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Syndicalisme
La future PAC en question

Parce que 2013 approche à grands pas, la FRSEA a réuni la semaine dernière tous les organismes en lien avec l'agriculture pour une journée d'information et d'échanges autour de la future PAC.

Les participants échangent leurs points de vue.
Les participants échangent leurs points de vue.
© D.R.

Depuis la mise en place de la première politique agricole commune (PAC) suite au Traité de Rome (1957), beaucoup de bouleversements sont intervenus dans l'agriculture et plus largement dans le monde. La situation du secteur agricole aujourd'hui est la résultante de ces politiques successives, bonnes ou moins bonnes, et les évolutions de la PAC permettent de comprendre le contexte actuel et d'envisager l'avenir de l'agriculture.

Pour donner à chacun des clés pour décrypter la situation, la FRSEA Limousin a organisé en collaboration avec la FNSEA, une réunion d'information et d'échanges autour de la PAC à l'horizon 2013, réunion animée par Claude Soudé, sous-directeur du département économie de la FNSEA.

Pour cette dernière, la volonté est affichée de se préoccuper dès aujourd'hui de la prochaine étape alors que le bilan de santé de la PAC est tout juste mis en œuvre.

La PAC de 57 à nos jours…

Pour savoir où l'on va, il faut savoir d'où l'on vient. C'est dans cette optique que Claude Soudé est revenu dans un premier temps sur les différentes périodes de construction de la politique agricole européenne et sur la situation française. Au centre des débats ensuite, les enjeux et les questions qui vont se poser lors des réflexions sur la future PAC. Les objectifs initiaux de la PAC (augmenter la productivité, stabiliser les marchés, garantir la sécurité des approvisionnements, etc.) ont beaucoup évolué au fil du temps, notamment au gré des élargissements successifs de l'Union européenne. Une question s'est alors posée : comment gérer une politique commune avec des pays aux agricultures aussi contrastées ? D'une logique de production avec intervention de l'Etat, l'Europe est donc passée dans les années 90 à une logique de compétitivité. Il n'était plus possible de continuer à avoir des prix déconnectés du marché mondial, l'Europe étant soumise aux négociations mondiales (94 : création de l'OMC). En 2003, l'élargissement à 10 nouveaux pays pousse l'Union à accompagner la baisse des prix et à découpler les aides de la production, le couplage étant accusé de fausser le marché. Aujourd'hui, la PAC s'appuie sur trois orientations fondamentales : un désengagement de la gestion des marchés, une baisse des soutiens directs et un développement durable.

A l'issue de cette présentation, nombreux sont les participants qui s'interrogent sur la compétitivité et sur ce que deviendront la protection sociale agricole ou encore certaines niches. En réponse à ces questions, Claude Soudé réaffirme : « L'Europe est un espace ouvert, il ne se refermera pas. Etre compétitif est nécessaire car le revenu agricole ne se basera plus strictement sur des aides ». La situation doit donc être envisagée sous un angle nouveau, l'agriculture ne rimera plus uniquement avec produire mais aussi avec valoriser et entretenir avec des compensations à la clé.

Des pistes de réflexion

Quid de la situation française ? Le secteur agricole demeure stratégique et de nombreux défis sont à relever dans l'avenir : l'alimentation, la préservation des ressources (eau, biodiversité, etc.), le réchauffement climatique, les aspects sociaux et territoriaux. Tous les pays européens ne partagent pas la même vision de la PAC. Pour obtenir des résultats satisfaisants, la France va devoir convaincre. Claude Soudé attire l'attention de la salle sur les questions qui se posent. Vers quelle PAC doit-on aller ? Quels outils de régulation, de gestion de marché, quels soutiens doivent être mis en place et pourquoi faire ? Les outils actuels (ICHN, PHEA, etc.) sont-ils suffisamment adaptés pour répondre aux objectifs ? En outre, les ONG environnementales, le Président de la République, les ministres de l'agriculture européens ou encore les économistes ont également des divergences de points de vue sur les objectifs de la future PAC. Malgré tout, on retrouve dans leurs analyses des notions communes : territoire, environnement, biens publics. Si l'on peut se féliciter de la citation de certaines, d'autres semblent plus préoccupantes pour le Limousin notamment la question de l'environnement. Bons élèves en la matière, les agriculteurs semblent fatigués de la surenchère législative à ce niveau. Les réactions de la salle face aux questions posées ne se font pas attendre. Doit-on aider une exploitation ou bien un individu ? Comment avoir un message constructif dans la morosité ambiante ? Comment vendre le modèle limousin en Europe ? Et l'homme dans tout ça ?

Face à ces questions, Claude Soudé rappelle que la France a toujours été le défenseur de l'aspect humain. Néanmoins, on ne peut désormais revenir en arrière. Plusieurs éléments vont être au centre des débats à venir : la valeur des services rendus par l'agriculture (hors production), la structuration des filières pour conserver nos gains de productivité, la contractualisation et la régulation qui donnent une vision sur l'avenir. La profession va donc devoir se serrer les coudes et s'adapter.

La France, première bénéficiaire des politiques européennes, a intérêt à défendre la PAC mais pour ce faire, il faut un bon projet, équitable entre région et production. Il faut se mettre au travail dès à présent.

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