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Ici on sèche le foin en ballots

Le Gaec de l’étang de Sion au Vigean (Cantal) a investi dans le séchage de foin en ballots. Retour sur une première campagne satisfaisante.

Pierre Baladuc teste l’humidité résiduelle du foin séché en ballots.
© Patricia Olivieri

Dans une autre vie, Pierre Baladuc aurait pu être astronome, lui qui est toujours attentif à l’alignement des planètes. Installé en 2022 en production laitière au Vigean avec une cinquantaine de prim’holstein, l’éleveur, en perpétuelle quête d’innovations, a étrenné en juin dernier une installation de séchage de foin en ballots, et non en vrac. 

Séchage en bottes

“Cela faisait déjà plusieurs années que je m’intéressais au séchage en grange, et quand la fromagerie Duroux (en accord de collecte avec la coopérative Volcalis, ndlr) a lancé son cantal tout foin, je me suis dit que le train était peut-être en train de passer et que c’était le moment de le prendre, en optimisant la qualité de mon fourrage”, expose l’agriculteur, sérieusement freiné cependant par le montant de l’investissement d’une telle installation au regard de la plus-value attendue sur la rémunération de son lait (+ 40 €/1 000 l). 

Fini l’enrubannage

Mais au Gaec de l’étang de Sion(1), persévérance et débrouillardise se conjuguent harmonieusement. 
De nouvelles recherches mettent l’éleveur, associé à son épouse Gaëlle, sur la voie d’une société allemande (AgriCompact) qui a mis au point un  séchoir polyvalent pour balles rondes et/ou bottes carrées, notamment utilisé dans les Alpes suisses et italiennes. Le référent français du fabricant est un agriculteur poitevin qui l’incite à aller visiter un séchoir en activité près de Poitiers chez un éleveur caprin qui sèche... 2 000 ballots par an. 

170 000 € investis

Ce déplacement va finir de convaincre l’éleveur cantalien 
d’autant que l’installation est conçue sur-mesure, à la demande du client. Fini l’enrubannage (sur une trentaine d’hectares), place au séchage. Pierre Baladuc opte pour un séchoir dimensionné pour 30 ballots (trois rangées de dix), érigé sur une dalle en béton et fermé par des portes métalliques coulissantes, le tout pour un investissement de 175000 €(2) qui a bénéficié de 35 % d’aides de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. 

Un imposant ventilateur, entraîné par un puissant moteur John-Deer, souffle sur les ballots de l’air chauffé au préalable par une chaudière, elle aussi au fioul. “Quand j’ai vu que tout était au fioul, je me suis dit que jamais je n’opterais pour ce système !”, se souvient Pierre Baladuc, qui va se raviser au vu de la technologie développée. Le dispositif est en effet conçu pour recycler l’air et récupérer la chaleur dégagée du moteur ; la chaudière ne fonctionne elle qu’un quart d’heure toutes les heures. “Elle consomme un peu au début, le temps de se mettre à la température”, indique l’agriculteur, qui prend soin de ne pas dépasser les 40°C afin ne pas dénaturer les arômes du foin.  


Et il suffit d’une nuit pour sécher des ballots de 150 cm de diamètre dont le taux d’humidité initial varie entre 35 et 45 %. Chaque cycle permet de sécher plus de 10 tonnes sachant qu’en sortie de séchoir, les ballots affichent 350 kg de matière sèche. “Pas sûr qu’en vrac, on ait les mêmes performances...”, glisse l’agriculteur du Vigean.

Économiquement, ça tient la route

L’an dernier, ce sont ainsi 400 ballots, soit 140 tonnes de foin, qui ont été séchés, pour une facture de 4 000 € de carburant à l’issue d’une campagne pour le moins capricieuse. Soit 30 € environ par tonne, pas plus qu’un séchage en vrac pour un investissement bien moindre. 

Et l’éleveur est convaincu de pouvoir encore abaisser la consommation (autour de 7 litres par ballot), après une année de prise en main et de tests “divers et variés”. “J’ai même essayé de sécher du foin à 30 % de MS,
c’est anti-économique mais ça marche !”, s’amuse-t-il. Il ne s’interdit pas de faire évoluer le système, par exemple en cas d’installation de panneaux photovoltaïques. “Le séchoir peut fonctionner au GNR, au fioul, au biocarburant, mais aussi à l’électrique, aux copeaux de bois...”, liste-t-il.

Les vaches en redemandent

L’agriculteur n’est pas le seul à se satisfaire de ce nouvel équipement : les laitières raffolent du foin séché en bottes, comme l’atteste son fils Joris. Au point de bouder quand Pierre Baladuc leur sert les reliquats du foin de 2023. Les analyses de fourrage réalisées sur les ballots les moins qualitatifs de 2024 leur donnent raison : 11 % de MAT et 0,85 UF/kg MS. 

Ce que j’apprécie dans ce système, c’est que chaque année étant différente, tu sèches les volumes que tu veux", Pierre Baladuc

 Autre avantage et souplesse qui ont joué à plein cette année, notamment lors du mois de juin “pourri” : à chaque fenêtre météo de 1,5-2 jours de sec, l’équivalent de deux à trois séchoirs d’herbe étaient fauchés, puis pirouettés, avant d’être pressés le lendemain. Les ballots à 60-70 % de MS rentrés le soir étaient séchés dans la nuit. 

Sans occulter une contrainte, à anticiper : des capacités de stockage à ne pas sous-estimer, tout comme davantage de manipulation des ballots. Certes cela requiert un peu plus de travail l’été, “mais quand tu déroules le foin l’hiver et que tu vois comment les vaches se régalent, tu comprends pourquoi tu travailles”, affiche l’agriculteur. 

(1) Gaec à deux associés, installés sur 110 ha de prairies valorisées par une cinquantaine de vaches laitières pour 280 000 litres de production.
(2) Auxquels s’ajoutent 10 000 € pour le terrassement, la dalle et les installations électriques.

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