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Installation : Un GAEC, deux cœurs et une centaine de vaches

Installés officiellement en GAEC à Montaignac sur Doustre depuis début 2025, Tatiana Valade et Maxime Kovalski ont relevé le défi de reprendre une exploitation d’élevage Limousin, alliant passion, modernité et respect des traditions. Leur parcours, marqué par la détermination et l’entraide, illustre les enjeux et les opportunités de l’installation agricole en couple. Aujourd’hui, ils sont à la tête d’un cheptel de 100 mères sur 170 hectares.

© UP19

 

Une installation mûrement réfléchie

Tout a commencé en 2022, lorsque Tatiana et Maxime se rencontrent. Leur projet commun : s’installer en élevage bovin, dans le respect des valeurs de durabilité et de qualité. Maxime, déjà installé avec une soixantaine de vaches, et Tatiana, alors animatrice chez les Jeunes Agriculteurs (JA) à Tulle, sont accompagnés par la Chambre d’Agriculture (PAIT et RDI) et guidés par Véronique Vaurs. Ils visitent deux exploitations avant de craquer pour la seconde, un coup de cœur immédiat

La Chambre a joué un rôle clé, notamment pour faciliter les visites et la mise en relation avec les cédants », confie Maxime. 

Après un an de parrainage pour tester leur complémentarité, le duo se lance officiellement en GAEC en 2025, malgré un parcours administratif long et complexe.

Le financement du projet a été un véritable parcours du combattant. Entre négociations bancaires, aléas sanitaireset conjoncture économique, le couple a dû faire preuve de résilience. « Les banques exigeaient un plan d’investissement sur cinq ans, avec tous les risques que cela comporte », explique Tatiana. Grâce à l’accompagnement d’Agnès Delagrée, Christophe Rey et Véronique Vaurs, ils parviennent à monter un dossier solide, malgré les imprévus (maladies du cheptel, pannes, etc.).

Une transmission réussie

La relation avec les cédants, marquée par la confiance et la flexibilité, a été déterminante. Les terres sont louées à l’année et les bâtiments ont été rachétés. « Ils nous ont soutenus, sans être intrusifs, et nous aident encore lors des journées chargées comme l’ensilage. Ils nous donnent des conseils si nous en avons besoin », souligne Maxime. Soucieux de transmettre un outil en excellent état, les cédants ont su s’adapter aux contraintes imposées par la banque. Aujourd’hui, ils suivent avec bienveillance l’évolution 
de « leur bébé » — le travail de toute leur vie — tout en profitant d’une retraite anticipée pour raisons de santé.

Un cheptel d’excellence

Leur exploitation est entièrement inscrite au herd-book Limousin, avec un contrôle de performance rigoureux(quatre pesées annuelles via Bovin Croissance). Leur objectif ? Développer la génétique et vendre des reproducteurs de qualité sur le marché français, tout en continuant à exporter des broutards vers l’Italie, l’Espagne, et peut-être des marchés émergents comme la Grèce ou la Tunisie. 

La demande extérieure est forte, mais nous voulons aussi valoriser notre travail en France », précise Tatiana.

Les défis ne manquent pas : concurrence internationale (accords Mercosur), maladies animales (MHE, FCO), et écarts de prix entre la sortie d’exploitation et la boucherie. Pour y faire face, le couple mise sur la vente directe et la participation à des concours, comme les comices cantonaux où ils ont déjà remporté un trophée à La Chapelle-Spinasse. 

Les concours sont un formidable outil de visibilité et d’échange », ajoute Maxime.

Innovation et ancrage territorial

Modernisation des outils (tracteurs GPS, contention des animaux), participation active aux comices relancés en juillet pour attirer touristes et locaux, et entraide entre éleveurs : Tatiana et Maxime allient tradition et modernité. « Nous partageons nos savoir-faire avec d’autres éleveurs, c’est essentiel pour progresser. L’entraide et le dialogue entre voisins sont indispensables », explique Tatiana.

Leur vision pour l’avenir ? Monter progressivement, sans brûler les étapes, en développant la génétique Limousine et en diversifiant leurs débouchés. « Après le blé, nous voulons aussi introduire du maïs, selon la conjoncture climatique, et participer à des concours nationaux comme le Festival de Brive ou le National Limousin », projette Maxime.

Un modèle inspiré et inspirant

Leur histoire montre que l’installation en couple peut être une force, à condition de s’entourer des bons partenaires et de rester à l’écoute des évolutions du secteur. « Sans les aides de la PAC, notre modèle serait difficilement viable, mais nous travaillons aussi à améliorer notre chiffre d’affaires via une meilleure valorisation de nos produits », conclut Tatiana.

Leur parcours prouve qu’on peut encore croire en l’agriculture quand on y met du cœur, des idées, et une bonne dose d’audace

À l’heure où les exploitations se raréfient, Tatiana et Maxime rappellent que l’élevage est une aventure humaine avant tout — et qu’elle mérite qu’on s’y attarde.

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