« J’ai un cadre familial et professionnel qui accepte et me permet d’être là où je suis »
David Chauve, éleveur laitier à Ambert, est le nouveau président de la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme depuis le 7 mars dernier.
Tête de liste aux dernières élections Chambre d’Agriculture, David Chauve est depuis le 7 mars dernier, le nouveau président de l’organisme consulaire. À 42 ans, cet éleveur laitier d’Ambert en Gaec avec son épouse et père de trois enfants a toujours eu un œil attentif sur l'actualité mais n’a pas toujours été impliqué dans la vie syndicale. Occupant désormais l’une des plus haute fonction départementale, « remettre entre les mains de la profession et redonner de la proximité à l’outil chambre pour stopper cette hémorragie de la production sur le département synonyme de perte d'économie et de valeur ajoutée » reste le mot d’ordre de son investiture.
« J’ai trouvé mon équilibre »
David Chauve s’installe sur l’exploitation familiale en 1999 après des études agricoles à Brioude et au Puy-en-Velay. Détenteur d’un BTS ACSE (Analyse Conduite des Systèmes d’Exploitation), reprendre la ferme de son père a toujours été son ambition malgré d’autres sollicitations. « On m’avait proposé un poste dans un centre de gestion que j’ai refusé parce que j’avais comme objectif de m’installer. » En 2008, son épouse intègre le Gaec familial et ce n’est que deux ans après qu’il s’engage activement dans le syndicalisme. « On sortait de la crise laitière de 2009, c’était le début de la contractualisation, il y avait des choses à faire et j’ai ressenti le besoin de m’investir car l'immobilisme était un réel danger. » David Chauve adhère alors à la FDPL et le président de l'époque lui confie le poste de Secrétaire Général pour représenter le Puy-de-Dôme à la section régionale laitière de la FRSEA et au CRIEL. Produisant lui-même aujourd'hui quelque 900 000 litres de lait par an, livrés à la Société Fromagère du Livradois, il mesure le chemin parcouru et la réelle importance de suivre les choses de près. Il prend en main la création de l’association de producteurs de la laiterie. « J’avais trouvé mon équilibre où je n’étais plus un simple producteur de lait mais aussi un acteur à part entière de la filière pour laquelle je travaille. » Petit à petit, les horizons s’ouvrent devant lui ; les productions laitière, allaitante, céréalière, ovine… la pluridisciplinarité de l’agriculture lui explose aux yeux : « J’ai pris conscience qu’il était primordial de prendre à mon tour mes responsabilités comme d'autres les ont prises par le passé car rien ne vient seul et rien n'est définitivement acquis. J’ai donc fait le choix d’aller vers les responsabilités car j’en avais les possibilités et les moyens. Je suis pleinement conscient que pour différentes raisons, tous les agriculteurs n’ont pas cette chance ou cette volonté. Mais c’est à chacun de choisir son degré d’engagement et il est indispensable même très localement. »
« Les PRA ont le mérite de réunir »
L’ambition de David Chauve ne le rend pas pour autant aveugle. « J’ai l’immense chance d’avoir un environnement familial et professionnel qui accepte et me permet aujourd’hui de répondre sereinement à mes engagements. » Sur l’exploitation laitière : deux robots, installés il y a bientôt trois ans, soutiennent les éleveurs dans leurs tâches quotidiennes. Libérés de la contrainte de la traite, le travail se réalise désormais plus facilement et avec surtout plus de souplesse d'organisation. « Notre stratégie a toujours été de pousser au travail en CUMA et de moderniser pour simplifier les tâches quotidiennes notamment au niveau bâtiment d'élevage : c'est un choix ! Il contribue en partie à l'équilibre complexe entre vie de famille, exploitation et responsabilités, il faut en avoir conscience. » Cette production efficiente, David Chauve aimerait voir l’agriculture départementale tendre vers elle. « Des exploitations viables et vivables, des exploitants fiers de produire » est d’ailleurs le crédo de la campagne chambre conduite conjointement par la FNSEA et les JA. Mais le constat est sans appel pour David Chauve : « la ferme Puy-de-Dôme a perdu plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires faute de productions. La faute à qui ? Une dynamique de développement trop timide ? Un cadre réglementaire trop pénalisant ? Une morosité ambiante qui fait que nombre d’agriculteurs ne lèvent plus la tête ? Certainement un peu de tout ça ! »
Pour redonner un cap, le nouveau président de la Chambre d’agriculture est formel : « il faut remettre de la technicité dans les exploitations, offrir des services de proximité à la hauteur des enjeux et en phase avec le besoin réel des agriculteurs. La chambre doit jouer son rôle de courroie de transmission entre les acteurs économiques, techniques, de service, pour faire en sorte que tout le monde tire dans le même sens et fédère une profession qui s’est toujours adaptée pour relever les défis. C’est le moment de jouer collectif, autant à l’échelle du département que des Petites Régions Agricoles, échelon de proximité, ô combien proche du quotidien des exploitants ».
M. Comte