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La Dermatose Nodulaire Contagieuse est une maladie à éradication obligatoire et immédiate

Jérôme Grasset, président du Groupement de Défense Sanitaire de Haute-Loire, fait le point sur la crise sanitaire de la Dermatose nodulaire contagieuse qui paralyse les deux départements de Savoie.

La Dermatose nodulaire contagieuse est apparue en Savoie le 29 juin dernier ; c'est une maladie classée A. Pouvez-vous rappeler ce que cela signifie ?

Jérôme Grasset : Avec l'arrivée de la Dermatose nodulaire contagieuse fin juin en Savoie, nous sommes entrés dans une situation de crise sanitaire. La classification des maladies est établie à l’échelle européenne selon plusieurs critères (contagiosité, impact économique en ferme et sur les filières notamment). Les maladies classées A, comme la DNC, sont à éradication obligatoire et immédiate la DNC est comparable à la Fièvre aphteuse en termes de contagiosité et donc de dangerosité. Présente dans le monde, notamment en Afrique subsaharienne et sur le pourtour méditerranéen de l'Afrique, elle sévit aujourd'hui en Italie, en Sardaigne et donc en France, en Savoie et Haute-Savoie. Une enquête épidémiologique est en cours pour comprendre comment cette maladie est arrivée en Savoie, mais actuellement nous n'avons aucune information.

Où en est la situation un mois après la découverte du premier cas, jour pour jour (Ndlr : 29 juillet, date du bouclage de la Haute-Loire Paysanne) ?

J.G. : À  ce jour, 47 foyers ont été recensés. En Savoie, les foyers sont concentrés autour de la commune d’Entrelacs, où a été identifié le premier cas. En Haute Savoie, les foyers sont un peu plus dispersés sur 6 communes, la tendance étant l’élargissement à l’Est. 
Dès le premier cas, le protocole en vigueur a été engagé, grâce à la réactivité et à l'efficacité de l'éleveur et du vétérinaire. Un périmètre de protection de 20 km autour de la zone a été défini, ainsi qu'un périmètre de surveillance d'un rayon de 50 km. Ce dispositif a pour objectif de stopper la progression de la maladie.
Au 29 juillet, 4 départements sont impactés par le zonage (Savoie, Haute Savoie, Ain et Isère).

Outre le protocole obligatoire, y a-t-il d'autres conseils diffusés par les services vétérinaires et les GDS ?

J.G. : Oui. Il est à noter que les vecteurs, mouches piqueuses et taons, sont naturellement des insectes assez sédentaires (rayon de 6 km) ; ils restent sur leur garde-mange. C'est un argument qui joue en faveur des éleveurs. Si les bovins et les insectes restent sur place, le risque de diffusion est réduit. Ce qui explique pourquoi les animaux sont abattus sur place et sont vaccinés sur place. Pour compléter le dispositif, dans la zone réglementée, des recommandations de désinsectisation des animaux et des moyens de transport ont été diffusées auprès des propriétaires de chevaux et petits ruminants -qui eux ne sont pas sensibles à la maladie- mais qui peuvent transporter des insectes.

Que dit le protocole sanitaire qui s'applique à la DNC ?

J.G. : Le protocole prévoit un triptyque : le dépeuplement sur place, la restriction de mouvements des animaux (bovins) et la vaccination. Les 3 sont indispensables. Le dépeuplement ou euthanasie des animaux sur place est certes difficile à accepter pour les éleveurs, mais il est incontournable. De même, à l'intérieur du périmètre de surveillance, aucun mouvement de bovins n'est possible.

Enfin, la vaccination est elle aussi obligatoire. Elle a commencé dès samedi dernier (Ndlr : 19 juillet) sur tous les cheptels dans le périmètre. Une dose suffit, et tous les animaux, quel que soit leur âge, doivent être vaccinés. Il faut attendre 3 semaines pour une immunisation totale, même si on constate un début d'immunisation dès 10 jours. Les animaux dans les foyers ne sont pas vaccinés ; ils sont euthanasiés. C’est ce protocole qui a permis l’assainissement des Balkans en 2016.
Tous les vétérinaires du secteur sont mobilisés ; des collègues d'autres départements se sont proposés en appui. Pour la Haute-Loire, des techniciens de la DDETSPP se sont déplacés pour aider leurs collègues savoyards. De même, des agriculteurs, des Cumas ou autres organisations proposent des couloirs de contention pour faciliter la vaccination. Des jeunes d'un lycée agricole interviennent aussi pour déplacer les couloirs de contention.
Dans la zone de protection, une surveillance drastique est en place. Lors de la vaccination, les vétérinaires inspectent tous les bovins de chaque exploitation, pour relever les éventuels symptômes cliniques.

Quels sont les conseils du GDS aux éleveurs de Haute-Loire ?

J.G. : J'en appelle à la responsabilité de chacun : : soyez à jour de vos notifications de mouvement.. Nous avons contacté tous les éleveurs (1) qui, à notre connaissance, ont des animaux en estive en zone réglementée, pour les informer  et leur demander de garder les animaux là-bas, ils seront vaccinés. Pour ceux proches de la zone réglementée, nous leur rappelons les règles de base, limiter au maximum les mouvements, et si mouvement, bien désinsectiser les animaux et les moyens de transport et respecter la quarantaine.

Compte tenu du délai d’incubation pouvant aller jusqu’à un mois, nous avons également contacté tous les éleveurs ayant introduits des bovins depuis le 01/06 (donc avant le zonage) en provenance de la zone réglementée actuelle afin qu’ils surveillent l’apparition d’éventuels symptômes.

Cette crise sanitaire nous appelle à davantage de vigilance. J'invite tous les éleveurs à faire rentrer dans leurs habitudes de travail des mesures de biosécurité : limiter l'entrée des personnes étrangères à l'exploitation aux seuls acteurs essentiels (vétérinaire, inséminateur, conseiller d'élevage, marchand…) ; mettre des pédiluves comme pour les productions hors sol ; respecter les quarantaines ; surveiller les animaux pour détecter au plus tôt les signes cliniques.
Enfin, je voudrais dire qu'il ne faut pas paniquer, ça ne sert à rien. Inutile aussi d'écouter n'importe qui et de véhiculer de fausses informations. Si vous avez une question, appelez le GDS (2).

(1) Selon le GDS, 6 éleveurs de Haute-Loire ont des animaux en estives en Savoie ou HauteSavoie, dont 4 en zone réglementée.
(2) Si vous avez une question, appelez le GDS au 04 71 09 35 36. Le GDS communique également par sms, mail, site internet.
Vérifiez auprès du GDS que vos coordonnées sont à jour.

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