La fondation Carasso, poids lourd discret de la philanthropie agricole
Discrète, la fondation Carasso est le poids lourd de la philanthropie dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation, avec près de 5 millions d’euros distribués en 2022 à des projets locaux ou nationaux. Objectif affiché : accélérer le changement d’échelle de la transition agroécologique.
Carasso : le nom est connu en Espagne, mais reste discret en France. Avec près de 5,3 millions d’euros distribués en 2022, la fondation éponyme serait pourtant le principal acteur de la philanthropie agricole en France. L’écart par rapport au reste du podium est significatif : la fondation Léa Nature affiche 2,6 millions d’euros en 2021, quand la fondation Avril a distribué un million d’euros la même année.
« Alors que la plupart des autres acteurs sont des fondations de flux, nos financements sont pérennes », rappelle Mathilde Douillet, responsable de l’axe Alimentation durable de la fondation. L’organisation a été nommée en l’honneur du fondateur de Danone en France et aux États-Unis, Daniel Carasso et de son épouse Nina. Mais c’est bien la fille du couple, Marina Nahmias, qui a doté la structure de 500 millions d’euros de patrimoine en la créant en 2010. Les dividendes de cette enveloppe servent désormais à financer les porteurs de projet dans deux secteurs : l’art citoyen et l’alimentation durable.
Accélérer la transition
La fondation ouvre chaque année plusieurs appels à projets dédiés aux projets de terrain ou de recherche, dans le domaine de la production agricole comme de la précarité alimentaire. Des structures comme les Civam, Trame, ou encore certaines Cuma bénéficient de financements allant de 30 000 € à 150 000 € sur trois ans. Mais, depuis cinq ans, retrace Mathilde Douillet, l’organisation a renforcé son ambition pour accompagner « le changement d’échelle de la transition ». Parmi les plus grosses subventions : près de 600 000 € sont accordés annuellement à la prospective en matière de politiques agricole, au travers de la chaire Alimentations du monde (Unesco et Cirad) et de l’Ipes-Food, le Giec de l’agroécologie présidé par Olivier de Schutter.
Lancé en 2021, et doté de 5,6 millions d’euros sur quatre ans, le programme dédié aux territoires en transition agroécologique et alimentaire (Tetraa) accompagne également des collectivités dans neuf territoires, dont Grande-Synthe, Mouans-Sartoux, ou Bourg-en-Bresse. Objectif affiché : « accélérer et pérenniser les initiatives à l’œuvre », mais également « consolider une ingénierie de la transition ». La fondation espère en tirer des leçons sur « le portage politique des élus, le fonctionnement du couple élu-technicien, ou les espaces d’échange, qui sont des leviers d’accélération », détaille Mathilde Douillet.