Editorial
La baisse des prix de l’agneau compromet la reconquête ovine
Président de la FDO

Depuis la mi-juillet, la courbe du prix de l'agneau au niveau national est passée en dessous de celle de 2008. Les cotations nationales montrent une baisse régulière du prix de l'agneau depuis le début de l'année, perdant plus de 0,50 €/kg. Les cours de l'agneau de bergerie résiste un peu mieux que ceux des agneaux d'herbe, mais pour combien de temps ? La baisse de production de l'agneau français ne suffit pas à compenser les effets dépressifs de la baisse de consommation, surtout avec un prix de l'agneau britannique très compétitif en 2009.
Cette situation est très préoccupante pour la filière ovine.
Un prix des agneaux élevé est indispensable pour soutenir la relance de la production. Rappelons que depuis plusieurs années, malgré des prix de vente corrects, les trésoreries d'exploitations se sont effondrées. Il n'y a plus d'investissement dans les exploitations et les éleveurs et leur famille vivent modestement sur leur propre réserve. Les résultats économiques des exploitations du RICA, publiés par la DRAF Auvergne, sont sans appel : 7600 € de résultat courant par exploitant en 2007 ! Une honte.
Tout doit être fait pour conserver des prix élevés, redonner des perspectives et l'envie de produire aux éleveurs. Pour cela, nous demandons à l'ensemble de la filière de rentrer dans une logique de réduction des surcoûts. Jusqu'à présent, les économies ont été réalisées au détriment des éleveurs, sur les services et l'appui technique ou sur les modalités de ramassage des agneaux. Il faudra aller plus loin dans la restructuration de la filière pour baisser les charges et assurer des prix de vente élevés dans les élevages.
Comme pour les autres productions, les moutonniers sont dans le flou. Ils ont besoin de savoir comment se répartissent les prix et les marges au sein de la filière. Je souhaite que la production ovine entre dans l'observatoire qui se met en place pour le lait et la viande. C'est un outil au service de notre objectif : un prix de vente élevé des agneaux en ferme sans lequel il n'y aura ni relance de la production et ni avenir pour l'ensemble de la filière.
La production ovine réunit de nombreux atouts économiques, sociaux et environnementaux lui permettant de répondre aux nouvelles attentes sociétales (rôle économique et d'occupation du territoire, protection de la biodiversité, lutte contre la friche et la fermeture des paysages, démarche de qualité des produits...). Les éleveurs attendent des signes forts pour s'y engager pleinement.