Sécheresse
La paille est trop chère et trop rare, pensez aux plaquettes de bois
Les techniciens agricoles se penchent sur des solutions de litières
qui permettent des économies de paille. À tester…

semble être une solution intéressante.
La sécheresse qui touche toute la France ce printemps a des conséquences directes sur la paille tant en terme de prix que de quantités disponibles. Même si actuellement des commandes groupées sont en cours, il peut être intéressant de se pencher sur des solutions palliatives à l’utilisation de la paille comme litière pour les animaux. C’est ce qu’ont fait les techniciens de la Chambre d’Agriculture de Haute-Loire notamment Bernard Beraud, mis à disposition à la FDCUMA, qui a abordé pour nous la question du «paillage» avec des plaquettes bois.
Une sous-couche de 10 cm
Voilà bien une technique nouvelle, encore peu connue, mais expérimentée depuis quelques années. Il s’agit tout simplement de disposer une sous-couche de plaquettes bois pour servir de litières aux animaux. Une étude conduite par la CUMA Lot Environnement en 2009/2010 permet de mettre en évidence des éléments techniques et économiques intéressants.
Ainsi parmi les points positifs, on peut souligner une amélioration de l’ambiance du bâtiment par l’odeur du bois et une sensation d’air moins vicié. On note également une notion de confort ; les expérimentations montrent qu’un plus grand nombre de vaches se couchent sur une aire ayant reçu des plaquettes plutôt que de la paille. On n’a pas constaté d’échauffements particuliers des litières - à condition toutefois que les plaquettes utilisées soient sèches - et donc pas d’accentuation de problèmes cellulaires. On n’a pas, non plus, relevé de boiteries ni d’échardes. En point négatif, les expériences ont montré qu’avec une couche de plaquettes trop épaisse, de l’ordre de 25 cm ou plus, on assiste à un blocage de l’effet drainant, avec les 15 cm de plaquettes inférieurs qui sont secs. Il faut donc mettre une couche plus fine.
Alors justement, en terme de préconisation, les essais montrent qu’il faut disposer une couche de plaquettes de 10 cm écartée à l’aide du godet du tracteur sur toute l’aire paillée. On peut attendre quelques jours avant de rajouter de la paille en surface. Les plaquettes vont drainer les jus. Il semble intéressant de rapporter une nouvelle couche de 10 cm au bout d’un mois pour recréer une couche drainante, à moins bien sûr de curer.
L’utilisation de plaquettes permet donc de réduire les quantités de paille pour les litières. Les techniciens qui ont suivi ces essais constatent que selon les systèmes et les pratiques des éleveurs, le nombre de passage pour curer les aires est identique avec plaquettes ou non. Attention, pas de plaquettes sur les aires à lisier.
20 €/VL d’économie
Faisons une approche économique. Avec le prix actuel de la paille, on peut estimer gagner un peu plus de 20 € par vache minimum, grâce à une économie de 30% de paille et ce pour un confort des animaux maintenu. On estime le besoin en paille pour une vache de 8 kg par jour, soit une somme de 1,4 tonne par hiver (180 j). Si on utilise des plaquettes bois, il en faudra 4 m3 auxquels on rajoutera 5 kg de paille par jour soit 875 kg. À partir de 30 % d’économie de paille, ce système est gagnant et ce d’autant que la paille est chère, voire très chère (cf tableau).
Le fumier est composté
Et qu’en est-il de la valorisation du fumier ? Selon les techniciens, avec les plaquettes bois, on conseille le compostage pour avoir un bon mélange bois et paille et permettre un épandage homogène. Cette litière se composte très bien. On pourrait craindre une certaine acidité due aux tanins du bois, mais les expériences démontrent qu’il n’en est rien. En terme de coût, il est important de noter que le compostage diminue presque de moitié le volume du fumier, et le coût des 2 retournements nécessaires est compensé par une économie sur l’épandage en temps et en déplacements.
L’utilisation de plaquettes de bois n’en est qu’au stade des premières expériences grandeur nature. Néanmoins les techniciens qui s’y sont intéressés n’ont pas mentionné d’inconvénients majeurs. C’est une solution qui présente un intérêt certain notamment en cette période où la paille est rare et chère.
Sources : «Diversification des sources de paillage en filière animale…»
par la CUMA Lot Environnement
Renseignements :
Pour toutes informations complémentaires, s’adresser à la FDCUMA - Bernard Beraud -
tel : 04 71 07 21 24.