GEPVA : développer la commercialisation dans les circuits courts plus rémunérateurs
Si l'activité du GEPVA poursuit sa lente érosion en 2009, la coopérative a réussi à maintenir son chiffre d'affaires. La stratégie de commercialisation dans les circuits courts à payé. Le Groupement tenait son assemblée générale dans les locaux de Codelia, le 31 mai dernier.

Le 31 mai, le GEPVA (Groupement des Eleveurs de Porcs Velay-Auvergne) a dressé le bilan de l’activité de l’exercice 2009, une année marquée une fois de plus par une baisse de l’activité de la coopérative.
En 2009, le GEPVA a commercialisé 34 749 porcs contre 39 676 en 2008. Son président, Dominique Chalendard, explique cette baisse de volumes par des cessations d’activité : «Il s’agit de départs en retraite non remplacés ou d’arrêts de la production porcine en raison de son manque de rentabilité récurrent depuis 2001» explique-t-il.
Malgré la baisse des volumes commercialisés, le chiffre d’affaires de la coopérative se maintient (-1 % par rapport à celui de 2008) et ce grâce à une meilleure valorisation des animaux, en particulier des porcelets. L’amélioration de la conjoncture porcine et les choix de commercialisation du GEPVA expliquent cette évolution favorable. Une proportion de plus en plus grande de porcelets et de porcs charcutiers collectés par le groupement auprès de ses adhérents est écoulée dans les circuits courts plus rémunérateurs (Haute-Loire et départements limitrophes). «Ce positionnement sur les circuits courts a été un choix judicieux puisqu’il nous a permis de compenser la baisse d’activité de notre coopérative» a déclaré Dominique Chalendard qui confiait un peu plus tard sa volonté de poursuivre le développement de ce type de débouché.
Le danger de l’effritement de la production
La baisse régulière de l’activité du GEPVA, qui se poursuit depuis quelques années, a été longuement évoquée dans le cadre des discussions avec la salle.
Pour les responsables de la coopérative, «il n’y a rien d’alarmant sur le court terme. En revanche, c’est plus inquiétant sur le long terme. A force de voir disparaître les élevages de porcs, j’ai peur que l’on n’ait plus assez d’activité pour maintenir une filière» a signalé le président. «Demain, nous ne pourrons pas commercialiser 100 % de notre production dans les circuits courts. Nous aurons encore besoin des intégrateurs pour écouler nos porcs. Or, il faudra suffisamment de porcs pour que les camions des intégrateurs se déplacent. L’effritement de l’activité du GEPVA est donc dangereux pour la structure comme pour la filière».
Bernard Meyronneinc, chef du service économie agricole à la DDT de Haute-Loire, a soulevé la question des possibilités d’échanges avec les autres groupements de porcs qui interviennent dans le département. «Nous avons rencontré 3 structures et nos fonctionnements s’avèrent très différents» a indiqué Michel Monchalin, technico-commercial du GEPVA. Dominique Chalendard ajoute : «Les autres groupements ont de gros volumes et ne commercialisent que du porc charcutier alors que pour nous l’essentiel c’est du porcelet. Des contacts ont été pris avec eux. Si aucune complémentarité commerciale n’a été trouvée, par contre nous envisageons de travailler dans le sens du partage de moyens humains au travers de conventions».
Les cours s’améliorent mais l’investissement n’est toujours pas possible
Côté conjoncture, les cours du porc semblent davantage favorables. Les cours actuels génèrent un équilibre sur les exploitations mais ne permettent toujours pas d’investir. Or, cette absence d’investissement devient «trop long» pour reprendre les termes de Philippe Brusc, secrétaire du GEPVA. Les éleveurs, qui devront de surcroît faire face à la mise aux normes de leurs élevages en 2012, attendent le retour d’une rentabilité satisfaisante qui leur permettrait d’investir dans leur production. Dominique Chalendard reste cependant persuadé que le porc gardera sa place sur les exploitations : «désormais les prix de toutes les productions vont fluctuer. Le porc retrouvera certainement sa place dans les exploitations».
«Notre production souffre d’une distortion de concurrence
entre bassins de production européens»
Bernard Lépinay, directeur de l’Union Régionale Porcine Auvergne-Limousin, a fait le point sur l’évolution de la production porcine française et européenne.
«Si en France, la production porcine est globalement restée stable depuis 10 ans. En Allemagne, la production s’est beaucoup développée avec 7 millions de cochons supplémentaires depuis 2000. Les producteurs de porcs allemands sont aujourd’hui capables d’investir dans leur outil de production et de prendre des parts de marché.
Cela fait quelques années que l’on dénonce cette concurrence déloyale entre la France et l’Allemagne. Mais jusqu’à présent, aucun responsable politique n’a bougé sur ce sujet».
D’après Bernard Lépinay, cette distortion de concurrence est liée à plusieurs facteurs tels que les niveaux de rémunérations extrêmement bas de la main d’oeuvre dans l’industrie de la viande en Allemagne (les salariés provenant des pays de l’Est sont rémunérés aux tarifs en vigueur dans leur propre pays).
L’Allemagne travaille en étroite collaboration avec deux gros exportateurs de porcs, les Pays-Bas et le Danemark ; ces deux pays concentrent de grosses maternités (de 800 à 1 500 truies) dotées des dernières technologies permettant de réduire le temps de travail de l’éleveur et qui, de surcroît, ont réussi à se mettre aux normes. Les porcs sont ensuite engraissés et abattus en Allemagne.
Résultat : les allemands sont capables de produire du cochon moins cher que nous.
En France, on commence à observer une prise de conscience des politiques sur cette distortion de concurrence. Des évolutions sont à attendre dans ce domaine.