Santé mentale
La Maison des ados, sous la houlette d’Accent jeunes
L’ampleur du phénomène du mal-être chez les adolescents du Cantal inquiète fortement les institutions et les professionnels.
L’ampleur du phénomène du mal-être chez les adolescents du Cantal inquiète fortement les institutions et les professionnels.
La Maison des adolescents du Cantal rouvre ses portes après quatre mois de fermeture
L'arrêt de l'activité au 31 décembre 2024 avait créé un vide significatif, laissant les adolescents et leurs parents sans structure de proximité pour répondre à leur mal-être. Géré auparavant par le centre hospitalier, le dispositif Maison des adolescents (MDA) avait dû fermer en raison de difficultés de fonctionnement.
L'association Accent jeunes relève le défi
Face à cette situation, l'Agence régionale de santé (ARS) a lancé un appel à projet en décembre 2024, avec une réponse attendue fin janvier 2025. "Nous, association Accent jeunes, avons accepté le challenge et relevé le défi, sachant qu'il va être très complexe et multifactoriel", a expliqué Philippe Besombes, président d'Accent jeunes, lors de son discours.
L'équipe est réellement au travail et je veux vraiment les saluer parce que c'est un travail extrêmement prenant avec des situations, parfois légères, mais souvent très lourdes. »
Un besoin qui s'exprime dans le Cantal
En moins de quatre mois d'activité, les chiffres témoignent d'un réel besoin sur le territoire : 77 personnes (jeunes et parents confondus) ont été reçues, pour un total de 171 rendez-vous proposés. "L'équipe est réellement au travail et je veux vraiment les saluer parce que c'est un travail extrêmement prenant avec des situations, parfois légères, mais souvent très lourdes", a souligné Nathalie Puech-Gimenez, directrice d'Accent jeunes.
La MDA 15 s'adresse aux jeunes de 11 à 21 ans, à leurs parents et aux professionnels travaillant auprès des adolescents. Lieu gratuit, confidentiel et anonyme, elle propose un accueil sans rendez-vous, des entretiens individuels ou familiaux, des ateliers collectifs thématiques et un soutien à la parentalité.
Un budget renforcé pour 2025
L'ARS a significativement renforcé son soutien avec plus de 160 000 € en 2025 et 250 000 € par an à partir de 2026. Cette enveloppe permet de structurer une équipe pluridisciplinaire de sept personnes à temps partiels (psychologues, éducateurs) et de déployer des antennes à Aurillac, Mauriac, Saint-Flour et prochainement Maurs pour assurer une couverture départementale.
Le Conseil départemental du Cantal maintient également son engagement financier. "Pour le département, cet engagement s'inscrit pleinement dans notre rôle de chef de file des solidarités", a déclaré Marie-Hélène Chastre, représentant Bruno Faure, président du Conseil départemental. La fondation du Crédit agricole Centre France a également contribué au financement du mobilier et versé un chèque de 15 000 €.
Le manque criant de pédopsychiatrie
Malgré tous ces soutiens matériels, Philippe Besombes n'a pas caché une autre source d'inquiétudes : "Malgré l'ouverture de cette structure, nous ne pouvons, collectivement, garantir une suite à la prise en charge de ces ados en difficulté en cas de grand danger. Une orientation vers la pédopsychiatrie semble difficile et remet en cause cette logique de prévention."
La santé mentale des jeunes est impactée fortement et les difficultés en augmentation. Elle nous inquiète beaucoup au sein de l'Éducation nationale. »
L'urgence de la santé mentale des jeunes
Les représentants de l'État ont admis l'ampleur du problème. Selon les données nationales présentées lors de l'inauguration, une adolescente sur trois présente des symptômes dépressifs sévères, et les passages aux urgences pour tentatives de suicide ou gestes auto-agressifs sont en forte augmentation, notamment chez les jeunes filles, chez qui on trouve également des troubles d'anorexie mentale.
"La santé mentale des jeunes est impactée fortement et les difficultés en augmentation. Elle nous inquiète beaucoup au sein de l'Éducation nationale", a confirmé Laurence Amy, inspectrice d'académie. « Avoir un partenaire et un relais dans l'immédiateté et en proximité, c'est absolument indispensable. »
Pierre Mathonier, maire d'Aurillac, a salué la localisation des nouveaux locaux dans la vieille ville que la municipalité met à disposition, « à proximité des moyens de transport » et « discrets », pour respecter la confidentialité nécessaire à ce type d'accompagnement.
La MDA est présente à Aurillac, passage de la Barbantelle (04 71 45 62 14) ; à Saint-Flour, rue du Docteur-Mallet (04 71 45 62 14) ; à Mauriac, rue du 8-Mai, et prochainement une antenne doit ouvrir en Châtaigneraie, à Maurs. Il est aussi possible d’adresser un courriel : secretariat@mda15.fr
Cinq entretiens maximum : le défi de la Maison des adolescents du Cantal
L'un des principaux défis de la MDA 15 réside dans les contraintes temporelles imposées au dispositif. « Les éducateurs ne disposent que de cinq entretiens avec les jeunes. Après l'observation, il faut orienter tout de suite sans envisager de lien dans la durée avec les adolescents », a expliqué Philippe Besombes.
Une approche adaptée aux contraintes
Une limite qui oblige les professionnels à travailler différemment. « L'enjeu est de renforcer les compétences des adolescents et de leurs parents pour les situations les plus simples. Pour les autres, il sera nécessaire de les orienter vers le réseau des partenaires, de trouver des stratégies face au manque en pédopsychiatrie et en libéral », précise Nathalie Puech-Gimenez.
L'enjeu est de renforcer les compétences des adolescents et de leurs parents pour les situations les plus simples. »
Face à ces contraintes, l'équipe s'appuie sur les théories de l'attachement et une approche d'« aller vers », héritée de la prévention spécialisée. Cette approche se concrétise également par des « actions hors les murs pour aller à la rencontre de ceux qui n'osent pas pousser notre porte », avec des outils de communication pour faire connaître la structure auprès des jeunes Cantaliens.
La MDA 15 est reconnaissable à son nouveau logo.