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Hôpital d’Aurillac : “Je n’ai pas pour habitude d’abandonner”

Attaquée sur les réseaux sociaux puis lors du conseil municipal d’Aurillac, la directrice réagit.

Une dame dans une pièce.
Christine Wilhelm, directrice du centre hospitalier Henri-Mondor d’Aurillac.
© J.-M. A.

Entre le post sur le blog de Médiapart le 8 juin et la session du conseil municipal  d’Aurillac le 19 juin, la coupe est pleine pour Christine Wilhelm, directrice du centre hospitalier Henri-Mondor d’Aurillac (CHHMA). À l’heure où la direction inaugurait un espace bien-être des personnels du CHHMA(1), répondre semblait inéluctable. Christine Wilhelm s’est dite surprise de l’intervention de “deux élus, deux anciens de l’hôpital ! Moi je subis aussi un immobilisme de 30 ans dans cet hôpital qu’on est en train d’essayer de restructurer pour rester à l’équilibre. Il y a beaucoup de choses à faire. D’autres hôpitaux s’y sont mis il y a 20 ans avec la tarification à l’activité, qui génère des recettes, en revoyant les organisations, en revoyant l’efficient... Ce travail-là n’a jamais été fait”.   

“On est obligé de redresser cet hôpital”

Arrivée en 2022, la directrice admet “bousculer un peu les choses, mais c’est pour le bien de l’hôpital. Les accusations d’autoritarisme, de harcèlement moral - c’est le juge qui décrète ça - ; s’attaquer à une personne sur une organisation, alors que je ne suis pas toute seule à gérer”, Christine Wilhelm ne l’accepte pas.
Et de préciser : “On est obligé de  redresser cet hôpital à cause du déficit(2). 

“Forcément, on bouscule les organisations. 

La résistance au changement au CH d’Aurillac est très importante et aujourd’hui, je me fais critiquer par deux personnes qui sont des anciens de l’hôpital et qui devraient peut-être s’interroger sur leurs pratiques anciennes ! Surtout une personne qui était présidente de la CME (commission médicale d’établissement).”
Quant au déficit de l’établissement qui se creuse, elle s’insurge : “Creuser un déficit, mais en faisant quoi ? Qu’on apporte des preuves ! Aujourd’hui, le déficit se creuse dans tous les hôpitaux puisque nos dépenses ne sont pas compensées par la tarification à l’activité. Et le président du conseil de surveillance (Pierre Mathonier) en a fait une analyse” en pointant “les politiques publiques. Il y a des mesures salariales mises en place suite au Covid (plans Ségur, Guérini, Braun...)  pour lesquelles nous ne sommes plus compensés”, ce qui était le cas jusqu’en 2023. Et c’est valable pour tous les hôpitaux.

“Ils n’assument pas !”

Pour ce qui est de l’audit sur les risques psycho-sociaux qui doit être rendu au 30 juin, “c’est pareil. J’ai vu des trucs sur les blogs où on dit tout et n’importe quoi. J’ai mis en place le règlement intérieur des Ressources humaines pour fixer, début d’année, le cadre réglementaire. Cela a fait un battage pas possible, une grève “significative” qui ne l’était pas puisqu’il il y avait 168 grévistes qui ont fait moins d’une heure de grève, dont les représentants syndicaux qui ne se sont pas mis en grève. Cela ne va pas impacter leur salaire”, précise-t-elle.
D’autant que sur ce règlement intérieur, “ils (les organisations syndicales) ont participé à sa rédaction tout le deuxième semestre 2024 et j’avais prévenu, “en 2025 ça sort”. C’est sorti et ils ont voté contre car ils n’assumaient pas”, indique-t-elle, comptes-rendus à l’appui visiblement. Selon elle, le contexte préélectoral syndical (fin 2026) contribue à cette mauvaise ambiance. “Si on veut abattre Wilhelm, je veux bien, mais il y aura quelqu’un d’autre derrière !”
“Comme je n’ai pas cédé sur le règlement intérieur et sur les aspects réglementaires”, ils ont fait valoir un “danger grave et imminent” pour les personnels, en “me disant qu’il y a des problèmes dans les services - 
ce que je ne nie pas, tout comme il y a beaucoup de conflits inter-services où on se tire dans les pattes les uns les autres -, mais aujourd’hui le rapport au travail est une question sociétale, ce n’est plus le même” et de compléter : “Les soignants font 12 heures, mais c’est leur choix car la plupart du temps, c’est attractif. Ils travaillent trois jours et le reste du temps ils sont libres.”

“Une mesure de rétorsion”

Christine Wilhelm a pris cet audit “comme une mesure de rétorsion” alors qu’elle estime ne “pas avoir rompu le dialogue syndical”, des syndicats “avec qui je n’ai jamais eu de problèmes”, même quand elle a travaillé dans des établissements difficiles. “Ici, avec la CFDT, aucun problème, avec l’Unsa aucun problème...”, et on devine que c’est plus compliqué avec la CGT et FO. Elle se dit très étonnée de voir des choses sortir dans les médias, d’être “jugée sur ma carrière ! J’invite les gens à aller travailler en Corse, en Guadeloupe et à tenir le cap”.
Touchée par ce qu’elle lit ou entend, Christine Wilhelm tempère “avec 40 ans d’expérience à l’hôpital. Mais de temps en temps, on a des doutes, qu’est-ce qu’on fait, on abandonne ? Moi je n’ai pas pour habitude d’abandonner. J’essaye de tenir le coup et puis on verra”. Dans l’attente de nouveaux éléments (conclusions de l’audit), la directrice va donc poursuivre sa route et partira “quand j’aurais envie, à moins que l’ARS me dise que je n’ai plus ma place ici”. Pour l’heure, “je suis détachée sur un emploi fonctionnel jusqu’en octobre 2026”.  

(1) Un projet qui date de deux ans et une date d’inauguration choisie voici plus de trois mois.
(2) 11 M€ pour 2024, prévisionnel de 14 M€ pour 2025.

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