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France-Maroc : sur le terrain agricole ça matche

À l’occasion du salon agricole de Meknès organisé dernièrement au Maroc, plusieurs filières françaises dont l’élevage ovin et caprin, ont signé des protocoles d’accords. 

Une délégation régionale conduite par Philippe Meunier (au micro), vice-président de la Région Auvergne-Rhpone, délégué aux relations internationales, s’est rendue au Maroc, au salon agricole de Meknès.
Une délégation régionale conduite par Philippe Meunier (au micro), vice-président de la Région Auvergne-Rhpone, délégué aux relations internationales, s’est rendue au Maroc, du 22 au 24 avril 2024.
© CR Aura

D’abord, un peu d’histoire s’impose. Avec l’Algérie française (1830-1962) et le protectorat français de Tunisie, le Maroc faisait partie de ce que l’on avait coutume d’appeler : l’Afrique française du Nord. Sous protectorat français depuis 1912 jusqu’à son indépendance en 1955, le Maroc a toujours entretenu avec la France une relation particulière au-delà du sang et des larmes versés au nom de la colonisation. Et c’est grâce à l’agriculture que les deux pays ont bâti un pilier solide de leur coopération.

Des échanges réciproques entre la France et le Maroc

Entre le Maroc et France, la coopération agricole ne date donc pas d’hier. Elle s'est intensifiée avec le temps et fonctionne dans les deux sens. Selon les chiffres officiels, le Maroc exporte pas moins de 23 % de son agroalimentaire vers le marché français. Entre 2018 et 2022, ces exportations atteignaient 1,2 milliard, uniquement pour les fruits et baies (mandarines, melons, avocats…). La France, quant à elle, a acheminé près de 2,7 millions d'euros de légumes, plantes, racines et tubercules alimentaires vers le Maroc, tandis que ces chiffres étaient de plus de 812 000 euros sur la seule année 2023. Fin avril, en marge du Salon international de l'agriculture du Maroc (SIAM), le plus grand salon du genre organisé sur le territoire africain Rabat et Paris ont renouvelé leur partenariat à travers une nouvelle feuille de route et des accords entre professionnels français et marocains. Parmi les 1 500 exposants du salon, 10 % étaient français, dont nombres issus de la région Auvergne Rhône-Alpes¹. L’occasion pour eux de renforcer les liens entre leurs pays sous l’égide des ministres de l’Agriculture français et marocain. Huit accords ont été signés concernant notamment les semences, la viande, le lait, les petits ruminants et les oléagineux. Ainsi, l’interprofession bovine française Interbev et Maroc Lait se sont engagés dans un accord-cadre de partenariat afin de sécuriser, en volume et en qualité, les approvisionnements du Royaume en génisses laitières, dont la France est l’un des principaux fournisseurs. Objectif : soutenir la reconstitution locale du cheptel marocain.

Gestion des périodes sèches : apprendre des marocains

Signée lors du salon international de l’agriculture de Paris en février dernier, la déclaration d’intention entre Races Ovines des Massifs Sélection (Rom Sélection), la Chambre régionale d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes et l’association nationale ovine et caprine du Maroc (ANOC) a été formalisée par un protocole d’accord à Meknès. Cet accord porte essentiellement sur de l’ingénierie, à savoir « un apport de savoir-faire en matière d’organisation des outils de sélection, de l’identification, d’actualisation des programmes d’amélioration génétique du côté de Rom Sélection. Côté éleveurs français, nous sommes curieux des stratégies mises en place par les éleveurs marocains pour s’adapter au changement climatique. C’est en cela que l’accord relève de la réciprocité. En effet, le Maroc ce n’est pas que le désert, et le pays est confronté depuis plusieurs années déjà à des problèmes de sécheresse. Nous avons beaucoup à apprendre d’eux », résume François Tahon, responsable du développement international chez Rom Sélection. L’ANOC encadre un réseau de plus de 15 000 éleveurs organisés en 169 groupements répartis sur cinq secteurs ayant une forte activité ovine et caprine. L’alimentation des animaux est basée en grande partie sur les ressources pastorales. Les éleveurs sont adeptes des races de moutons à queue grasse comme le mouton de Karakul car elles traversent les périodes difficiles en stockant de la graisse… dans sa queue. L’accord prévoit également l’accompagnement pour produire et valoriser le lait de chèvre de la région de Chefchaouen, ainsi que la structuration de l’Institut de formation des métiers de l’élevage et de l’ANOC. Sur ces deux axes, la Chambre régionale d’agriculture sera pleinement mobilisée.

 

¹ Auvergne Rhône-Alpes entretient aussi des liens étroits de coopération avec la Région Rabat-Salé-Kénitra. Les deux Régions sont membres fondateurs de l’Association internationale des Régions francophones (AIRF), actuellement présidée par Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne Rhône-Alpes, dont toutes les Régions marocaines sont membres.

 

Oléagineux : un centre régional en construction 

Au niveau institutionnel, France et Maroc ont convenu d'un projet de centre technique régional dédié à l'oléagineux au Maroc et des accords interuniversitaires pour promouvoir la recherche et l'enseignement notamment entre l'institut agronomique et vétérinaire Hassan II et l'institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement de France. Cette nouvelle coopération sera financièrement soutenue par deux accords de crédit de 72,1 millions d'euros signés entre le Crédit Agricole et l'Agence française de développement (AFD).

 

 

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