de 8 000 € du poste aliment, comparativement aux années précédentes. Pour les productions animales, même phénomène, avec des prix de plus en plus bas depuis 3 ans. Des cours inférieurs à 3,50 € du kg pour les taurillons et des délais d’enlèvement qui ne cessent de s’allonger allant jusqu’à huit semaines. Et quant aux mesures régionales, quid de l’avenir des MAEC ? À l’heure où les contraintes sont encore de plus en plus draconiennes et les engagements largement respectés par les éleveurs, force est de constater que les engagements des pouvoirs publics sont non tenus.
« La situation devient de plus en plus intolérable » insiste le président Christian Arvis devant la préfète, et qui précise : « nous sommes à la croisée des chemins, demain de nombreux agriculteurs risquent de déposer le bilan de leurs exploitations si ça continue comme ça… aujourd’hui, nombreuses sont les questions que nous nous posons, sans que nous ayons la moindre réponse, tout est remis en cause y compris les enveloppes financières de la réforme de la PAC sur le secteur de l’élevage, la politique montagne et j’en passe… ».
Un système qui arrive à bout de souffle, dont on voit déjà apparaître les premiers signes annonciateurs : décapitalisation du cheptel creusois, avec une perte de 15 000 vaches mères en 3 ans sur le département, une perte régulière de la rentabilité des exploitations agricoles.
« Il n’y a pas de solution miracle, il nous faut une meilleure valorisation de nos produits, c’est indéniable, mais pour ce faire, il est urgent et impératif de tenir compte des coûts de production, c’est la condition essentielle pour avoir un prix rémunérateur. Il nous manque 1 € du kilo de viande pour atteindre le coût de production et 1 € supplémentaire pour gagner notre vie » souligne Christian Arvis.
Cette loi EGALIM reste une loi inactive pour les représentants agricoles, « on ne peut plus continuer en permanence à perdre de l’argent lorsque l’on vend nos animaux. S’il n’y a plus de rentabilité sur nos exploitations, les conséquences peuvent être parfois dramatiques tant sur le plan financier, mais aussi, et surtout sur le plan psychologique, qui pour certains éleveurs sont au bout du rouleau », martèle le président de la FDSEA.
Avec les propos du président de la fédération, la préfète Virginie Darpheuille écoute des paroles qu’elle n’avait jusqu’à présent jamais entendues, des paroles qui en disent long sur ce message de détresse des éleveurs.
La préfète, attentive aux revendications des organisations syndicales et de leurs responsables, les agriculteurs demandent surtout des actes pour continuer à travailler et à vivre dignement de leur métier.
Virginie Darpheuille, quelque peu surprise de ce contact direct et franc avec les éleveurs, répond : « nous devons travailler ensemble et non les uns contre les autres. Il y a des propositions à retenir, mais il faut préalablement définir un plan méthodologique. Un plan de relance pour l’investissement a été mis en place par le gouvernement, c’est peut-être un outil pour relancer l’économie, mais je sais qu’il ne répond pas pour autant la crise de l’élevage ». Dans l’assistance plusieurs voix s’élèvent, « mais comment s’engager dans un plan de relance à l’investissement alors que nous avons plus de quoi faire face à nos propres échéances ? »
Pour le président Christian Arvis, « ce n’est pas le plan de relance qu’il nous faut maintenant c’est un plan de sauvetage de la filière viande bovine ! »
Quoi qu’il en soit, la FDSEA sera toujours autour de la table pour débattre et engager toutes les mesures visant à sauver l’élevage de la noyade.

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