La diatomite fait son entrée à la maison de la Faune de Murat
Projet public-privé, la salle de la diatomite a été inaugurée le jeudi 17 avril après deux ans et demi de préparation par l’entreprise Imérys à Murat.
Projet public-privé, la salle de la diatomite a été inaugurée le jeudi 17 avril après deux ans et demi de préparation par l’entreprise Imérys à Murat.

À Murat, la maison de la Faune accueille l’extrêmement petit avec la toute nouvelle salle dédiée à la diatomite. Elle montrait déjà à voir la faune et la flore de Haute-Auvergne et même d’ailleurs. Aux nombreuses représentations de mammifères, oiseaux et insectes naturalisés et placés dans leur
biotope, s’ajoutent désormais plus de 1 000 fossiles témoins de l’évolution animale et végétale sur des milliers d’années. Ils ont été découverts “piégés” dans la terre de diatomée extraite depuis plus d’un siècle du site de Foufouilloux, tout proche de Murat. Ces fossiles parfaitement conservés proviennent du Muséum d’histoire naturelle, du musée de la diatomite de l’Ardèche et principalement de la collection privée de Rose et Claude Sammut. Ce couple d’Aurillacois fouille depuis plus de 20 ans la terre blanche de la carrière avec à son palmarès une découverte mondiale (voir par ailleurs).
50 000 ans d’histoire
Nous proposons une nouvelle vision"
“La diatomite s’est formée par dépôts successifs sur 50 000 ans dans les eaux d’un ancien cratère, il y a cinq millions d’années. Ce qui permet, quasiment année après année, de découvrir les évolutions du climat, de la faune et la flore sur cette longue période”, expliquait aux participants à l’inauguration, Guilhem Bertrand, géologue de la société Imérys. On découvre ainsi que la région de Murat a connu un climat tropical pendant une certaine période.
Mais la diatomite, ce n’est pas seulement une plongée dans le livre de la terre aussi passionnante soit-elle. C’est également une exploitation industrielle depuis plus de 100 ans dans la région de Murat avec carrière, usine de traitement et place dans l’économie locale. Cette nouvelle salle est aussi là pour le rappeler et faire découvrir les multiples utilisations de la diatomite dans la filtration de nombreux liquides alimentaires notamment ou une présence dans les produits du domaine de la santé humaine. C’est aussi appréhender comment on rend à la nature un site d’extraction avec l’exemple d’une partie du site de Fouilloux réhabilitée depuis une dizaine d’années. Rendre à la nature est le lien de cette présence au sein de la maison de la Faune, comme l’expliquait le maire, Gilles Chabrier. “Nous proposons une nouvelle vision qui étoffe notre musée avec une activité lié à l’histoire économique de Murat et cette exploitation de la diatomite qui a contribué à la conquête de la souveraineté de la France vis-à- vis de l’Allemagne à la veille de la Première Guerre mondiale.”
La nature, mais pas seulement
La salle restait inoccupée et trouve désormais sa vocation. Pour se faire, comme il était souligné au cours de l’inauguration, il a été fait appel au principal intéressé, à savoir l’entreprise Imérys qui exploite le gisement de
Foufouilloux. “Nous avons répondu à la proposition de la Ville de nous occuper de la création de cet espace pédagogique, fruit de plus de deux années de préparation avec des géologues, des scientifiques et des collectionneurs”, faisait part François Guédan, directeur de l’usine Imérys de Murat. Jean-Michel Fiori, qui avait travaillé au réaménagement de la maison de la Faune, a également apporté sa contribution pour la partie muséographique. 50 000 euros ont été investis dans ce projet par l’entreprise, leader mondial des minerais rares. “C’est un partenariat public-privé pour faire découvrir le patrimoine industriel de notre ville, poursuivait Gilles Chabrier. Un partenariat déjà enclenché avec l’office de tourisme pour des visites de l’usine, de la carrière et de la réhabilitation d’une partie de celle-ci.”
Une troisième étape était annoncée par le responsable d’Imérys : la création, pour une ouverture en 2026, d’un parcours pédestre de découverte entre Foufouilloux et Murat “avec des explications de ce qu’il y a sous, dessus et autour de soi, selon la formule de François Guédan. Il s’agit de faire venir des visiteurs à Murat et pour notre entreprise de montrer qu’elle constitue un acteur local responsable”.
(1) La maison de la Faune accueille 12 000 visiteurs par an.
Rose et Claude Sammut étaient présents à l’inauguration de la salle de la diatomite. Ils sont collectionneurs de fossiles. Depuis plus de 20 ans (sur autorisation), ils fouillent les gisements de diatomite en quête de la pièce rare. À Foufouilloux, ils ont découvert un poisson fossilisé alors que cela paraissait improbable pour de nombreux scientifiques. Mais, surtout, ils ont touché le graal,
le 7 novembre 2021, en mettant à jour une première mondiale. Rose Sammut sortait de terre un fossile de quelques millimètres. André Nel, un ami chercheur au Muséum d’histoire naturelle, l’identifiait alors. Il s’agit d’une guêpe, également appelée “mouche à scie”, présente dans le Cantal il y à cinq millions d’années. Elle n’avait jamais été répertoriée. Donnée à l’université de Rennes, elle porte le nom d’Empria Sammuti, en référence au nom de ses découvreurs cantaliens.