Marchés
La croissance de la demande de biocarburants dope la hausse des prix agricoles
Le développement des biocarburants pourrait entraîner une hausse des prix agricoles, précise une étude publiée par l’OCDE et la FAO(1).
« Actuellement, le niveau élevé des prix mondiaux de nombreux produits agricoles ne provient qu’en partie de l’augmentation de la demande des matières premières pour la production de biocarburants », expliquent Loek Boonekamp, responsable des échanges et des marchés agricoles à l’OCDE et Merrit Cluff, économiste en chef à la FAO. Selon eux, « même en l’absence d’un tel développement des biocarburants, les prix des céréales auraient été élevés parce que l’on a connu un choc de l’offre important, une sécheresse en Australie, des récoltes moins bonnes aux États-Unis et en Europe et une faiblesse des stocks mondiaux ». Par ailleurs, la diminution des excédents de production et la réduction des subventions à l’exportation viennent accentuer les évolutions de long terme que connaissent les marchés. Pour l’économiste de la FAO, la réforme de la politique agricole commune a eu, en réduisant l’offre, « un impact considérable » sur l’évolution des prix mondiaux des produits laitiers, de la viande bovine et du sucre. Dans ce contexte, Loek Boonekamp de l’OCDE prédit « une hausse des prix des produits laitiers de 50 % par rapport à la moyenne des dix dernières années ».
Des prix au-dessus de leurs niveaux d’équilibre historiques
l’Union européenne et de sucre au Brésil pour produire des combustibles de substitution (éthanol et biogazole). Aux États-Unis, la production annuelle d’éthanol à partir du maïs devrait doubler entre 2006 et 2016, tandis que dans l’Union européenne, les volumes d’oléagineux (principalement de colza) destinés à la production de biocarburants devraient passer d’un peu plus de 10 millions de tonnes à 21 millions de tonnes pendant la même période.
Au Brésil, la production an-nuelle d’éthanol devrait atteindre quelque 44 milliards de litres d’ici 2016, contre 21 milliards de li-tres environ aujourd’hui. Quant à la Chine, elle devrait voir sa production actuelle, de l’ordre de 2 milliards de litres, grimper jusqu’à 3.8 milliards de litres.
« Face à cette nouvelle demande, on s’attend à des prix des céréales et des oléagineux de 20 à 30 % plus élevés que la moyenne des dix dernières années », indique encore Loek Boonekamp. Ce mouvement de conversion conforte non seulement les prix des productions végétales, mais aussi, bien qu’indirectement à travers la hausse du coût des aliments du bétail, ceux des productions animales.
Progression plus rapide dans les pays en développement
Le rapport montre toutefois que « la hausse des prix des produits agricoles préoccupe tout particulièrement les pays importateurs nets, de même que les populations urbaines pauvres ». En outre, si l’augmentation du prix des matières premières induite par l’accroissement de la production de biocarburants est favorable aux producteurs de ces cultures énergétiques, « elle implique des coûts supplémentaires et une baisse de revenu pour les agriculteurs qui en ont besoin pour nourrir leur bétail ».
Les courants commerciaux se modifient, notent par ailleurs les économistes de l’OCDE et de la FAO. De façon générale, « la production et la consommation de produits agricoles progresseront plus rapidement dans les pays en développement que dans les pays développés - notamment dans le cas de la viande bovine, de la viande porcine, du beurre, de la poudre de lait écrémé et du sucre ». On s’attend à ce que les pays de l’OCDE perdent des parts de marché pour la quasi-totalité des grands produits agricoles, mais « ils devraient continuer à être les principaux exportateurs de blé, de céréales secondaires et de produits laitiers ».
Les échanges agricoles mondiaux mesurés par les importations réalisées à l’échelle mondiale devraient se développer pour tous les produits analysés dans ce rapport, bien qu’à un rythme moins soutenu que dans le cas des échanges non agricoles, dans la mesure où leur expansion devrait rester bridée par les mesures de protection prises à l’encontre des importations. « Néanmoins, au cours des dix prochaines années, les échanges devraient augmenter de plus de 50 % dans le cas de la viande bovine, de la viande porcine et de la poudre de lait écrémé, de 13 % dans celui des céréales secondaires et de 17 % dans celui du blé. Les échanges d’huiles végétales devraient quant à eux progresser de près de 70 % ».
(1) OCDE : Organisation de coopération et de développement économique.
FAO : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
Repères
- Les États-Unis sont devenus le plus gros producteur d’éthanol au monde en 2006, avec une production de 20 milliards de litres et près d’un quart de hausse par rapport à l’année dernière. Ils ont dépassé le Brésil, où la production d’éthanol à base de sucre était estimée à 17 milliards de litres. 15 nouvelles usines d’éthanol sont devenues opérationnelles aux États-Unis durant 2006, ce qui porte le nombre total d’installations à 120, et 85 usines supplémentaires verront le jour d’ici 2008. Ainsi, la capacité de production d’éthanol des États-Unis va presque doubler, à près de 50 milliards de litres.
- La Chine est le deuxième plus gros producteur d’éthanol à base de céréales au monde. Elle devrait utiliser 9,3 millions de tonnes, pour l’essentiel du maïs, en 2007/08, soit environ 15 % de plus que l’année précédente.
(source CIC)