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Sécheresse
La pluie se fait attendre et l'inquiétude grandit

Le manque d'eau affecte une grande partie du pays. Une vingtaine de départements a déjà pris des mesures. Arvalis Institut du végétal fait le point sur la situation actuelle et sur les paramètres quipeuvent encore jouer sur les rendements. La Chambre d'Agriculture fait un zoom sur le département. Et les responsables professionnels demandent des mesures gouvernementales notamment pour la pâture des jachères et le non enfouissement des pailles.

Au pâturage les animaux reçoivent un complément en foin.
Au pâturage les animaux reçoivent un complément en foin.
© HLP

Jean-Charles Deswarte d'Arvalis-Institut du Végétal dans la lettre Arvalis-infos publiée fin avril rappelle que « le manque d'eau courant montaison n'est pas une surprise en soi : dans de nombreuses régions, les mois de mars et surtout avril sont fréquemment plus secs que le mois de mai ». En revanche, selon lui, ce qui est remarquable et pénalisant, c'est la faiblesse des précipitations depuis le 1er mars qui s'ajoute par endroits à un mois de février déjà sec. « C'est un déséquilibre de 50 à 100 mm du critère P-Etp (précipitations P et évapotranspiration potentielle Etp) qui touche la France depuis le 1er janvier : le Sud-Est est plutôt plus arrosé que d'habitude tandis qu'il fait vraiment plus sec (moins de pluie, plus d'Etp) au-dessus d'une diagonale Biarritz-Besançon ».

Les cultures entrent en stress hydrique

Il alerte alors sur le fait que « même les cultures en sols profonds (RU = 200 mm) vont entrer en situation de stress hydrique compte tenu de l'absence de pluies significatives prévues dans les prochains jours. Pour les sols superficiels, les déficits hydriques dépasseront 40 mm en courant de semaine en l'absence de pluies significatives, seuil souvent considéré comme pénalisant sur la phase pré-floraison. »
« La période du cycle des céréales la plus sensible au stress hydrique va du gonflement à 20 jours après floraison », rappelle Jean-Charles Deswarte. Ainsi, un déficit hydrique courant montaison peut ne pas porter préjudice au rendement, sous réserve que :
- le stress hydrique soit complètement levé à partir du gonflement ;
- les composantes précoces du rendement (densité d'épi, fertilité d'épi) ne soient pas devenues limitantes (possibilité de récupération sur les composantes de rendement mises en place ultérieurement) ;
- il n'y ait pas eu de carence azotée simultanée.
Jean-Charles Deswarte s'appuie sur l'analyse d'essais irrigation menés sur des sables profonds à Pusignan, près de Lyon. Les récoltes 2007 et 2009 ont été l'une et l'autre marquées par un déficit hydrique précoce (similaire à celui en cours), levé par le retour des pluies en 2007, et prolongé par une période sèche en 2009. « Par rapport à une modalité bien irriguée (proche de l'Etm), les pertes de rendements du témoin non irrigué varient de moins de 5 % (2007) à 50 % (2009), selon le retour ou non de la pluie à partir de l'épiaison. »

 

Retrouvez plus d'informations sur notre édition papier du vendredi 13 mai.

L'herbe ne pousse plus

Tous les lundis matins, l’équipe « fourrage » des chambres d’agriculture du Puy-de-Dôme et de Haute-Loire, relève les hauteurs d’herbe. Et depuis quinze jours, le constat est sans appel, en plaine, l’herbe ne pousse plus. Les premiers ensilages d’herbe qui ont débuté la semaine dernière en plaine, font état de quantité en recul de 20 à 40% dans le Puy de Dôme et de 50% en Haute-Loire, même si la qualité est là. En demi-montagne, les travaux devraient débuter prochainement, et « les éleveurs devraient être soumis à des soucis de rendements similaires », explique Pascale Faure, ingénieure « fourrage ». Avec ses collègues, ils commencent à s’interroger sérieusement sur l’éventualité de conseiller aux agriculteurs de récolter les céréales immatures en ensilage, « car de toute façon, il y aura peu de paille ».
En Haute-Loire Patrice Mounier et Régine Tendille, les ingénieurs fourrages altiligériens, précisent « que les parcelles sont tellement maigres à 800-900 mètres d’altitude, que la récolte des céréales immatures n’est pas une solution ». Et ils rajoutent que  « la situation est très compliquée. Depuis quinze jours, les éleveurs élargissent les surfaces de pâtures aux parcelles qui initialement auraient dû être récoltées, en ensilage ou enrubannage. Dans les secteurs, où les agriculteurs ont ensilé, il manque au moins 2 tonnes de matière sèche par hectare».
En moyenne montagne, le temps presse aussi pour les semis de maïs ensilage. La sécheresse rend les implantations périlleuses et en même temps, un semis au-delà du 10 mai est problématique dans la mesure où le maïs doit entrer en floraison autour du 25 juillet.

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