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La mobilisation syndicale monte d’un cran

Après la rencontre avec les élus du département le 25 janvier dernier, les syndicats creusois FDSEA et JA ont monté le ton d’un cran ces jeudi 4 et vendredi 5 février par des actions plus visibles du grand public.

© MR

Jeudi après-midi, JA 23 a imprimé le rythme en rendant visite à la grande distribution de Guéret. L’objectif était principalement de prendre rendez-vous le 16 février prochain avec les directeurs d’enseignes pour une réunion destinée à organiser les filières viande et lait au niveau local.
Le convoi de tracteurs (munis de leurs bennes de produits locaux) et de voitures est allé de supermarché en supermarché, à la rencontre de leurs directions. La première étape, au Carrefour Market de Guéret, s’est déroulée de la façon la plus sympathique possible, puisque le tout nouveau patron de l’enseigne, Jérôme Guéraud, n’est autre qu’un ancien agriculteur, ancien élève d’Ahun comme les manifestants. Il a donc accueilli chaudement les agriculteurs, et leur a expliqué ses projets pour son magasin : il souhaite monter un rayon boucherie traditionnelle, alimenté en viande locale, et pour lequel un boucher est déjà en cours de recrutement. Il a également indiqué souhaiter, dans ce cadre, se libérer de sa dépendance à sa plate-forme, qui ne le livre qu’en viande déjà conditionnée en barquettes. Il a volontiers accepté l’invitation de JA pour le 16 février, proposant de lui-même d’emmener avec lui un acheteur de la plate-forme. La visite de l’établissement a donc été calme, l’étiquetage des produits modéré, et le convoi est reparti dans le calme.

Une rencontre aura lieu
La seconde étape s’est déroulée à l’autre enseigne Carrefour de la capitale creusoise. Ici l’ambiance a été tout à fait différente, le directeur affirmant qu’il ne gagnait presque pas d’argent. À Intermarché, une surprise de taille attendait les agriculteurs, avec de la viande mal étiquetée ; le veau était devenu porc, le poulet du bœuf...
Chez Leclerc comme à Carrefour Market, le directeur a fait preuve de pédagogie en expliquant s’alimenter principalement en viande locale et en privilégiant la boucherie traditionnelle. Rendez-vous a été pris avec l’ensemble des établissements, à l’exception de Lidl, dont le fonctionnement fait qu’il n’y avait pas de responsable sur place, et d’Intermarché, dont le directeur était absent, mais des coordonnées ont été échangées. Cette grande rencontre entre éleveurs et distributeurs guérétois aura lieu dans l’après-midi le 16 février prochain.
À la fin de la journée, tracteurs et manifestants se sont retrouvés en centre-ville de Guéret, où les dernières bennes ont été déposées devant la DDT et la maison du Conseil régional. Une rencontre inopinée a eu lieu devant l’Hôtel de Ville avec des élus locaux venus là pour un autre sujet. Une délégation a donc été reçue à l’improviste et a fait entendre les revendications des agriculteurs.

Des barrages filtrants à La Seiglière
Le lendemain, FDSEA et JA avaient donné rendez-vous aux agriculteurs au carrefour de La Seiglière à Aubusson.
Dès 11 h 00, les manifestants ont commencé à se rassembler. En tout, ce sont près de 150 agriculteurs qui s’étaient mobilisés. Les barrages filtrants se sont mis en place afin de pouvoir distribuer des tracts aux automobilistes et expliquer pourquoi les éleveurs étaient là aujourd’hui ; des automobilistes la plupart du temps compréhensifs et adressant des messages de soutien aux agriculteurs.
Puis, vers 15 h 00, tracteurs et matériels ont ouvert le cortège en direction du centre-ville aubussonnais. Au passage du cortège, passants et commerçants étaient pour certains ébaubis de voir ce spectacle, d’autres applaudissaient et adressaient des messages de soutien. Petit passage devant la permanence du Parti Socialiste qui s’est retrouvée ensevelie sous quelques kilos de paille. Puis, devant la Sous-Préfecture, le ton s’est durci. Une benne a laissé quelques souvenirs agricoles devant la grille avant qu’une tonne de lisier n’ait déversé son contenu par-dessus, devant des forces de l’ordre un peu « désarmées ».

Un sentiment d’abandon
De nouveau rassemblés en bas de la rue Saint-Jean, les manifestants ont retrouvé les politiques du département, conviés par le syndicalisme. Ces derniers ont été invités à venir apporter quelques éléments de réponse à la feuille de route donnée lors de la réunion en Préfecture du 25 janvier. Michel Moine, maire d’Aubusson, Jean-Baptiste Dumontant et Jean-Luc Léger, conseillers départementaux respectivement des cantons d’Aubusson et de Felletin, Cyril Victor, Geneviève Barrat et Éric Correia, conseillers régionaux creusois étaient présents.
Le président de la FDSEA, Pascal Lerousseau, a rappelé les points sur lesquels les élus devaient s’attacher auprès de leurs instances respectives : PAC, chèque installation jeune agriculteur, MAEC finition et prix des productions.
De son côté, le président de Jeunes Agricuteurs, Jean-Marie Colon, a martelé le sentiment « d’abandon par nos élus, par notre Ministre ! » et la première demande des agriculteurs, toutes productions confondues, « avoir des prix rémunérateurs, pour que l’on vive de notre métier ». Et chacun de demander du concret et pas de blabla. « On préfère que vous nous disiez que vous ne savez pas et que vous allez vous renseigner plutôt que vous nous baratiniez » lance Pascal Lerousseau.
Christian Arvis, secrétaire général de la FDSEA, demande au Conseil départemental de faire pression auprès des cantines et autres EPHAD dont celui-ci a l’administration pour qu’ils orientent leurs achats sur des produits français, voire locaux. Les conseillers départementaux ont assuré mettre des choses en œuvre mais qu’ils restent contraints par la législation relative aux marchés publics.

De la nécessité de s’approvisionner en local
Toutefois, des initiatives existent, comme Michel Moine l’a souligné. « Sur Aubusson, dès que cela est possible, on privilégie l’approvisionnement de proximité notamment sur les légumes, les fromages, etc. Sur la viande c’est plus compliqué étant donné qu’on n’a plus d’abattoir… » Pour Pascal Lerousseau, il ne s’agit pas d’opposer circuits-courts et autres schémas mais de trouver des systèmes différents qui permettent de s’approvisionner en produits locaux. Tout est à mettre en place.
« Si on peut manger français c’est bien, si on peut manger régional, c’est mieux et si on peut manger local c’est encore meilleur ! ».
Pour le président de JA, la crainte est justement de voir les laiteries creusoises disparaître au même titre que l’abattoir.
Côté élus régionaux, la question de la MAEC finition est mise sur la table. Les élus ont assuré avoir appuyé pour que l’enveloppe soit respectée, tout comme les engagements pris dans le cahier des charges initial. Le 19 février, une réunion régionale abordera le transfert des compétences de la Région au Département. Les élus se sont engagés à s’assurer que le chèque installation y serait abordé.
Pour les syndicalistes, la pression doit se poursuivre. Ils envisagent de bloquer les centrales d’achat au niveau national pour stopper les approvisionnements et créer une pénurie des denrées pour se faire entendre s’il le faut. Le combat n’est pas fini !

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