Intégrer un remplaçant, une chance pour l'exploitation
Le congrès du Service de remplacement France vient tout juste de s'achever à Guéret. L'occasion d'évoquer l'aspect très concret du remplacement dans une exploitation agricole de la Creuse, chez Jean-Yves Debrosse.
Jean-Yves Debrosse fait figure de pionnier avec son exploitation de bovins, à Maison-Feyne... Tout a débuté en 2002, la loi sur le congé paternité venait juste d'être promulguée. Et c'était précisément l'année de naissance de sa fille. L'agriculteur a saisi cette opportunité pour profiter de ce moment familial exceptionnel. Évidemment, les animaux, eux, ont besoin de soins constants. Jean-Yves a donc eu recours pour la première fois au Service de remplacement de la Creuse. Cette expérience s'est renouvelée par la suite, à la naissance de son fils, lorsqu'il a été victime d'un accident du travail, ou quand il a souhaité agrandir son exploitation. Ce mode de fonctionnement lui a aussi permis de s'investir dans les structures agricoles.
« Il faut s'y préparer »
Vincent Ducoudray avait à peine terminé ses études en bac pro par alternance dans une ferme voisine de celle de Jean-Yves lorsque la proposition d'embauche est tombée. Les deux agriculteurs, ainsi qu'un troisième, lui ont proposé de travailler sur les différentes exploitations à temps partiel par le biais d'un groupement d'employeurs. Le reste de son temps il est agent de remplacement. Le jeune homme ne regrette pas son choix, « au moins, je suis sûr d'avoir un salaire à la fin du mois ». Son avenir ? S'installer ou poursuivre dans la voie du salariat. Vincent n'a pas encore tranché, « pour l'instant, je suis bien comme ça ». Au début, il a fallu qu'il s'adapte au fonctionnement de chaque exploitation. Jean-Yves Debrosse a accompli ce même chemin de son côté. Quand on a été habitué à travailler seul, voir arriver une tierce personne nécessite « un travail sur soi. Il faut être positif, accepter quelqu'un d'autre avec soi, prendre du temps pour lui expliquer les choses, s'habituer l'un à l'autre. Ça ne remplace pas le gars mais ça fait le maximum pour s'en rapprocher » expose-t-il. La clé de la réussite est dans le dialogue : « il n'y a rien de pire que les non-dits ».
Le remplacement... Ou repenser son avenir !
Aujourd'hui, Jean-Yves Debrosse ne regrette pas son choix d'avoir fait appel à un tiers sur sa ferme. Cette démarche a même suscité en lui une réflexion : « 80 % des associés ont plus de 55 ans. Il faudrait qu'ils se posent la question tout de suite. Travailler avec un tiers sera, à mon avis, un passage obligé... Et ça va arriver demain dans l'élevage. Un gars tout seul sur sa ferme, c'est fini comme modèle. On aura recours au Service de remplacement ou à une autre formule. C'est un service indispensable ». Et de conclure : « Ça a créé chez moi une réflexion sur l'après ».