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ÉPIZOOTIE
La FCO engourdit les élevages ovins puydômois

Le Puy-de-Dôme comme l'ensemble du Massif central a connu dès la mi-août une épidémie de FCO-8 avec des conséquences sanitaires et économiques majeures notamment dans les élevages ovins.

Dans les élevages ovins, jeunes et vieux animaux ont été touchés.
© ©MC

Depuis la mi-août, la fièvre catharrhale ovine (FCO) s'immisce par vague dans les élevages. Le Puy-de-Dôme n'a pas été épargné notamment les éleveurs ovins. À Lezoux, dans la plaine de la Limagne, Thierry Orcières a dénombré plus d'une quarantaine d'animaux malades sur les 1 400 constituant son troupeau. « Malgré les soins apportés, seuls dix ont été sauvés. » À quelques kilomètres de là, à Égliseneuve-près-Billom, l'élevage de Samuel Sion a lui aussi été contaminé. Sur ses deux troupeaux ovins allaitant et lait, une cinquantaine d'animaux a contracté la FCO. « Tous en sont morts dont cinq béliersÀ contrario  son troupeau bovin n'a pas été touché ou « n'a pas eu de symptômes ». Guillaume Cercy, éleveur ovin à Chapdes-Beaufort, a eu plus de chance avec seulement trois brebis atteintes. « Deux sont mortes en trois jours, la dernière est morte 15 jours plus tard. » Loin d'être impressionnants, ces chiffres témoignent malgré tout de la violence de la maladie puisqu'elle a touché, aux dires des éleveurs, autant « les animaux fragiles que les plus sains (...) les vieilles comme les jeunes brebis, pleines ou non ».

Un taux de mortalité important

La chute des températures depuis la fin novembre semble avoir stoppé la circulation du virus, soulageant bon nombre d'éleveurs et notamment Thierry Orcières. « Je craignais que ce ne soit pire. » Dès les premiers symptômes fin octobre, l'éleveur a contacté son vétérinaire nourrissant l'espoir de pouvoir sauver ses brebis et ses trois béliers contaminés. 

« Nous leur avons administré des anti-inflammatoires et des antibiotiques pendant 15 jours. Mes trois béliers sont morts. Les 10 animaux qui ont survécu ? Nous ne l'expliquons pas. Ils n'ont pas le même âge. Peut-être étaient-ils plus résistants ou mieux immunisés. » 

Les moutons touchés avaient pour seul point commun d'appartenir aux mêmes lot d'animaux, ceux qui ont passé une bonne partie de l'automne dehors. « Je n'ai pas eu de brebis malades dans le lot rentré en bergerie. » L'épizootie aura duré une vingtaine de jours dans l'élevage. « C'est bien suffisant ! » avoue Thierry Orcières qui explique avoir été inquiet : « je craignais qu'il n'y ait des avortements en pagaille. Ce ne fut pas le cas ». Plus de peur que de mal mais l'éleveur n'est pas pour autant sorti d'affaire. 

« Le tout maintenant est de savoir si mes 45 béliers ont été touchés et asymptomatiques, et s'ils sont devenus stériles ou non. » 

La FCO présente en effet cette particularité; et le seul moyen pour le savoir est d'échographier les brebis. La contamination a eu lieu durant la période de lutte, si beaucoup de femelles sont vides, Thierry Orcières pourra soit les remettre à la lutte ou prévoir de l'insémination. Dans le pire des cas, l'éleveur devra renouveler son groupe de béliers. « Plus tôt je saurai ce qu'il en est, plus tôt je pourrai réagir et limiter les pertes économiques. »

Les pertes économiques encore inconnues

Les conséquences économiques sont encore difficiles à évaluer pour les éleveurs. Samuel Sion a cependant déjà fait son calcul. Sur ses 1 000 brebis, partagées en troupeau allaitant et laitier, 45 sont mortes (plus cinq béliers) et seules cinq ont été sauvées. Là encore, les anti-inflammatoires et les antibiotiques, conseillés par son vétérinaire, n'ont rien donné. 

« J'ai perdu des brebis pleines, des jeunes et des moins jeunes. D'habitude, j'ai toujours deux ou trois brebis malades à cause de la FCO mais cette année ça a été explosif. »

Les pertes dûes à l'épizootie sont sèches pour le jeune éleveur :

«10 000€ de perte de lait (soit environ 10 000 L) et 9 000€ correspondant aux ventes des agneaux (...) sans compter les anti-inflammatoires et les antibiotiques administrés pendant plus de 15 jours ».

Cette épizootie FCO-8 est très particulière puisqu'elle a touché de façon hétérogène les élevages. Également président de la coopérative Copagno, Thierry Orcières témoigne avoir eu des échos d'éleveurs « sur la même commune, l'un a perdu beaucoup d'animaux et l'autre n'en a eu aucun de malade ». À l'échelle du département, certains secteurs n'ont déclaré aucun cas. 

Une seule solution la vaccination

À Chapdes-Beaufort dans les Combrailles, Guillaume Cercy dénombre seulement trois brebis malades (et mortes) sur son troupeau de 500 têtes. Malgré tout, comme ses confrères éleveurs, il a pris la décision de vacciner son troupeau durant l'hiver. 

« Je vais faire en priorité les béliers. Je vais devoir attendre pour les brebis qu'elles ne soient ni gestantes, ni allaitantes.» 

Samuel Sion et Thierry Orcières vaccineront également leurs animaux. Le GDS 63 a voté récemment une aide en faveur des éleveurs (voir encadré ci-dessous). « Un petit coup de pouce » reconnaît Guillaume Cercy qui pointe un reste à charge encore important «avec les aides du GDS 63, je devrais débourser encore 7€/brebis et 3,5€/bélier ».

L'aide à la vaccination FCO pour les éleveurs ovins
 

Le GDS 63 a décidé d’accompagner les éleveurs ovins dans la gestion de la FCO en élevage. Cette aide est possible grâce aux cotisations cumulées des adhérents sur plusieurs années et mises en réserve dans la Caisse d’Entraide Ovine gérée par le GDS. Chaque année, les adhérents contribuent via leurs cotisations à la constitution d’une caisse «coup dur» (assurantielle) qui permet aujourd’hui au GDS 63 d'aider les éleveurs dans l’action sanitaire FCO.

Dans le cadre du plan d’action suivant (4 volets), environ 50 000 € (25% de la caisse globale) seront redistribués aux éleveurs demandeurs.

1) Aide à la réalisation des échographies : 0,30 € HT/femelle échographiée. La FCO peut avoir un impact sur la fertilité des béliers et la réalisation des échographies est un excellent moyen de vérifier sa production future.

2) Aide à la vaccination des béliers : 3,50 € HT/bélier vacciné. L’enjeu est (dans la mesure du possible) de vacciner les béliers avant une contamination naturelle par la FCO car les mâles contaminés peuvent devenir stériles temporairement ou définitivement. L’objectif est de vacciner les béliers afin qu’ils se constituent une immunité.

3) Aide à la vaccination du troupeau : 1€ HT/brebis cotisante. La vaccination est le seul moyen de lutte contre la FCO. Développer le système immunitaire global du troupeau est un moyen d’éloigner les dangers de la FCO (morbidité et mortalité).

4) Réalisation d’un webinaire et d’une formation type « éleveur infirmier » avec un zoom sur la gestion de la FCO en élevage : le 9 janvier 2024 de 9h à 17h, formation : éleveur infirmier de mon élevage et plan d’action pour faire face à la FCO, avec un financement VIVEA et en partenariat avec le GTV AURA

Ce dispositif a été validé par les administrateurs du GDS et sera proposé jusqu'en juillet 2024.

Afin de bénéficier de ces aides, les éleveurs doivent justifier leurs actions en envoyant une copie de leurs factures au GDS à l’adresse suivante amelie.vandaele.gds63@reseaugds.com. Les aides seront plafonnées au nombre de brebis cotisantes sur 2023 et sous condition d’avoir cotisé au GDS sur 2022 et 2023, comme le prévoit le règlement intérieur.

Pour finir, si les éleveurs souhaitent connaitre le fonctionnement de la section « petits ruminants » du GDS en détail et éventuellement participer aux réunions d’échange, contactez le GDS 63.

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