FRSEA Massif central
Jean-Michel Lemétayer, prudent sur le bilan de santé de la PAC
Une centaine de responsables syndicaux du Massif central ont participé, vendredi dernier, au conseil d’administration de la FRSEA, qui accueillait le président de la FNSEA.
Très rapidement, les agriculteurs du Massif central demandent la concrétisation des soutiens aux productions fragilisées (ovins), le renforcement des ICHN et un soutien spécifique à la production herbagère. Une aide de 300 ? aux hectares d'herbe (plus globalement aux productions fourragères) est mise en avant dans ce cadre. A plus long terme, ils souhaitent que l'Europe, sous la pression française, procède à une refonte en profondeur de sa Politique agricole autour de quatre axes : la sécurisation de la production, l'assurance du revenu, le soutien aux zones à handicaps naturels et aux secteurs fragiles, et le soutien à la recherche et à l'innovation.
Le péril de l'aide forfaitaire
Le président de la FNSEA n'ignore pas le contenu du livre blanc de l'agriculture du Massif central et encore moins les enjeux du bilan de santé de la PAC, mais d'emblée il a tenu à préciser « que ce bilan de santé n'était pas le seul sujet de préoccupation de la FNSEA. Nous travaillons aussi sur d'autres sujets très importants tels que les prix, l'emploi, les biocarburants, les retraites... ».
N'empêche que la PAC occupe actuellement tous les esprits.
« A l'évidence, le bilan de santé sera l'occasion de rediscuter de la PAC avec une question centrale : comment on gère les aides du premier pilier ? », a résumé Jean-Michel Lemétayer. Une équation extrêmement difficile à résoudre tant les intérêts des uns et des autres sont nombreux. Si les débats entre régions et entre productions ne font que commencer, à Bruxelles « la ligne directrice conduit tout droit à une aide forfaitaire à l'hectare, la même pour tout le monde », a expliqué le président de la FNSEA.
Légitimer les soutiens
D'où l'urgence pour les responsables syndicaux du Massif central de répliquer, pour mettre à mal ce type de propositions. «Nous attendons une position plus offensive de la FNSEA », a lancé Patrick Bénézit, président de la section régionale bovine. «On attend de la FNSEA un projet d'avenir », a estimé Michel Lacoste revenant sur l'historique de la PAC : « En 2003, le premier pilier a été défendu unanimement par toutes les régions. Mais en attendant, le second pilier lui a souffert et nos régions ont été les premières à en faire les frais. Sur l'ICHN, la PHAE, les prêts bonifiés... on a beaucoup reculé ». En proposant une aide de 300 euros aux hectares d'herbe dans le cadre d'une PAC rénovée, le Massif central estime réparer une injustice.
« Ce n'est pas une idée farfelue, c'est légitime car cela permettra de conforter les systèmes d'élevage et de régler le problème des ovins », selon Patrick Bénézit. Conscient qu'il y a « un sacré parcours à faire» pour mieux répartir les aides entre productions animales et productions végétales, le président de la FNB, Pierre Chevalier a tenu toutefois à prévenir: « Si les soutiens sont excessifs et illégitimes on les perdra ».
Congrès début avril
Interrogé à plusieurs reprises sur une possible aide à l'hectare d'herbe, le fond du sujet en somme, Jean-Michel Lemétayer s'est voulu réservé :
« Je ne peux pas répondre. Je suis là pour entendre. Si je me positionnais, je serais malhonnête vis-à-vis du conseil d'administration de la FNSEA ». Le sujet est délicat et les propos on ne peut plus elliptiques « si on veut croiser les différents paramètres, il nous faut avoir la vue la plus large possible ».
Pendant près de quatre heures, arguments à l'appui, les professionnels du Massif central auront livré la leur, en espérant qu'elle trouve un écho du côté de la grande maison. Les 1er, 2 et 3 avril, le congrès de la FNSEA à Nantes sera peut-être l'occasion de définir une stratégie claire et commune...
(*) COPA : Comité des organisations professionnelles agricoles, instance basée à Bruxelles.
Il a dit... Jean-Michel Lemétayer
Morceaux choisis ...
« La politique de la montagne nécessite d'être clarifiée au niveau européen. Un budget spécifique consacré à la montagne au niveau européen serait légitime »
« Notre avenir ne se fera pas par les aides. Notre activité agricole est une activité économique, c'est d'abord de notre marché que l'on veut tirer notre revenu. On fait fausse route à vouloir mettre en avant le second pilier ».
« La présidence française de l'Union européenne doit entamer le débat politique autour de l'ambition agricole européenne. C'est le préalable indispensable aux discussions budgétaires ».