Histoire d’une restauration : l’âme unique des burons
Après trois années d’études et de travaux, les quatre burons restaurés par Hautes Terres communauté invitent désormais à la découverte d’un patrimoine unique du Cantal.
Après trois années d’études et de travaux, les quatre burons restaurés par Hautes Terres communauté invitent désormais à la découverte d’un patrimoine unique du Cantal.

Inauguration en quatre temps
Samedi 12 juillet, se déroulait la quatrième et dernière inauguration des burons restaurés par Hautes Terres communauté. Il y avait eu la pluie pour celui de Salabert, à Albepierre, la chaleur en se “rapprochant du soleil” pour celui de Peyre Arse à Lavigerie, le soleil couchant pour celui de la montagne de Ségur-les-Villas, signe que chaque “buron à sa patte et son atmosphère”, rappelait Romain Hélart, sous-préfet de Saint-Flour et fidèle de cette renaissance d’un symbole de l’identité cantalienne. Cette fois, sur le Cézallier, il s’agissait d’un ciel d’orage offrant à 1 346 mètres au buron du Caire, sur les hauteurs de Vèze, d’admirer au loin la colère du ciel. Les quelques gouttes d’eau n’auront pas perturbé, sur place, le temps inaugural porté par la présence de nombreuses personnes invitées à partager ce moment.
Derniers témoins
C’est un des projets phares de la communauté de communes de donner à voir et à comprendre ce qui fut durant plusieurs siècles un socle de l’économie des montagnes de Haute-Auvergne, à savoir la fabrication du fromage dans ces bâtisses d’altitude. Il en existait plus de 1 000 éparpillés sur le plateau de l’Aubrac, les monts du Cantal et le Cézallier, ces terres d’estives. Combien ont échappé à la ruine laissant à peine une empreinte visible de leur architecture et du labeur des hommes ? Un... encore en activité, quelques-uns à vocation touristique et guère plus devenus des résidences secondaires. Cela ne fait pas le compte malgré toute la volonté de l’Association de défense des burons depuis plus de 30 ans. Alors, l’opération menée par Hautes Terres communauté est la plus importante à partir d’un projet public, soulignait Bruno Faure, président du conseil départemental du Cantal qui a participé au financement. Il était peut-être temps, tant les burons sont emblématiques du Cantal, de son agriculture, de ses paysages, de son identité paysanne, de son patrimoine bâti et humain. “Un patrimoine commun en partage et à valoriser, chacun peut se reconnaître dans cette identité”, remarquait Stéphane Sautarel.
Quatre burons, quatre époques
Un patrimoine commun en partage et à valoriser"
Le buron du Caire figure la dernière période des burons, celle du début du XIXe siècle comme le rappelait Aurélie Bresson, maire de Vèze, avec le bédelat, la grange, la pièce de vie et de travail, la cave et, fait d’un luxe naissant, une chambre pour l’équipe des buronniers. “Nous sommes contents d’avoir participé à cette restauration, d’avoir mis en avant notre savoir-faire”, avoue la famille Salvi. Cette entreprise de maçonnerie a récupéré des dalles de pierre dans la région clermontoise pour les poser dans la pièce de vie. Reconnaissante, elle a offert une fourme de cantal taillée dans la pierre qui restera liée au buron du Caire.
Inventer demain
Associé à un élément naturel, en l’occurrence celui de l’eau, le buron du Caire sera ouvert au public tel un “repère” dans l’histoire. Il sera bien davantage en devenant un lieu de transmission comme le souhaite Didier Achalme, président de Hautes Terres communauté, mais également un lieu culturel. D’ailleurs ,il accueille pour cet été la cinquième édition de Vèze Art. Plusieurs artistes, anciens participants de l’événement, ont été conviés à s’exprimer sur le Cézallier et à exposer leurs œuvres. “C’est ainsi ancrer cette histoire dans l’avenir”, confiait le sénateur Bernard Delcros. Si l’initiative de restauration de ces burons relève d’une dimension collective bien au-delà des limites de Hautes Terres communauté, elle constitue une aubaine pour les communes. Il s’agit d’édifices propriétés communales. “Nous n’avions pas un tel projet inscrit dans notre mandat, alors la proposition de la communauté de communes est une opportunité pour nous de valoriser notre patrimoine, expliquait Aurélie Bresson. Nous pouvons nous en féliciter car seuls, nous n’aurions pu parvenir à un tel résultat.”
Sur les traces des burons
Réalisé en moins de trois ans, le projet “Repaires, sur les traces des burons, repose sur une détermination partagée”, selon le président de Hautes Terres communauté. Les quatre burons ont été choisis pour leur intérêt historique. Ils racontent certes l’histoire de la fabrication du fromage en montagne pendant la belle saison mais, ils dévoilent aussi et surtout l’évolution architecturale au cours des trois derniers siècles. Repères des hommes et des bêtes, ils sont des repères de l’identité des montagnes du Cantal.
Passé, avenir
Ouvert à tous, ils sont autant d’invitation à une pause, une randonnée, et de multiples découvertes au-delà de leurs murs épais, de leur voûte en encorbellement, en berceau. Chacun, complété de burons en ruines laissés en l’état, est relié à un élément pour comprendre son environnement : l’eau, le ciel, le volcan, la terre, l’artisan. Boussoles, signalétiques, mobiliers les agrémentent dans la volonté de faire de ses pièces patrimoniales des lieux de rencontres, et de joindre le passé à l’avenir.
L’opération de 1,421 M€ a été cofinancée par le fonds européen (Feader) pour 504 000 €, l’État (Dsil), pour 296 000 €, le Conseil départemental pour 150 000 €, la Fondation Crédit Agricole pour 40 000 €, la Fondation du patrimoine “Mission Bern” pour 160 000 €, le fonds de concours de Hautes Terres communauté pour 135 900 €, l’autofinancement des quatre communes pour 135 900 €.