CAPRINS
La filière chevreaux en plein développement
Une vingtaine de producteurs laitiers et fromagers se sont réunis dernièrement dans la Drôme pour travailler sur la structuration de l’amont de la filière chevreaux en Auvergne-Rhône-Alpes.
Une vingtaine de producteurs laitiers et fromagers se sont réunis dernièrement dans la Drôme pour travailler sur la structuration de l’amont de la filière chevreaux en Auvergne-Rhône-Alpes.
Actuellement, près de 90 % des chevreaux nés en Auvergne-Rhône-Alpes (hors reproducteurs) partent en filière longue. Des engraisseurs les collectent sur les fermes. Les bêtes sont ensuite abattues et vendues à l’export
(60 %), ou en GMS principalement à Noël et à Pâques (40 %) en demi ou quart de carcasse. Le poids ne dépasse pas les 6 kilos.
Pour développer les perspectives de la filière, un comité de pilotage de la filière chevreaux a été lancé en septembre dernier. Ce dernier doit donner lieu à un plan filière dans les mois à venir. « La région est motrice, les éleveurs travaillent dessus depuis dix ans », détaille Léna Orhant, chargée de mission de la filière, employée par Interbev Auvergne-Rhône-Alpes. La jeune femme a animé récemment une réunion ouverte aux producteurs régionaux. L’objectif ? Mettre en place un collectif d’éleveurs pour regrouper l’offre en chevreaux de boucherie.
10 % des éleveurs engraissent et vendent en direct
Léna Orhant tient à le préciser, cette initiative est complémentaire à la filière longue. « Il n’existe actuellement pas d’opérateurs pour mettre en relation les potentiels acheteurs de chevreaux lourds et les éleveurs, détaille-t-elle. On pressent que les bouchers pourraient être intéressés pour acheter des carcasses de chevreaux lourds, puisque le rendement sera plus intéressant pour eux. » Pour l’instant, 10 % des éleveurs de la région engraissent sur leur ferme pour vendre en direct ou en magasins de producteurs. Les chevreaux sont alors engraissés durant deux mois pour un poids carcasse de 9 kilos minimum. Résultat ? Une viande plus ferme, tendre et savoureuse, mais plus onéreuse.
Les éleveurs sont confrontés à un second paramètre. À l’heure actuelle, trois entreprises collectent les chevreaux régionaux. Mais avec l’augmentation des prix de l’énergie et de la poudre de lait, certains ateliers ferment ou diminuent le nombre de ramassage dans les fermes. Se structurer entre producteurs devient donc une des solutions possibles pour proposer un circuit alternatif et sécuriser les élevages.
Se regrouper en association de producteurs
La réunion, organisée dans la Drôme, a réuni une vingtaine d’éleveurs laitiers et fromagers, essentiellement Drômois et Ardéchois. « Tous ont convergé sur l’intérêt de se regrouper pour fournir du chevreau lourd, c’est une grande première, » s’enthousiasme la chargée de mission. Il faut réfléchir petit à petit la logistique pour joindre l’offre en chevreaux engraissés et les débouchés potentiels. L’idée est de pouvoir fournir en quantité et en continu et mieux valoriser la viande. À la suite de cette rencontre, les éleveurs ont décidé de se regrouper en association à dimension régionale. « Elle pourra accepter des adhérents de toute la région et utiliser des abattoirs départementaux, équipés pour les ovins et donc aptes à abattre des poids vifs plus lourds que ce que sont capables de faire les chaînes d’abattage actuelles des entreprises privées qui s’occupent des lapins, volailles et chevreaux légers », ajoute Léna Orhant.
Jusqu’à présent, le volet chevreaux était inclus dans le plan filière caprin lait. Cette année, une enveloppe de 160 000 € pour le plan filière chevreaux a été actée. Une première ! La répartition de son budget sera votée fin juin. En plus de la structuration de l’offre en amont et du déploiement d’une stratégie marketing, le plan filière comprend du conseil et de l’aide à l’investissement sur les élevages, de la communication et des actions de sensibilisation des métiers de bouche.
Pour la chargée de mission, cela ne fait aucun doute : cette décision est la reconnaissance d’une filière à part entière.