La FNSEA attend « du pragmatisme et du concret »
À l’approche des élections présidentielles et législatives, la FNSEA a présenté ses 13 mesures pour les 200 premiers jours du futur chef de l’État.
Les candidats seront invités à se positionner sur ces propositions qui vont d’un plan national d’investissement agricole à la Pac, en passant par les relations commerciales, le loup ou encore le statut d’agriculteur. « On ne va pas passer notre vie, à la FNSEA, à être en défensif ! Ce que l’on veut, c’est offrir au consommateur comme au citoyen des choix, mais des choix éclairés : une alimentation diversifiée, l’excellence gastronomique française, une agriculture territorialisée, des exploitations et des industries performantes. C’est ce que l’on attend du projet du futur président », a affirmé Xavier Beulin. Dans un contexte de crise qui perdure pour beaucoup de filières, le syndicat veut prendre les devants avec des propositions immédiatement applicables : « On veut être très concrets et très pragmatiques », souligne le président de la FNSEA.
Compétitivité
Pour Xavier Beulin, c’est la question de l’avenir de l’agriculture et de toute la filière qui est en question. Il faut choisir entre un système où le coût alimentaire doit être le plus bas possible, ce qui aura pour corollaire une agriculture axée sur la compétitivité pure et dure « ou alors on revendique notre spécificité mais cela suppose de ne pas être indexés sur les mêmes prix que nos voisins », explique-t-il. Pour redonner des marges de manœuvre aux agriculteurs, la FNSEA propose une TVA sociale afin de supprimer totalement les cotisations famille et maladie des agriculteurs, une augmentation du taux du Cice pour faire baisser le coût du travail salarié, la création d’une réserve de précaution et le calcul de la retraite agricole sur les 25 meilleures années. Sans oublier, l’arrêt de la sur-transposition des normes européennes. D’autres mesures son en lien avec la valorisation des produits, comme la réforme du cadre réglementaire des relations commerciales. « La diversité agricole et agroalimentaire doit être revendiquée », souligne Xavier Beulin, en particulier face à des concurrents européens qui ont des productions plus standardisées. À l’échelle européenne, la Pac doit être repensée, en lien avec les attentes citoyennes, mais en protégeant davantage les producteurs de plus en plus soumis à la volatilité.
Investissement et durabilité
L’avenir de l’agriculture ne pourra être exemptée d’investissements : la FNSEA propose un grand plan national 2017-2022 d’au minimum 6 milliards d’euros, pour moderniser l’agriculture française. L’innovation est la clé de la durabilité de l’agriculture française, d’où la volonté du syndicat d’introduire un principe d’innovation dans la charte de l’environnement et d’assurer l’évolution des pratiques. Le syndicat majoritaire souligne également la nécessité de mettre en place une politique structurée de la ressource en eau, nécessaire pour anticiper le changement climatique. Tous ces investissements doivent permettre à l’agriculture française de passer un cap difficile et de se projeter dans l’avenir en misant sur ses qualités. Il s’agit aussi de défendre un modèle agricole, avec des agriculteurs à la tête de leurs exploitations, responsables de leurs décisions. Ce qui, pour la FNSEA, doit également passer par la mise en place d’un véritable statut de l’agriculteur, demandé mais non obtenu lors de la rédaction de la loi d’avenir, statut d’autant plus d’actualité qu’il permettrait de protéger le patrimoine privé des agriculteurs. À partir de janvier, la FNSEA rencontrera les candidats pour leur soumettre ces propositions. Le Salon de l’agriculture et, comme en 2012, le congrès de la FNSEA fin mars, seront également l’occasion pour la profession agricole de recevoir les candidats.
Les 13 mesures de la FNSEA
- Un grand plan national d’investissement agricole 2017-2022
- Une politique structurée de la ressource en eau
- Un statut de l’agriculteur professionnel
- Un principe d’innovation dans la charte de l’environnement
- Un égal accès à la téléphonie et au très haut débit
- La TVA sociale
- Une augmentation du taux du crédit d’impôt compétitivité emploi
- Un réserve de précaution sous la forme d’un outil fiscal moderne et souple
- Des retraites décentes aux agriculteurs en les calculant sur les 25 meilleures années
- Une réforme du cadre réglementaire des relations commerciales
- Une refonte du projet agricole et agroalimentaire européen, protecteur et conquérant
- L’arrêt immédiat de toute sur-transposition des normes européennes
- Le déclassement du loup dans la convention de Berne et dans la directive habitat