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La mise en place d'Égalim 2 nécessite d'être encore plus précis

Dans la cadre de sa mise en oeuvre, un point d'étape a été fait vendredi, sous l'égide du préfet Serge Castel, avec les responsables de la Chambre d'agriculture et des interprofessions.

Et si rien ne change d'ici 2030, il y aura 600 000 vaches de moins, et on pourrait même atteindre plus d'un million de moins dans les scénarios les plus pessimistes.
Et si rien ne change d'ici 2030, il y aura 600 000 vaches de moins, et on pourrait même atteindre plus d'un million de moins dans les scénarios les plus pessimistes.
© UC

Les responsables de la Chambre d'agriculture et des interprofessions départementales ont participé, vendredi 20 mai, à une réunion en préfecture sur l'application de la loi Égalim 2 dans les filières laitière et bovin allaitant. Les différents maillons des filières avaient répondu présents, tant pour la filière laitière comme pour la filière viande. Morceaux choisis.

La décapitalisation se poursuit
Patrick Chazal, responsable du pôle développement économique de la Chambre d'agriculture, montrait, en introduction, une décapitalisation sans précédent au plan national, comme dans le Cantal, sur les effectifs de bovins laitiers comme allaitants. Une situation d'autant plus préoccupante avec la hausse des charges exceptionnelle consécutive à la guerre en Ukraine. Ainsi, le coût de l'engrais a été multiplié par deux sur un an, celui de l'énergie par 1,7 et l'aliment gros bovin a pris 30 % d'augmentation (cours des intrants Ipampa).
Face à cela, les prix des produits agricoles montent également, mais sans permettre des améliorations nettes du revenu, qui, que ce soit pour les exploitations laitières de montagne ou allaitantes, connaissaient des revenus historiquement bas avant la crise ukrainienne. Dans ce contexte économique très incertain, sans perspectives de prix certains, les agriculteurs peuvent faire le choix de ne pas produire.
Pour autant, la loi Égalim 2 doit permettre de sécuriser les revenus. Le préfet et les services de la Direction départementale des territoires (DDT) ont rappelé l'esprit de la loi et l'objectif, en intégrant les coûts de production dans les formules de prix, de la non négociabilité de la matière première agricole. Ces prix doivent donc être sanctuarisés à l'aval de la filière, et au bon niveau, comme l'a rappelé la représentante de la direction régionale de l'économie, l'emploi, du travail et des solidarités (DREETS), chargée des contrôles de l'État sur l'application de la loi Égalim 2.
Ainsi, prix de revient et règles d'évolution doivent figurer dans les contrats désormais pour le lait, mais aussi les bovins allaitants de plus de 12 mois. En lait, le dernier prix de revient publié par le Cniel s'établissait à 457 EUR/1 000 litres pour 2020. D'après les responsables de la Chambre d'agriculture, les premiers éléments de calculs réalisés par l'Institut de l'élevage (Idele) donnent + 24 EUR/1 000 litres pour le prix de revient entre 2020 et 2021, et une hausse de charge de + 18 à + 64 EUR/1 000 litres en 2022 par rapport à 2021, soit, potentiellement, un coût de production laitier en montagne se situant entre 499 à 545 EUR/1 000 litres pour 2022.

Premiers exemples vertueux en viande bovine
Concernant la viande bovine, des premiers exemples vertueux de contrats  ont vu le jour. Ainsi, Steve Feuillet, gérant du magasin Carrefour de Jussac, a présenté la démarche de contractualisation de génisses viande issues de la race salers. Quatre éleveurs ont signé des contrats conformes à Égalim 2 basés sur deux indicateurs nationaux : le prix de revient diffusé par l'interprofession (Interbev) chaque semestre ; le prix de marché avec la cotation FranceAgriMer des génisses viande.
Deux actualisations sont prévues annuellement avec : l'indice Ipampa viande bovine qui est retenu pour l'actualisation du prix de revient et la mise à jour de la cotation nationale FranceAgriMer des génisses viande. Un partenariat gagnant-gagnant pour les éleveurs comme le distributeur. Mais le bonheur des uns ne fait peut-être pas les affaires des autres.
Notamment les négociants en bestiaux, venus en nombre à la réunion, et qui s'interrogeaient sur la compatibilité d'Égalim 2 avec les pratiques de la coopération. La loi s'applique sur tout le secteur agro-alimentaire, que les collecteurs soient des outils privés ou coopératifs. Ainsi, plusieurs coopératives ont déjà communiqué les formules de prix utilisées auprès de leurs adhérents. Au sein des négociants, certains propos étaient cependant plus mesurés que d'autres. Une seule certitude pour les représentants de la Chambre d'agriculture : chaque année, un million de broutards partent en Italie. Et si rien ne change d'ici 2030, il y aura 600 000 vaches de moins, et on pourrait même atteindre plus d'un million de moins dans les scénarios les plus pessimistes. Des chiffres vertigineux qui démontrent la nécessité de revoir très vite le "logiciel" de prix du broutard, sans quoi tous les opérateurs de cette filière seront sanctionnés par la pénurie d'offre. Des contrats sont aujourd'hui signés sur les JB en France, même si la loi française ne s'applique pas en Italie, au regard de l'équilibre offre/demande, il serait étonnant que les Italiens ne cherchent pas à sécuriser leurs approvisionnements... Tout le monde s'accordait néanmoins sur le fait qu'il faut couvrir les coûts de production des éleveurs : les derniers calculs de coût de production datés de fin mars en vaches allaitantes sont montés à 5,88 EUR/kg carcasse et pour le broutard 3,89  EUR/kg vif ! Conclusion : la nécessité de faire le point sous un mois en comité restreint, afin d'entrer dans les détails de l'application de la loi et apporter des solutions pragmatiques aux craintes et écueils soulevés.

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