Jeunes Agriculteurs : JA auvergnats et rhône-alpins tissent les premiers liens avant fusion
Les responsables d’Auvergne et de Rhône-Alpes se sont retrouvés les 5 et 6 janvier pour un séminaire «pré-fusion» au Chambon/Lignon en Haute-Loire.
Les Jeunes Agriculteurs prennent leur billet pour la grande région Auvergne-Rhône-Alpes. Les représentants des 12 dé-partements (4 d’Auvergne et 8 de Rhône-Alpes) étaient réunis en séminaire, deux jours mardi 5 et mercredi6 janvier au Chambon/Lignon en Haute-Loire à la frontière ardéchoise, sous la double présidence de Benoît Julhes pour JA Auvergne et de son homologue Adrien Bourlez pour JA Rhône-Alpes.«Tisser des liens», tel est le premier objectif de ce rendez-vous qui s’inscrit dans le processus de réorganisation du syndicalisme agricole et de son réseau, dans la mouvance de la toute nouvelle entité régionale.Pour Benoît Julhes, cette réorganisation est «logique» au vu des compétences qui incombent à la Région. C’est en effet à cet échelon que se décide une grande partie de la politique agricole avec notamment la gestion du 2nd pilier de la PAC, et en particulier de l’installation, dossier phare de JA. «La région, c’est un budget de 2,6 milliards d’euros pour les agriculteurs des 12 départements,4 milliards avec le co-financement, sur des programmes de 5 ans…» précisent-ils. Il faut donc que les forces de propositions dans le domaine agricole siègent sur le même palier pour cibler les priorités.
Rencontre entre les 12 départements
Les JA n’ont pas attendu le 1er janvier 2016 date officielle de la création des nouvelles régions pour se mettre au travail. Les deux présidents se sont rencontrés à plusieurs occasions au cours de l’année 2015 et ont notamment activement participé avec leurs aînés à l’élaboration du programme agricole régional présenté par la profession lors du Sommet de l’Élevage.Mais ce mardi, l’heure est à la rencontre des équipes, et les deux responsables se félicitent de la participation de l’ensemble des 12 départements à cette première réunion de travail. «On ne peut pas faire se rencontrer les montagnes, mais les hommes» plaisante Benoît Julhes, qui voit dans cette fusion une opportunité de «réunir des agricultures différentes» et de faire «émerger des idées», de favoriser une dynamique…
La diversité, une force…
Adrien Bourlez souligne lui aussi la «diversité d’agricultures» que ces12 départements représentent. «Dans la Drôme et l’Ardèche, on a une agriculture plus méditerranéenne, en Savoie et Haute-Savoie, c’est la haute-montagne, et dans d’autres secteurs c’est plutôt la montagne à vaches si je puis dire… Bref on a une grande diversité et cette diversité, on veut la garder et la réaffirmer». Parce qu’au-delà des disparités, les JA veulent mettre en avant la «richesse» que représentent ces différents modèles d’agriculture sur un même territoire.Tous les deux sont sur la même longueur d’onde. Ils veulent regarder l’avenir avec optimisme, s’appuyant sur les atouts auvergnats et rhône-alpins, sur les hommes et les femmes qui vivent sur et avec ce territoire, sur leurs identités propres… Et dans un contexte économique difficile, les syndicalistes refusent le repli sur soi, invitant les jeunes à se retrouver au sein du réseau JA pour être plus forts et ensemble construire un avenir.«Première région montagneuse de France et sûrement d’Europe», Auvergne-Rhône-Alpes a des handicaps naturels évidents. Mais au fil du temps, les agriculteurs ont su, sur cette zone, adapter leurs systèmes et proposent aujourd’hui un large panel d’agricultures : des circuits courts, de la vente plus industrielle, de l’export, de la transformation, une multiplicité de produits… «On ne doit pas opposer les systèmes» insiste Adrien Bourlez, qui au contraire souhaite poursuivre dans cette logique et profiter plus encore aujourd’hui des opportunités qu’apporte cette nouvelle région. Avec notamment la grande métropole lyonnaise qui devrait «tracter», comme le dit Benoît Julhes, notre agriculture et son développement.Conscients des enjeux sociétaux qui se dessinent aujourd’hui, les JA veulent faire se rencontrer les ruraux et les citadins, les agriculteurs et les autres catégories socio-professionnelles… pour une meilleure cohésion sociale, indispensable pour l’avenir de chacun. «Lors de nos manifestations cet été sur les routes, nous avons rencontré des gens qui comprennent nos problèmes et s’associent à nos revendications» souligne le président rhône-alpin. Mais pour lui, comme pour son homologue, «il faut réinventer une communication» et créer ce lien entre la ville et la campagne et même au sein de cette campagne.Alors quand on leur demande s’ils ne craignent pas que cette régionalisation les éloigne de leur base, Benoît Julhes et Adrien Bourlez préfèrent regarder devant et prendre dans les deux entités le meilleur, pour «bâtir aujourd’hui en portant toutes ces valeurs», et «se projeter non pas demain mais après-demain».
Suzanne Marion