Installation
La DJA, quarante ans et pas une ride
Instituée en 1973, la dotation jeunes agriculteurs a permis de créer une dynamique en faveur de l'installation en particulier dans le Massif central. Quarante ans après sa création, quel bilan peut-on faire de la DJA ?
Aide phare de l'installation en agriculture, la dotation jeunes agriculteurs (DJA) souffle en cette année 2013, ses quarante bougies. Créée à l'origine, pour les zones de montagne, sous l'impulsion notamment de personnalités du Massif central, cette aide a été généralisée à l'ensemble du territoire français en 1976. Là où le président du Centre National des Jeunes Agriculteurs de l'époque, Louis Lauga, voyait en cette aide un outil de légitimation du statut d'agriculteur, les responsables politiques, parmi lesquels Georges Pompidou, le Président de la République cantalien, et Jacques Chirac, le Ministre de l'agriculture corrézien, comptaient sur cette aide pour appuyer une politique d'aménagement rural.
Modernisation
En 1973, on est en effet au coeur de l'exode rural. Il faut trouver le moyen de conserver des jeunes au pays qui portent une vision progressiste de l'agriculture. Dans le réseau syndical, des leaders font des propositions. Parmi eux, Michel Debatisse, un puydômois, alors président de la FNSEA, qui milite en faveur de la modernisation de l'agriculture, qui passera entre autres par un renouvellement des générations (appuyé par la mise en place dès 1962 d'une indemnité viagère de départ pour les exploitants âgés). Des jeunes, formés, s'inscrivant dans le monde moderne, sur des structures plus grandes tout en préservant le modèle familial de l'agriculture française, devaient porter cette « révolution silencieuse »... D'où la création, sous l'impulsion de la profession agricole, d'une aide à l'installation octroyée sous certaines conditions. La DJA était née. Elle s'élève en 1973 à 25 000 francs (3 811 euros). Ses bénéficiaires sont des jeunes français, de 21 à 35 ans, s'installant sur un territoire où « le maintien d'un niveau minimum de peuplement et d'une activité agricole suffisante pour entretenir l'espace naturel ne sont pas assurés ». Ils doivent disposer d'une surface minimale à l'installation (SMI), d'une certaine capacité professionnelle (diplôme agricole), et proposer un programme prévisionnel à l'installation.
Et maintenant...
La DJA est associée à d'autres mesures favorisant l'installation de jeunes en agriculture. L'ensemble de ces politiques mettent en avant la formation des jeunes, la viabilité et la vivabilité de leurs projets. Par ces différentes mesures, l'objectif était de conférer un statut aux agriculteurs permettant aux jeunes de réussir leur intégration dans la société moderne. Si aujourd'hui, la DJA a évolué, l'esprit est resté. Son montant a été réajusté à plusieurs reprises, pour la dernière fois en 1984. Ses conditions d'octroi ont quant à elles été modifiées, tout en respectant certaines idées de départ. En effet, cette aide a fait ses preuves : des études montrent que, cinq ans après l'installation, 97 % des porteurs de projets sont encore en activité, un chiffre que d'autres secteurs envient à l'agriculture !
Ainsi, à nouveau sous l'impulsion de la profession, en particulier de Jeunes Agriculteurs, le nouvel accompagnement à l'installation a vu le jour en 2009. Cet accompagnement repose principalement sur deux documents : le PPP (plan de professionnalisation personnalisé), et le PDE (plan de développement de l'exploitation). Grâce à l'intervention de plusieurs conseillers pour accompagner le jeune dans la mise en place et la concrétisation de son projet, le nouvel accompagnement se veut « à la carte » : pour répondre à la diversité des porteurs de projet, tant par leur âge d'installation que par leur formation, ou leur origine (famille agricole ou non), pour répondre aussi à la diversité des projets, tant par la, ou les production(s) que le, ou les mode(s) de production et de valorisation, qu'ils concernent une installation individuelle ou sociétaire, pour prendre en compte également l'augmentation des investissements liés à l'installation, à la concurrence pour l'accès au foncier.
Attirer des porteurs de projets dans un métier aussi difficile qu'enrichissant, dans un contexte de volatilité des prix et en connaissance des difficultés économiques rencontrées par les éleveurs, en particulier dans les massifs montagneux, reste l'objectif du réseau Jeunes agriculteurs.
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