CÉRÉALES
Forte pression des maladies et durcissement des seuils limites de mycotoxine
Malgré une climatologie à haut risque ce printemps, l'équipe agronomie de la Chambre d'agriculture estime que les températures fraîches ont limité la contamination des épis par la fusariose, mais la pression des maladies du feuillage reste très élevée.
Malgré une climatologie à haut risque ce printemps, l'équipe agronomie de la Chambre d'agriculture estime que les températures fraîches ont limité la contamination des épis par la fusariose, mais la pression des maladies du feuillage reste très élevée.
Le déoxynivalenol ou "DON" est contenu dans les épis de blé touchés par la fusariose. Consommé en trop grande quantité, cette mycotoxine peut avoir un impact néfaste sur la santé animale et humaine, allant des « troubles gastro-intestinaux et rénaux à un déficit immunitaire ou un cancer », détaille l'Efsa (autorité européenne de sécurité des aliments). Le règlement Européen a réévalué à la baisse la teneur maximale autorisée en alimentation humaine. Dans le cas du blé tendre, elle est passée de 1 500 à 1 250 microgrammes de DON par kilo et de 1 750 à 1 500 pour le blé dur. Dès le 1er juillet, tous les grains et coproduits céréaliers qui dépasseront ces valeurs seront déclassés.
Dans le cas du blé tendre, la teneur maximale autorisée est passée de 1 500 à 1 250 microgrammes de DON/kg et de 1 750 à 1 500 pour le blé dur.
Problème : cette année, les conditions météorologiques printanières ont été particulièrement propices au développement de maladies fongiques sur les céréales, et risque d'induire des pertes de rendements et déclassements plus importants que d'habitude.
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Phase d'observation
Concernant la gestion des maladies sur céréales, « nous avons achevé les interventions dans l'ensemble des cultures il y a environ un mois » rapporte Frédéric Moigny, responsable de l'équipe agronomie de la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme. « Actuellement, l'orge entre en phase de sénescence, et le colza arrive en fin de cycle. La problématique des maladies concerne donc principalement le blé ».
« Nous commençons à relever quelques traces d'attaques de fusariose sur les épis, mais rien d'alarmant pour le moment. La vigilance reste toutefois de mise au vu des nouveaux seuils limites imposés par l'Europe. »
Après avoir traité les feuillages aux alentours du 10 mai, la protection des épis contre les attaques de fusarioses s'est déroulée fin mai, pour limiter le risque d'infection et la problématique des DON. Désormais, « nous sommes entrés dans une phase d'essais et de suivis » relate le conseiller. « Nous commençons à relever quelques traces d'attaques de fusariose sur les épis, mais rien d'alarmant pour le moment. La vigilance reste toutefois de mise au vu des nouveaux seuils limites imposés par l'Europe. » À ce stade, « nous n'avons aucune visibilité sur le risque de déclassement. »
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Hauts risques climatiques et maladies du feuillage
« [La] pression sur les maladies du feuillage qui n'avait pas été aussi élevée depuis 20 ans »
Malgré un risque climatique « fort à très fort sur l'ensemble du secteur Limagne », avec plus de 40 mm de pluie tombés au moment de l’épiaison-floraison, équivalent à un risque de niveau 3 selon la grille Arvalis, l'apparition de fusarioses des épis pourrait avoir été freinée par des températures légèrement en dessous des 20 à 23°C requis pour leur développement. « Cela devrait limiter la contamination, mais on ne parle que de 2°C de différence » souligne Fédéric Moigny, qui se dit « peu serein face à une climatologie estimée à haut risque » et « une pression sur les maladies du feuillage qui n'avait pas été aussi élevée depuis 20 ans ».
La prophylaxie, indispensable pour prévenir les maladies
« Les variétés résistantes sont particulièrement indiquées lorsqu'elles sont implantées sur un précédant maïs ou un sol non labouré, deux facteurs qui augmentent le risque de fusarioses ».
Les traitements phytosanitaires utilisés pour prévenir l'apparition de fusarioses et autres maladies du feuillage n'étant pas efficaces à 100%, les agronomes de la Chambre travaillent à confirmer la tolérance aux maladies de certaines variétés. Pour le moment, les essais indiquent une grande différence entre les variétés sensibles et les variétés résistantes. « Les variétés résistantes sont particulièrement indiquées lorsqu'elles sont implantées sur un précédant maïs ou un sol non labouré, deux facteurs qui augmentent le risque de fusarioses ». Concernant la teneur des grains en mycotoxines DON, « nous n'aurons les résultats qu'au moment de la récolte ».
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