Jeuxvideo.com : L’Odyssée se poursuivra loin du Cantal
La célèbre société aurillacoise se délocalise à Paris et Toulouse suite à son rachat par Webedia.
Véritable symbole de réussite locale, l’Odyssée Interactive, co-fondée en 1997 par le Cantalien Sébastien Pissavy, édite le troisième site Internet mondial sur les jeux vidéo. Consulté par des millions de francophones, jeuxvideo.com est devenu au fil des années la référence incontournable en matière d’information vidéoludique. Contrairement à la plupart de ses nombreux concurrents implantés dans de grandes villes, l’Odyssée Interactive est toujours restée attachée à son territoire d’origine, occupant près de 500 m2, soit un étage entier, du village d’entreprise de Tronquières à Aurillac. Une spécificité qui a largement contribué à forger son identité, en lui permettant notamment de prendre un certain recul vis-à-vis de l’agitation médiatique d’un milieu dans lequel l’information va souvent très, voire trop, vite.
Une décision sans surprise
Assurés de rester dans le Cantal tant que Sébastien Pissavy était aux commandes de l’Odyssée Interactive, une partie des salariés de l’entreprise a commencé à s’inquiéter lorsque celui-ci a quitté ses fonctions à la rentrée 2012. Inquiétudes que le nouveau directeur Cédric Mallet s’est appliqué à calmer autant que possible jusqu’à ce que jeuxvideo.com soit racheté en juin 2014 par le groupe Webedia (Allociné, OverBlog, Gameo Consulting...) pour la somme impressionnante de 90 millions d’euros. Dès lors, il ne faisait plus grand doute que la question d’un déménagement serait rapidement évoquée. Consultés pour la forme dans un premier temps, les 47 salariés de l’entreprise ont reçu une lettre fin décembre 2014 précisant les modalités d’un départ sur Toulouse et Paris.
Vingt salariés sur le carreau
Les entretiens personnalisés qui se sont déroulés tout au long du mois de janvier ont ainsi permis de déterminer que 17 salariés, principalement des journalistes, poursuivraient leur odyssée sur Paris tandis que cinq d’entre eux,des techniciens, iraient à Toulouse. Ces départs devraient s’échelonner de mars à juillet. Malheureusement, pour 20 d’entre eux, l’aventure devrait se terminer par un licenciement économique. Cantaliens d’origine, Cantaliens d’adoption, très attachés au territoire et/ou à leur entreprise, certains avaient acheté une maison, fait venir leur conjoint, fondé une famille... Un coup dur pour eux bien sûr mais un coup dur pour Aurillac qui voit aujourd’hui partir l’une des sociétés les plus réputées et les plus modernes du département.
Sébastien Pissavy
"jeuxvideo.com pouvait rester"
Plus que de la colère, c’est avant tout de la tristesse et de l’amertume que ressent aujourd’hui Sébastien Pissavy, co-fondateur et directeur de l’Odyssée Interactive de 1997 à 2012. “Le site a parfaitement fonctionné durant 15 ans et même encore. Pour moi, l’argument consistant à dire qu’on ne peut pas pratiquer cette activité à Aurillac ne tient pas. Ça n’a jamais posé de problème majeur d’être basé ici et je ne me suis jamais posé la question de déménager une seule fois tant que j’ai dirigé cette société.” Proche de ses anciens collaborateurs, l’entrepreneur de 41 ans pense également à tous ceux qui vont perdre leur emploi : “Ce sont des gens que j’ai recrutés, avec lesquels j’ai travaillé pendant des années, on a vécu cette aventure ensemble. J’ai vraiment de la peine pour eux et j’espère qu’ils surmonteront sans trop de difficultés cette épreuve et qu’ils retrouveront vite un emploi dans le département.”